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Tout pour éviter l'oubli !
Une bien triste nouvelle est tombée fin avril : Radio Australie (R.A.) va
bientôt cesser ses émissions en langue française vers le Pacifique Sud.
Certaines personnes vont faire tinter les flûtes de champagne, à Tahiti,
Port Vila comme Nouméa, car les émissions de Radio Australie étaient
farouchement anti nucléaires et Pierre Riant, producteur du service
Pacifique de R.A., favorisait parfois le point de vue politique des radios
indépendantistes, ses correspondants à Tahiti et Nouméa. Mais honnêtement,
il faut ici vivement féliciter l'équipe francophone de cette radio pour le
travail équitable qu'il a effectué depuis cinq ans, exploitant dans toute
son ampleur la liberté des médias allant même parfois jusqu'à critiquer le
gouvernement australien, la main qui les nourrit. Ah, quel respect
courageux de la déontologie !
Malheureusement la perte de ces émissions aura des répercussions très
graves et néfastes pour Tahiti, n'en déplaise aux anglophobes. En effet,
comme l'avait remarqué le président Flosse en privé voici un an, maintenant
que les essais nucléaires ont cessé, le plus grand danger pour Tahiti est
que nous devenions un autre " trou perdu " du bout du monde, oublié et donc
ignoré par le reste de la planète. Et Radio Australie est un des très rares
"ponts" de notre hémisphère où l'information transite de l'espace
anglophone vers le francophone, et vice-versa. M. Jolivet, ambassadeur de
France aux îles Fidji, fit vite la découverte du terrible isolement du
monde francophone dans le Pacifique lors de sa "bataille" médiatique contre
l'organisation Greenpeace : " Rien de ce que l'AFP transmet en français
n'est répercuté par les médias de la région, alors que la moindre dépêche
en anglais fait les titres de tous les journaux ! "
Or l'équipe de Pierre Riant avec ses bureaux à Sydney et Melbourne est
aussi le seul groupe de journalistes australiens à s'intéresser en
permanence à nos îles, nos habitants, nos problèmes, notre culture alors
que tous les autres journalistes du monde entier ne regardent de notre côté
que lorsque Papeete flambe ou qu'un autre désastre majeur fasse au moins
100 morts.
Oui, la perte du service français de R. A. réjouira certains potentats du
Pacifique qui souvent n'apprécièrent guère la diffusion internationale de
leurs méfaits, mais pour la Polynésie française c'est une perte tragique,
car si nous voulons créer une industrie basée sur le tourisme, il est
indispensable que l'on parle de nos îles, souvent, continuellement pour que
Tahiti reste un "household word", un "mot de tous les jours" afin que nos
îles restent " à la mode ". Seuls les médias peuvent le faire, tous genres
de médias en parlant de nous, en nous analysant et même -et peut-être
surtout- en nous critiquant. Un excellent exemple est la ville de Las Vegas
: tous les journalistes, surtout les européens, ont craché et vomi pendant
30 ans sur cette ville ; aujourd'hui elle accueille 30 millions de
visiteurs par an ! Peut-être les Verts de Greenpeace nous ont-ils rendu un
sacré service avec leurs campagnes anti Moruroa ! En effet, le primordial
est que le nom de Tahiti soit mentionné continuellement, afin qu'il ne
devienne pas un trou oublié tels Tarawa ou Funafuti.
Soignons alors nos paparazzi locaux, Durocher, Pinson, Bringold et autre
Bonamy qui traquent les stars en visite, car leurs articles -scandaleux ou
pas- envoyés aux agences pour paraître dans les "Voici", "Paris-Match" et
autre "Sun" font dix fois plus de réclame par an pour nos îles qu'un
milliard de francs de promotion commerciale classique ne pourrait le faire.
Aussi, n'en déplaise aux courtisans "politiquement correct"de Papeete et
autres jaloux, notre magazine -avec plus de 700 abonnés dans 18 pays- est
devenu la seule publication de Tahiti avec une dimension internationale,
donc un élément majeur qui incite le monde à penser à nos îles. C'est
pourquoi la censure du président Flosse à notre égard est
incompréhensible (lire p.24).
Bonne lecture à tous et merci pour votre fidélité.
Alex. W. du PREL
Directeur de la Publication.
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