N° 180, avril 2006

5 Editorial 4 Les Grosses Têtes de Tahiti 6 Courrier des lecteurs 7 Analyse de l'actualité 8 Visite du ministre Baroin 9 Confidences 10 Les déclarations indépendantistes d'Oscar Temaru 12 Humour 13 Baromètre 15 Petite histoire du pareu 20 Chambre des comptes - Régnault 21 Simone Grand 22 Loi de Pays = usine à gaz ? 24 Les services secrets de la présidence Flosse. 26 Les poubelles de l'armée à Hao 30 Règlement de comptes avec Hersant 32 Les bronzes de Gauguin 33 Le Fiu de Beslu 34 Encore du courrier 35 Triste fin de rêve 36 Etrange message... 37 Fausses statues de Rapa Nui 38 Jean Bréaud 39 Publications 43 Nouvelle : "La mort du hibou" 48 Evénements du Pacifique en mars 2006 49 Les événements de Tahiti en mars 2006 50 Balises des îles

15 - La vie en pareu, symbole de Tahiti 26 - L'armée a laissé à Hao des tonnes de "souvenirs" , des villes entières en ruine.

---

HUMOUR

Ainsi nous célébrons le 15ème anniversaire de Tahiti-Pacifique Magazine (TPM), ce qui est une belle occasion pour faire un bilan et expliquer certaines choses. Ces 15 années passées nous ont permis d'être les témoins de la transformation de la société tahitienne et du commencement de grands bouleversements à venir car, cela semble certain, nous sommes présentement dans une phase de transition.

Le système actuel, mis en place aussi bien par Papeete que Paris, est une économie presque uniquement basée sur le transferts de fonds publics depuis la métropole vers l'Administration du Territoire. L'injection de sommes considérables ont permis de créer une nouvelle classe moyenne éduquée, laquelle devait être la base d'une économie saine, moderne et compétitive. Malheureusement, les corporatismes, le système des privilèges, les monopoles de fait et les interférences clientélistes politiques continuelles ont rendu notre économie totalement assistée et dépendante de subsides généralement payés par la France. Pas bête du tout, la quasi totalité de la nouvelle génération éduquée a bien compris que les dés sont désormais pipés dans le secteur privé. On comprend pourquoi elle a préféré choisir le cocon douillet et sans risque de la fonction publique surrémunérée, nirvana dans nos îles. En effet, pourquoi lancer des idées, prendre des risques et se démener pour créer une entreprise lorsqu'on sait par avance que si celle-ci réussit, les politiciens du "péi" vont non seulement vouloir contrôler la nouvelle industrie (voyez la perle, la pêche, la vanille), mais peut-être même monter des sociétés concurrentes (voyez TNTV, Air Tahiti Nui, le téléphone mobile, la pêche, la vente d'électronique, les grands travaux, l'agence de presse, maintenant la croisière, etc.) que vous devrez par la suite financer à travers vos impôts. Ainsi nos jeunes diplômés, qui ne sont pas suicidaires, préfèrent entrer dans la "caste" de la fonction publique si choyée, si protégée avec ses plans de carrières… et si inefficace.

Hélas, la transformation de la société de Tahiti a aussi eu un prix social. Comme nous le redoutions, pour des raisons de cupidité et de fainéantise intellectuelle, on s'est limité à calquer le système d'un pays industrialisé d'une autre culture et d'un autre climat qui, depuis longtemps, a apporté la preuve qu'il ne mène ni au bonheur, ni à une société harmonieuse. Le résultat a été que la population polynésienne, celle qui est restée plus ou moins authentique, a été marginalisée, prolétarisée, ce qui lui a fait ressentir une perte de dignité si importante pour elle. La réaction a été notée lors des dernières élections, en réalité un acte de rejet du "système importé" qui place beaucoup de jeunes Tahitiens au statut de « non intégrés » qu'ont certains immigrants en France. Avant de commencer à trouver et appliquer un remède à ce grave schisme dans notre société qui, hélas, commence à prendre une tournure ethnique, il faudra d'abord trouver des leaders responsables, sérieux qui non seulement comprennent et mesurent l'ampleur du problème, mais aussi qui portent en eux comme véritable priorité le bien-être de tous les habitants du "péi", et non de la quête du pouvoir pour flatter l'ego ou l'enrichissement personnel.

