| |
Un peu de ménage
Dans notre édition d'octobre 1992 ("Transport au prix de l'or"), nous
avions dénoncé le scandale des coûts des déménagements de fonctionnaires
(exemple : une caisse de 36O kilos, par bateau de Papeete à Pau, facturée à
410 189 Fcfp) et les ribambelles de "cadeaux" accordés aux fonctionnaires,
qu'ils soient militaires ou enseignants.
Enfin, cinq ans plus tard et après une autre "confidence" publiée voici un
an,"on" a fait le ménage, comme nous en félicitions les responsables voici
deux mois. En effet, un document vient d'être rajouté au dossier de
déménagement des fonctionnaires de l'Etat. Il demande au "déménageable" de
reconnaître d'avoir été informé « qu'aucune ristourne ou avance en
nature, en espèces ou autres ne peut m'être consenti hors facture quelle
que soit la nature des prestations fournies par la société de déménagement
assurant l'enlèvement, l'acheminement et la livraison de mes effets
personnels. En vertu de quoi, j'atteste n'avoir sollicité ou obtenu de
l'entreprise mandatée à cet effet aucune concession, avantage ou cadeau
personnel tels que et à titre d'exemple :
- Offres de billets d'avion ou de séjours touristiques quelconques,
- Frais de douane pour mes effets personnels,
- Prêt de véhicule ou frais d'hôtel au départ ou à l'arrivée,
- Toutes formes de transport non pris en charge dans le cadre du décret du
3 juillet 1897, et en règle générale toute concession de nature équivalente
incorporée de façon directe ou indirecte à la facture que je présenterai
aux fins de remboursement au Vice-Rectorat.
2. que toute infraction à ces dispositions est susceptible, indépendamment
des sanctions disciplinaires, de poursuites pénales visant aussi bien les
entreprises que la clientèle qui bénéficie de ces mesures ».
En tout cas, voilà un véritable catalogue des "irrégularités" que personne
n'a vu ou voulu voir depuis 30 ans. Pourquoi ? Une autre question se pose :
comme, selon nos informations, les tarifs exorbitants n'auraient pas baissé
(parfois 80 000FF -1,6 millions Fcfp- pour le déménagement d'une famille)
et comme les déménageurs n'offrent plus de cadeaux, ils doivent faire des
affaires en or !
Hélas, au lieu de nous dire merci d'avoir été le seul média local à
dénoncer de tels abus, voici qu'on nous traîne devant les tribunaux pour «
diffamation », cette fois-ci pour avoir posé des questions concernant
l'ETAG. Et comme si cela ne suffisait pas, le huissier s'est précipité le
31 juillet, à la dernière minute possible, pour nous signifier une autre
plainte en diffamation de la part du gouvernement, celui-ci déclarant
trouver aussi notre dossier sur la Loi Pons « diffamant » vis à vis de
l'OTHS.
Cette soudaine frénésie de procédure judiciaire (nous n'avions pas de
procès depuis 4 ans) à notre encontre est peut-être expliquée par la petite
phrase qu'aurait prononcé un membre du cabinet du gouvernement après
lecture de notre dernier numéro : « C'est la guerre totale », dans la même
veine que le « c'est la lutte finale » si chère aux communistes de jadis.
Mais tout cela n'est qu'une autre facette de la passionnante aventure
qu'est celle d'une presse indépendante dans nos îles.
Bonne lecture à tous.
Alex. W. du PREL
Directeur de la Publication.
|