C'est avec tristesse que nous avons appris le vote de la délibération qui met en place la TVA en Polynésie française.

Lorsque vous lirez le dossier que nous lui consacrons en Pages 28 à 35, vous serez aussi consternés que nous.

En effet, la politique choisie par le gouvernement semble tout à fait contraire aux discours officiels, et il apparaît de plus en plus clair que le but recherché est essentiellement l'accroissement des recettes fiscales, à maintenir par tous les moyens en place le système inégalitaire qui fait tant de mal à notre société.

C'est expliqué dans le rapport de synthèse interministériel de l'ITSTAT que nous citons. " cette réforme qui, sous bien des aspects, présente à terme un fonctionnement fiscal meilleur que celui en place ", comprenez une amélioration des rentrées fiscales. Et pour financer quoi ?

Essentiellement une fonction publique qui ne veut pas renier le moindre de ses privilèges. Bien sûr, certains vont dire que nous sommes des " pessimistes, qui critiquent, ne construisent pas... " mais lorsque l'on voit de graves dangers à l'horizon, surtout si ceux­ci sont confirmés par les experts mêmes du gouvernement, il est du devoir du journaliste d'attirer l'attention de la population sur ceux­ci. " Mais comment osez­vous publier des extraits d'un document interne ? " diront d'autres, et nous répondons que c'est un document accessible à tous puisqu'il a été lu publiquement et dans son intégralité à l'assemblée de la Polynésie française par l'opposition, ce qui causa l'énervement des conseillers de la majorité car il jetait un doute sur les affirmations rassurantes du gouvernement.

Et les 28 conseillers de la majorité votèrent comme un seul homme cette délibération !!!

Un vote incompréhensible lorsqu'on sait que notre développement doit être basé sur le tourisme.

" Il y a un problème de prix... nous connaissons des difficultés de remplissage " en Polynésie française, s'exclama fin février Sven Boinet, le vice président du groupe ACCOR.

Et que fait le gouvernement ? Il rajoute non seulement une TVA au prix des chambres, mais aussi une nouvelle taxe communale qui servira à financer le nettoyage dans les îles des ordures que les touristes n'ont pas jetées. Plus grave encore, la TVA va radicalement augmenter le prix des restaurants, des bars, des excursions, des spectacles, de la location des voitures, bref de plus de 30% en cinq ans tout ce que le touriste consomme ! Une telle flambée des prix dans une destination déjà réputée être l'une des plus chères va­t­elle réellement favoriser l'essor de notre tourisme sur lequel le bien­être de la population sera fondé ?Nous pensons plutôt que cela va effrayer les visiteurs. Non ? Et bien qu'on veuille nous expliquer le contraire, nos colonnes sont ouvertes. Et la TVA est encore une autre preuve de ce que nous déplorons depuis des années: plus Tahiti a d'autonomie, plus ses dirigeants en font une copie conforme de la France...

Au moins, face à la propagande omniprésente qui clame que la TVA, c'est " moderne, favorable au développement, plus juste, etc.", notre toute petite voix qui dit " Attention ! " aura eu le mérite d'exister. Je vous donne rendez­vous dans un an pour décider qui aura vu juste.

Pour finir sur une note plus gaie, sachez qu'un fidèle lecteur m'aborda dans la rue à Papeete, sortit le dernier Tabiti-Pacifique de son sac, pointa sur le titre de la couverture puis fixa son regard sur mon "léger" embonpoint pour s'exclamer: " Et les Popa'a eux, ils ne sont pas victimes de la bouffe moderne!? "

Alex. W. du PREL

Directeur de la Publication.