Mais revenons aux 15 années du magazine et parlons des progrès de la technologie dont nous avons profité. Né avec et grâce à l'introduction du micro ordinateur qui rendait possible la publication à petits frais, nous avons commencé par le stade des « photos typons » (avec un substitut de chambre noire où nous ne pouvions développer les films que pendant les nuits sans lune !) en passant par la photo gravure des négatifs pour enfin arriver à la photo numérique. Voilà bien une révolution technologique et écologique majeure qui a nettoyé de la planète des produits chimiques des développeurs et des acides des fixateurs ! En même temps, nous sommes passés du fax à Internet (en 1995), ce qui nous a permis de constituer une grande bibliothèque sur ce qui a été publié sur nos îles, puis est venu l'ADSL (en 2005 à Moorea) qui fait que désormais nous ne sommes plus vraiment sur une île, car le monde entier nous est à présent instantanément accessible et à un coût abordable. Mais encore, dorénavant grâce au grand effort de notre fidèle imprimeur (et la concurrence introduite par l'économie mondiale), nous pouvons enfin proposer à nos lecteurs un magazine tout en couleur, ce qui ouvre bien des nouvelles perspectives comme nos futures éditions le montreront.

Ne nous trompons pas, et il faut le dire : comme tout autre organe de presse, la richesse de TPM vient uniquement des hommes et des dames, ce réseau d'amis et de contributeurs fidèles et passionnés, qui depuis 15 années ont apporté leur savoir, leur expertise et leurs idées originales pour les partager avec nos lecteurs. C'est certain, ils ont ainsi influé sur le cours de l'histoire de Tahiti des 10 dernières années. Qu'ils soient tous ici vivement et chaleureusement remerciés pour leur courage, leurs analyses, leur confiance et leur opiniâtreté.

N'oublions surtout pas nos annonceurs, si courageux pendant la longue époque où placer des publicités dans nos pages signifiait subir les foudres des mercenaires du pouvoir politique en place, eux qui nous ont fait confiance en comprenant la qualité de notre lectorat et l'utilité de notre magazine.

Enfin, le plus important, bien sûr, nous tenons à chaleureusement remercier tous nos nombreux lecteurs (qui ont doublé ces cinq dernières années), à Tahiti comme ailleurs, ceux qui depuis 15 ans ont voté chaque mois pour TPM en allant l'acheter, ou chaque année en se réabonnant (97% en moyenne). En fait ils sont les vrais patrons de ce magazine car sans leur fidélité et leur intérêt, nous aurions comme tant d'autres journaux de Tahiti sombré depuis longtemps. Nos lecteurs remarqueront que le coût de l'abonnement n'a pas varié depuis 15 ans et que le prix de TPM en kiosque n'a subi que l'augmentation due à la TVA en juin 1998. L'envol du nombre des ventes et un souci permanent de qualité-prix expliquent cette rigueur.

Nous voilà donc prêts à démarrer 15 années de plus, en forme et plein de couleurs, avec un seul but : satisfaire nos lecteurs en leur apportant des sujets intéressants, si possible passionnants afin que chaque lecture de notre magazine soit un moment agréable d'information et de distraction.

Merci, merci encore une fois à vous tous pour votre fidélité.  

Evénements à Tahiti et ses îles

Mercredi 1er mars

- Les plongeurs du Groupe de Recherche en Archéologie Navale découvrent des centaines d'ancres polynésiennes à Hiva Oa (Marquises).

