"Ce qui vient au monde
pour ne rien troubler
ne mérite ni égards
ni patience."

René CHAR, 1907-1988


Chères lectrices,
Chers lecteurs




C'est malheureusement nécessaire...

Après de longues hésitations, après de mûres réflexions, après avoir consulté notre économiste maison nous avons pris, le coeur gros, notre décision : nous devons augmenter le prix de vente en kiosque de notre magazine, prix inchangé depuis plus de 7 ans. Dès le mois de juin, Tahiti-Pacifique sera vendu en Polynésie française à 600 Fcfp, au même prix sur tout le territoire, à Nuku Hiva comme à Tahiti et comme à Bora Bora car nous prendrons à notre charge le prix du fret inter-îles.

Par contre, tous les prix des abonnements, en Polynésie française, en France comme à l'étranger restent inchangés. Alors, gens de Tahiti et des îles, si vous désirez toujours votre magazine préféré à 500 Fcfp, c'est possible, c'est facile : abonnez-vous !

Nous avançons plusieurs justifications pour ce réajustement de notre prix de vente :

- Malgré les chiffres "rassurants" de notre institut local de la statistique (lire page 10), presque tout a augmenté depuis l'introduction de la TVA en début d'année, de la rame de papier au billet de ferry. Oui, en tant qu'entreprise, nous pouvons "récupérer" la TVA que nous payons à nos fournisseurs, mais eux ont déjà aligné leurs prix sur celui de leurs grossistes, etc.

- Pendant les 7 années que notre prix est resté inchangé, une consultation chez le taote (médecin) est passée de 2200 à 3300 Fcfp, le timbre poste de 37 à 52 Fcfp, etc. Notre augmentation est la même (20%) que celle qu'a subie le quotidien La Dépêche voici deux ans (de 100 à 120 Fcfp).

-Nous prévoyons dans ce nouveau prix les hausses prochaines de la TVA car les taux actuels (1, 2 et 3%) ne sont qu'un léger "attouchement" comparé aux "pénétrations" programmées et à venir.

- En responsables, nous devons assurer la bonne santé de l'entreprise, or en 7 ans Tahiti-Pacifique n'a jamais réalisé de bénéfices. Le magazine a survécu grâce à la "flexibilité" du salaire du directeur-journaliste-avocat-balayeur- qui se situe bien en-dessous de celui d'une secrétaire dans l'administration territoriale, sans la moindre prime malgré un minimum de 60 heures de travail par semaine. Il serait logique que ce sacerdoce, qui se rapproche de la philanthropie, s'accompagne un jour d'une compensation honnête.

- Enfin, comme nos dirigeants imposent désormais à nos pauvres îles une « société fiscale moderne », la paperasse et la tenue des comptes deviennent de plus en plus compliquées et envahissantes. C'est alors que nous devons payer ce véritable "impôt caché" : le coût du comptable devenu désormais indispensable pour produire la montagne de paperasses qui sert uniquement à satisfaire ce monstre technocratique, le service des contributions, pour lui donner toujours plus d'informations afin qu'il puisse encore mieux nous « presser comme un citron » à l'avenir. Aussi, Tahiti-Pacifique, une toute petite entreprise, est d'emblée exclue de tout "code des investissement", "Loi Pons" et autre "Loi Flosse" réservée aux brasseurs de centaines de millions ce qui fait que nous sommes la seule presse de Tahiti (et fière de l'être) à payer tous les impôts.

Avec tristesse, force est de constater que plus Tahiti devient "autonome", plus le gouvernement local, par manque d'imagination, nous impose le même système qui a rendu la France si morose et si apathique. Rendez-vous compte, "ils" sont en train de préparer la mise en place de la « taxe d'habitation », « comme en France », en vérité une "taxe de vie" puisqu'il faut bien habiter quelque part. Cela veut dire que petit à petit on place devant chaque Tahitien une sorte de parcmètre dans lequel il devra introduire de l'argent chaque jour pour avoir le droit de vivre !
Et pourquoi importe-t-on ce système débile de plus en plus décrié en France ? Pour « faire rentrer des sous » afin de maintenir les privilèges de la pléthore de bureaucrates aux "droits acquis" bien sûr, ceux qui ont une foison de primes et d'indemnités, droit à des "voyages administratifs" en France avec Madame et les gosses et qui sont payés le double de ceux qui travaillent réellement.

Voilà ! Tout ça juste pour vous dire qu'on doit augmenter le prix du journal. Il sera intéressant de voir si cela fera aussi baisser l'indice "livres, journaux" dans les tableaux de l'ITSTAT (explication page 10).

Mais avant de vous laisser, permettez-nous d'adresser une pensée profonde aux familles des dix victimes des éboulements de Taha'a et aux centaines de familles qui ont perdu leurs toits aux Îles-sous-le Vent lors du passage de la dépression tropicale Alan.

Mon Dieu, pourquoi le phénomène El Niño fait-il que les éléments s'acharnent toujours sur de petites communautés îliennes isolées, celles qui ne contribuent en rien aux pollutions industrielles de plus en plus considérées par les scientifiques comme responsables des changements climatiques de la planète ?


Bonne lecture et merci à tous pour votre fidélité.

Alex. W. du PREL

Directeur de la Publication.

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Copyright Tahiti Pacifique magazine 1998