"Ce qui vient au monde
pour ne rien troubler
ne mérite ni égards
ni patience."

René CHAR, 1907-1988

Chères lectrices,
Chers lecteurs




Adieu, commandant Cousteau !

Qu’elle fut triste, la nouvelle qui tomba ce jeudi ensoleillé de juin à Tahiti. Le père du scaphandre autonome, le Français le plus célèbre de la planète et le créateur de la vulgarisation médiatique de la science et de l’esprit écologique nous avait quitté. J’avais eu la chance de le rencontrer une fois, à Sainte Croix, aux Antilles, voici 30 ans, mais ça, c’est une autre histoire.

Lorsqu’il passa à Tahiti en 1988, c’était surtout pour visiter Moruroa et y plonger pour “vérifier”. L’affaire avait alors été amplement médiatisée, surtout par le C.E.P (centre d’essais du Pacifique) après qu’il déclara que tout cela était « présentement sans danger », mais que pour les générations futures, il n’était pas si sûr… On ne saura jamais d’où provenaient les traces de césium 134 qu’il trouva au fond du lagon du grand secret et puis, comme toujours, nos îles du bout du monde redeviennent vite bien loin pour ceux qui y sont passés, surtout lorsqu’on leur fait l’honneur —il n’y a pas de lien avec Moruroa— de devenir “immortels” à l’Académie française.

Peut-être est-ce mieux ainsi que l’homme au béret rouge nous ait quitté sans être revenu à Tahiti, surtout que Jacques Constans, le président de la Fondation Cousteau, m’avait dit que Cousteau « aimait énormément nos îles ». Certainement aurait-il pleuré de voir une vallée de Tahiti après l’autre polluée par des décharges, triste résultat de l’inaction, de l’incapacité et du “m’enfoutisme” de politiciens qui depuis 1990 utilisent la présidence du SITOM (syndicat intercommunal des ordures ménagères) et ses indemnités comme “sucette” pour acheter la fidélité d’élus afin de constituer des majorités.

Pourtant le président Flosse s’est récemment félicité d’avoir « soustrait Tahiti-Tourisme à l’emprise des politiciens » pour le rendre plus efficace. Mais qu’attend-il donc pour faire de même avec le SITOM ? A cause des incapables qui le gèrent et malgré plus de 5 milliards dépensés, la vallée de Tipaerui, la vallée de la Punaruu et celle de la Papenoo sont maintenant polluées, celle de Papeari le sera bientôt, et voici que le ministre de l’environnement annonce, sans honte, qu’on va créer encore une décharge “temporaire”, donc “bousiller” une autre vallée.

Après chaque grande pluie, le port de Papeete et la plage Cygogne débordent d’immondices et certains accusent « le manque d’esprit civique de la population ». Un beau mensonge utilisé par médias interposés pour mieux préparer le terrain à de juteux contrats avec des multinationales réputées pour leurs financements politiques, car presque tous ces immondices proviennent de l’immense “Mont Poubelle” de 80 mètres de haut que les “experts” de Tamara Nui et du SITOM ont créé ; une montagne qui obture depuis 1992 en partie la rivière. Elle aussi devait être “temporaire”. Face au désastre écologique que créent les ordures de Tahiti, les citoyens sont en droit de réclamer que tous les présidents du SITOM actuels et passés remboursent l’intégralité des indemnités qu’ils ont perçues pour élaborer le fiasco actuel ! Ce ne serait que justice !

Oui, commandant Cousteau, peut-être est-ce mieux que vous ne soyez pas revenu à Tahiti ces 10 années passées. Vous auriez été horrifié !

Alex. W. du PREL

Directeur de la Publication.

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Copyright Tahiti Pacifique magazine 1997