- Présentation du nouveau calendrier scolaire de P.F. applicable dès la rentrée prochaine et valable pour quatre ans.

- Ouverture officielle de la piste d'aviation de Rimatara, aux Australes.

Jeudi 2 mars

- Négociations entre syndicats, patronats et gouvernement sur de la réforme "Te Autaeaeraa".

- Le syndicat pour la promotion des communes (SPCPF) réclame "une compensation intégrale" pour financer la prime à l'emploi de 6000 Fcfp.

- Un enfant de quatre ans se noie à l'hôtel Radisson de Tahiti.

- Parea Moeino remporte la 18ème édition du Tahiti Billfish International Tournament.

Vendredi 3 mars

- L'assemblée de PF modifie le budget 2006 de P.F. pour pallier le déficit de 2 milliards Fcfp.

- Présentation à l'assemblée de P.F. du rapport de la Chambre des comptes sur sa gestion depuis 1996.

- L'association "Taravao Nui Ma" bloque le Centre d'enfouissement de Paihoro à la Presqu'île.

- Départ de 100 élèves de Tahiti pour les îles Cook afin de suivre les traces de Tauaea Raioaoa (Tavae), pêcheur tahitien qui était à la dérive pendant plus de 118 jours en 2002.

Samedi 4 mars

- Incendie grave à la centrale électrique de Papeete. EDT annonce des restrictions pour la fourniture d'électricité sur Tahiti.

- 120 participant pour la journée du Championnat de Tahiti des sports traditionnels à Mahina.

- Oscar Temaru pose la première pierre du musée consacré à Tavae à Aitutaki (îles Cook).

- Oscar TEMARU réaffirme dans un article du journal "Cook islands Herald" qu'il souhaite désormais être appelé "président de Tahiti Nui".

Dimanche 5 mars

- Célébration de l'arrivée de l'Evangile en 1797 à Tahiti.

- Le groupe de reggae britannique UB40 en concert à To'ata, Papeete.

Mardi 7 mars

- L'IEOM (Institut d'émission d'Outre-mer) présente son rapport 2005 qui fait état d'un recul des investissements publics.

- Le ministère de la Santé annonce vouloir interdire l'herbicide "Paraquat" ("Gramoxone") en P.F.

- La SEP (Société environnement polynésien) dépose référé au tribunal de première instance de Papeete afin de débloquer le CET de Paihoro.

- Laurent Gerra, humoriste français, présente son spectacle à la Maison de la Culture à Papeete.

- Un marlin de 520 kg est capturé par Jean-Paul Mo Tam Poo, pêcheur de Faa'a.

- Claude Periou est nommé président du Conseil d'administration de la banque Socredo.

Mercredi 8 mars

- Le président TEMARU assiste à Hollywood à la convention de la société Morinda. Il y déclare que "la vente du Noni pourrait permettre à Tahiti Nui de gagner son indépendance".

- L'entrée du CET de Paihoro est débloquée.

Jeudi 9 mars

- L'Assemblée de la P.F. débat sur le rapport de la CTC sur la gestion de la Présidence de P.F. de 1991 à 2004.

Vendredi 10 mars

- De retour de Paris, le ministre de l'Education Jean-Marius Raapoto annonce des dotations plus faible que prévues (7 M¤ au lieu de 16,4 M¤).

- Les partis autonomistes Tahoera'a et Rautahi de (BOUISSOU) critiquent les déclarations indépendantistes du président de P.F. Oscar TEMARU.

Samedi 11 mars

- Présentation du premier "Guide de la petite hôtellerie familiale en Polynésie française".

- Création de l'association Tamarii Moruroa pour contrer Moruroa o tatou.

Dimanche 12 mars

- Le haut-commissaire Anne Boquet réagit aux déclarations indépendantistes du président TEMARU aux Etat-Unis et aux îles Cook.

- Le parti No Oe e Te Nunaa critique les déclarations indépendantistes du président TEMARU.

