"Ce qui vient au monde
pour ne rien troubler
ne mérite ni égards
ni patience."
René CHAR, 1907-1988
| Chères
lectrices, Chers lecteurs |
| Vers une Polynésie
française "branchée" Ainsi, notre grand leader de Tahiti l'a décrété le 8 avril : un vaste et très onéreux programme d'investissement intitulé METU@ va connecter chaque habitant de la Polynésie française au réseau Internet dans les trois prochaines années (lire notre dossier page 15). Des câbles en fibre optique, des canaux satellites ainsi qu'un second programme d'électrification solaire financé Loi Pons assureront que même l'ermite exilé sur l'atoll de Pinaki pourra rechercher l'information de par le monde et recevoir 10 chaînes de télévision câblées en appuyant sur le bouton de son ordinateur détaxé. Ah, le beau monde moderne qu'on va nous offrir ! Je vois déjà la mamie de Rimatara (un bateau tous les trois mois) tapoter son clavier d'ordinateur pour chercher où acheter deux kilos de Raclette, car enfin elle pourra utiliser l'encyclopédie Larousse des fromages en cinq volumes qu'un démarcheur sans scrupule avait réussi à lui vendre voici 10 ans. Je m'imagine aussi mon ami paumotu de Nukutavake, le matin avant de partir travailler dans sa cocoteraie, taper "coprah" sur le moteur de recherche d'Internet et voir défiler des pages - en anglais, mais ce n'est pas grave - sur toutes les techniques de séchage et de transformation de la noix de coco. Dubitatif, après avoir cherché en vain un quelconque site de l'Université française du Pacifique, (la seule de la région à ne pas en avoir - pourquoi ???), notre brave Polynésien clique alors au hasard sur quelques icônes et le voilà de suite branché au site de la "Promotion internationale des lesbiennes afro-américaines" (message : rejetez les hommes, surtout les blancs !), à moins que ce ne soit le site (en français, celui-là) d'un fabriquant québécois de motoneige, outil indispensable aux Tuamotu. Ah, ce Brave Nouveau Monde ! Comment, se demande notre Paumotu, avons nous pu vivre sur nos atoll depuis plus de 10 siècles sans toutes ces informations vitales ? Mais, et il faut le dire, nos dirigeants de la Polynésie française et leurs conseillers ont tout minutieusement préparé avant de nous faire basculer dans la modernité électronique qui va nous sauver. Un exemple révélateur : ils étaient même intrigués par le sexe des ordinateurs, le fait de savoir si un ordinateur est un objet de type féminin ou de type masculin. Efficacité Tahoera'a et tradition de l'autonomie interne oblige, nos chefs ont donc de suite fait venir de Paris une mission scientifique composée de deux experts de la chose, une femme et un homme. Leur mission, financée grâce à une subvention du ministère de la Culture, était de trouver pour chaque groupe quatre raisons qui justifieraient le genre féminin ou masculin des ordinateurs. Après deux mois d'intenses et de coûteuses études menées au bord de la piscine d'un grand hôtel quatre étoiles de la côte ouest de Tahiti, renforcées par deux semaines de recherche sur le terrain depuis un luxueux bungalow sur pilotis dans le lagon de Bora Bora, les savants chercheurs ont remis, fin avril, leurs épais et secret rapports aux autorités du Territoire. Heureusement et comme toujours, grâce à notre habituel réseau d'informateurs, nous avons réussi à obtenir copie desdits rapports. Voici leur brève synthèse : La savante vahine conclut que l'ordinateur était du genre masculin, ce qu'elle étaye avec les explications suivantes : - Pour capter son attention, il faut l'allumer. Le scientifique mâle, éminence grise parisienne de l'enseignement en micro-informatique, arriva lui à la conclusion que l'ordinateur était du genre féminin . Voici les raisons de ses conclusions : - Personne, hormis son créateur, ne comprend sa logique.
Bon. Assez rigolé ! Nous espérons que vous aimerez lire ce numéro que nous avons voulu très varié. Ne ratez pas l'article sur le "réau ma'oïlle", ni l'excellente nouvelle de Robert Dubois. Bonne lecture et, encore une fois, merci à tous pour votre fidélité. Alex W. duPREL Directeur de la Publication / Editor |
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Copyright Tahiti Pacifique magazine 1999