- Deuxième tour des élections municipales à Tumaraa (Raiatea). Le maire sortant, Cyril Tetuanui, gagne 11 sièges sur 23.

- L'équipe de JL de Bora Bora remporte le Raiatea international Billfish Tournament 2006.

Lundi 13 mars

- En réponse au haut-commissaire, le président Temaru répond « le soir je fais ce que je veux. »

- Le Service de l'emploi de la formation et de l'insertion professionnelle (SEFI) ouvre une antenne à la Presqu'île de Tahiti.

- Le ministère de l'Emploi annonce une réduction d'impôts et une aide financière pour les entreprises qui embauchent de nouveaux salariés en CDI.

- Le Fetia Api se réjouit du rappel à l'ordre adressé par Anne Boquet au président Oscar Temaru.

- L'équipage du bateau "IDT" remporte la Tahiti Pearl Regatta en monocoque et l'"Octopus" en multicoque.

Mardi 14 mars

- La Chambre territoriale des Comptes accepte le nouveau budget 2006 de la P.F. modifié.

Mercredi 15 mars

- Le Bishop Museum de Hawaii et le président de la Polynésie Oscar Temaru signent une convention pour une collaboration scientifique.

Jeudi 16 mars

- Inauguration du premier refuge municipal pour chiens errants de P.F. dans la vallée de Titioro.

- Le Tahoera'a invite les autonomistes de P.F. à constituer un "bloc pour préserver l'avenir"contre la logique indépendantiste du président TEMARU.

-Départ d'Oscar TEMARU pour la Nouvelle-Zélande.

Vendredi 17 mars

- Élection du maire de Tumaraa à Raiatea : Justine Teura (UPLD) est la nouvelle mairesse.

- Le navire école péruvien "Mollendo" en escale à Tahiti.

Samedi 18 mars

- Oscar TEMARU est reçu par la reine maorie Dame Te Atairangikaahu en Nlle-Zélande.

- Vetea David (surf) et Nicolas Richard (body-board) vainqueurs du Hui Maohi International Reef Contest.

Lundi 20 mars

- Ouverture d'un centre administratif à Atuona, Hiva-Oa, aux Marquises.

- Début de la "Conférence d'archipel" des Australes.

Mardi 21 mars

- Associated Press révèle que « Les agences de renseignement américaines ont surveillé dès 1946 le programme d'armement nucléaire français, recourant à des espions et à des informateurs, mais aussi à des navires, des avions de reconnaissance U-2, des satellites et des écoutes de l'Agence nationale de sécurité (NSA) ».

- Trois représentants non-inscrits de l'Assemblée de P.F. signent "un protocole d'accord" avec Emile Vernaudon.

Mercredi 22 mars

- Le conseil des ministres décide la création d'une société d'économie mixte afin "d'assurer la pérennité de l'exploitation des navires de croisières".

Jeudi 23 mars

- Le conseil d'administration du régime des non-salariés (RNS) de la Caisse de prévoyance sociale (CPS) demande aux professionnels de santé conventionnés d'abandonner le régime de cotisations "dérogatoire" dont ils bénéficient (1% de cotisations mensuelles au lieu de 7,5% ).

- L'Institut statistique de PF. annonce 256 200 habitants en P.F. au 1er janvier 2006.

- A la Conférence des archipels à Tubuai, Oscar Temaru déclare qu'il faut « faire un Etat fédéré des Australes pour que nous soyons enfin libres ». Le Haut-commissaire réagit à ces propos et précise que "l'indépendance n'est pas à l'ordre du jour".

Vendredi 24 mars

- Les partis autonomistes No Oe e Te Nuna'a , Tahoera'a Huiraatira et Rautahi réagissent aux déclarations indépendantistes d'Oscar TEMARU.

-L'équipe de piroguiers de Tahiti remporte les Championnats du monde de vitesse 2006 organisés en Nouvelle-Zélande.

- Sabordage de l'ancienne goélette Kia ora.

Samedi 25 mars

- Cinq magasins sont détruits par un incendie à Uturoa, Raiatea.

Dimanche 26 mars

- Le thonier "Moorea Rava'ai 4" s'échoue sur le récif de Arue à Tahiti.

Lundi 27 mars

- Ouverture des "Etats généraux de la naissance" de P.F.

- Le parti ADN dépose une demande de suppression de la prime majoritaire dans le statut.

Mardi 28 mars

- Heiarii TEIHOARII remporte le concours du meilleur barman de P.F.

- Cathy BUILLARD démissionne du Ai'a Api de Emile Vernaudon et rejoint l'UPLD.

Mercredi 29 mars

- Le Conseil d'Etat valide le règlement intérieur de l'Assemblée de P.F. mais l'utilisation d'une autre langue que le français dans les débats est désormais interdite.

- La propriété de Flosse, à Huahine est adjugée pour 180 millions Fcfp à des amis de M. FLOSSE.

- Lydia Nouveau est nommée directrice générale de l'Office des postes et télécommunications..

- Hiro Tefaarere démissionne de son poste de ministre.

- Oscar Temaru déclare devant les stèles des guerres franco tahitiennes : « Je dis que ce pays c'est Tahiti Nui. Il est devenu français par le sang et par la loi du plus fort ».

Jeudi 30 mars

- Arrivée du ministre de l'Outre-mer, François Baroin pour sa première visite officielle en P.F. Lors d'un entretien, Oscar Temaru propose la mise en place des "Accords de Tahiti Nui", sur le modèle du processus néo-calédonien.

- Le gouvernement Temaru rend 500 hectares de terres aux descendants de deux familles de l'île de Rurutu, ainsi que 20 hectares à Faa'a.

 Poema

Evénements dans le Pacifique Sud

 Accord tripartite

Auckland, 2 mars - François Baroin, ministre français de l'Outre-mer, au cours d'un voyage officiel de deux jours en Australie, a signé avec Alexander Downer, ministre des Affaires étrangères et du Commerce, une déclaration tripartite (France, Australie et Nouvelle-Zélande) en matière de surveillance maritime et de lutte contre la pêche illicite dans le Pacifique Sud.

Même président fidjien

Suva, 8 mars - Le Grand Conseil des Chefs (GCC) des îles Fidji a reconduit mercredi pour un mandat de cinq ans Ratu Josefa Iloilo et Ratu Joni Madraiwiwi à leurs postes respectifs de président et vice-président de la République fidjienne.

Droits humains en Océanie ?

Washington, 9 mars - Le gouvernement américain, dans son dernier rapport annuel sur les droits humains dresse un bilan peu reluisant pour l'Océanie, évoquant des problèmes récurrents de troubles civils, de corruption et d'atteintes à certains droits fondamentaux. Pour Fidji, ce rapport pointe notamment du doigt les tensions ethniques entre Fidjiens indigènes et d'origine indienne qui ont continué d'influer, en 2005, la vie politique, sociale, voire religieuse de cet archipel. Washington évoque aussi de nombreux cas de corruption au sein du gouvernement, ainsi qu'une recrudescence du nombre de cas d'exploitation sexuelle des enfants. Pour Tonga, le rapport américain note que "bien que le gouvernement (royal) ait fait des progrès dans le domaine de la protection des droits humains, le bilan reste déficient", notamment "l'impossibilité pour les citoyens de changer leur gouvernement, le manque de réponse du gouvernement à des pétitions demandant un Parlement élu par le peuple, les restrictions à la liberté d'expression, (…) les avantages injustes accordés aux entreprises associées aux membres de la famille royale". En Papouasie-Nouvelle-Guinée, Washington dresse l'un des pires bilans de la région pour l'année 2005, avec des cas de personnes tuées arbitrairement, passées à tabac ou violées par la police, une corruption endémique au sein du gouvernement, ainsi que des guerres tribales incontrôlées par les forces de l'ordre.

Les vétérans de Bikini "bougent"

Honolulu, 9 mars - Les vétérans des essais nucléaires américains effectués sur l'atoll de Bikini ont indiqué leur intention d'entamer des poursuites judiciaires contre l'administration de Washington, afin d'obtenir de nouveaux dédommagements pour les maladies occasionnées par ces expériences militaires. Depuis 2004, le gouvernement des îles Marshall s'est heurté à un refus de la part du gouvernement américain. Les autorités de Majuro demandaient une rallonge de quelques trois milliards de dollars US au titre des dédommagements consécutifs aux 67 essais nucléaires américains sur les atolls de Bikini, Enewetak et Rongelap dans les années 1940 et 1950.

La mine de manganèse de Forari renaît

Port Vila, 10 mars - L'industrie du manganèse, sur le site de la mine de Forari (Nord de l'île principale), désaffectée au début des années 1980, est en train de renaître grâce à l'engagement d'une société américano-suisse, Vanuatu Project Management Limited, qui a décidé d'exploiter des milliers de tonnes de minerai extraits il y a une trentaine d'années, mais laissés sur place par la société de l'époque. Le gouvernement de Port-Vila recevra 2% des produits de la vente, 2% reviendront aux propriétaires coutumiers du site et 1% à la province de Shefa (où se trouve Forari). Cette mine appartenait auparavant à la compagnie française Montagnat de Nouvelle-Calédonie qui avait fermé au début des années 1980, juste après l'indépendance de cet ancien condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides. Au temps de sa splendeur, la mine de Forari comportait un quai en eaux profondes et la main-d'œuvre était alors essentiellement d'origine wallisienne, dont une importante communauté est restée établie dans un village non loin de là, le reste s'étant installé dans la capitale. L'érosion naturelle, la corrosion et les cyclones qui se sont succédés ces vingt dernières années ont réduit ce qui était une véritable ville minière à un amas de débris rouillés et largement inutilisables.

Un barrage cède à Hawaii

Honolulu, 14 mars - Le barrage de Kaloko, au Nord-Est de l'île de Kauai (Etat américain d'Hawaii), s'est brisé lâchant des centaines de millions de mètres cube d'eau et un torrent de boue qui a emporté des dizaines de maisons en contre-bas et fait, selon les premiers bilans, un mort et sept disparus.

Éruption dans les Kermadec

WELLINGTON, 18 mars - Les autorités néo-zélandaises sont toujours sans nouvelles d'un membre d'une équipe du service gouvernemental de la protection de l'environnement qui se trouvait sur l'île de Raoul (à environ mille kilomètres au Nord-Est d‚Auckland), où un volcan (dont le cratère forme un lac) est entré en phase intense d'éruption. L'éruption, extrêmement violente, a duré une dizaine de minutes (avec un pic d'une quarantaine de secondes) et a projeté des cendres acides et incandescentes, des scories et de la boue, le tout accompagné d'un long panache blanc de vapeur d'eau.

Séismes en série dans le Pacifique

Nouméa, 19 mars - Un séisme de magnitude 5.8 sur l'échelle ouverte de Richter s'est produit entre le Nord de l'archipel de Vanuatu et les îles Fidji. Une autre secousse de magnitude 5.4 s'est produite à environ 415 kilomètres à l'Est de la capitale Nouméa, au Sud-Est du groupe des îles Loyauté, entre l'île principale de la Nouvelle-Calédonie et les petits îlots inhabités de Matthew et Hunter. Un séisme " modéré " de magnitude 5.2 s'est produit à mi-chemin entre les îles françaises de Wallis et l'archipel de Tonga. Par ailleurs, au Nord-Est de l'île d'Espiritu Santo (Nord de l'archipel de Vanuatu), un autre séisme, de magnitude 5.2 s'est également produit. Toutes ces zones sont situées à des points d'affrontements entre les plaques tectoniques indo-australienne et Pacifique et constituent ce qu'il est généralement convenu d'appeler "la ceinture de feu du Pacifique", également parsemée des volcans les plus actifs au monde.

Baisse du dollar néo-zélandais

Auckland, 23 mars - Il y a quelques mois, les entreprises néo-zélandaises exportatrices s'estimaient pénalisées par un dollar national trop fort. Depuis le cours de cette devise a chuté et atteint le niveau d'il y a 21 mois. Responsable est la balance des paiements de 2005 qui affiche un déficit record (13,7 milliards de dollars locaux, soit 7,38 milliards d'euros), soit 8,9% du PIB, un niveau pas égalé depuis 1896. Le résultat pour 2004 était également un déficit, mais de 9,8 milliard de dollars néo-zélandais (5,28 milliards d'euros), soit 6,7% du PIB.

Dix millions d'euros pour le Pacifique

SUVA, 27 mars - Stefano Manservisi, directeur général à la Commission Européenne au Développement, a remis dix millions d'euros au Forum des Îles du Pacifique. Ces fonds sont destinés à un programme d'évaluation des ressources halieutiques (et en particulier de thon) de la région Pacifique, mais aussi à faciliter les échanges commerciaux intra-régionaux de produits agricoles. Dans le cadre des négociations multiples avec les pays océaniens, l'accent a été mis par Bruxelles sur le lien et l'interdépendance existant désormais entre l'aide au développement, le commerce et les nouvelles notions dominantes au plan mondial : bonne gouvernance, transparence, démocratie.

Enorme réserve marine au Kiribati

Funafuti, 29 mars - Anote Tong, Président de Kiribati (ancienne îles Gilbert), a annoncé la création d'un énorme sanctuaire marin dans une zone couvrant une superficie totale de quelques 184.700 kilomètres carrés, ce qui en ferait la troisième plus grande réserve marine naturelle au monde. La zone désignée est située dans les îles Phoenix, où toute activité de pêche commerciale sera désormais interdite. Cette région marine est réputée receler plus d'une centaine d'espèces de coraux, ainsi que plus de cinq cents espèces de poissons tropicaux rares. On y trouve ainsi une multitude de monts sous-marins, écosystèmes renfermant une biodiversité unique au monde.

Londres ferme des ambassades

Auckland, 30 mars - Tony Blair, Premier ministre britannique, a achevé une visite en Nouvelle-Zélande, à l'issue de laquelle il a réaffirmé que Wellington demeurait à son sens un relais privilégié de Londres. M. Blair a salué l'action de la Nouvelle-Zélande dans la région Pacifique, alors que le Royaume Uni restructure actuellement son dispositif de représentation. Au 1er avril, ce sont les haut-commissariats (ambassades) de Port-Vila (Vanuatu), de Nukualofa (Tonga) et de Tarawa (Kiribati) dont les services diplomatiques et consulaires qui sont relocalisés sur Suva, désormais ambassade régionale, et dans certains cas, celle de Wellington. Autant sur le plan de la sécurité régionale que de la représentation au sein du Pacifique, le chef de l'exécutif britannique a estimé que désormais, Wellington serait " les oreilles et les yeux de la Grande-Bretagne ".

Roturier premier ministre des Tonga

NUKUALOFA, 31 mars - Fred Sevele, ministre tongien du Travail, du commerce et de l'industrie, qui assurait l'intérim du poste de Premier ministre depuis la mi-février et la démission du Prince 'Ulukalala Lavaka Ata, a été confirmé vendredi dans ces fonctions par le Parlement de ce royaume du Pacifique Sud. M. Sevele, qui fut aussi l'an dernier l'un des premiers élus non membres de la famille royale à se voir confier un portefeuille ministériel, devient ainsi le premier chef de gouvernement de Tonga de manière permanente.

Patrick Decloître à Suva, Flash d'Océanie