"Ce qui vient au monde
pour ne rien troubler
ne mérite ni égards
ni patience."

René CHAR, 1907-1988

Chères lectrices,
Chers lecteurs




Une question de crédibilité

Face au nouveau feuilleton des ordures ménagères de Tahiti (lire page 11), on se demande si certains hommes politiques de Tahiti ont le sens du devoir envers la collectivité qui les rémunère si grassement. Faut-il rappeler que le salaire d'un ministre à Tahiti, territoire de 220 000 habitants, est supérieur à celui d'un ministre en France qui compte 55 millions d'habitants. Tel est aussi le cas du président, et taisons les émoluments de certains conseillers.

Si tout allait bien, on pourrait ne pas parler de ces indemnités étonnantes. Mais présentement, tout semble s'effriter sur l'île de Tahiti.
Le "Grand Papeete" est bloqué tous les matins et soirs par des embouteillages monstres et certains banlieusards prennent plus de deux heures pour franchir les quelques 10 kilomètres qui les séparent de leurs lieux de travail et l'ampleur des embouteillages augmente de mois en mois.
Etre piéton aux abords de Papeete demande de l'héroïsme car on doit marcher dans le trafic, les trottoirs étant envahis par les voitures puisqu'il n'y a pas de parkings suffisants. Dans les districts, les routes sont dans un état lamentable, trop étroites, certains ponts sont mal signalés et le résultat est que Tahiti a certainement le taux de morts par la route le plus élevé.

Les patients de l'hôpital Vaiami dorment toujours sur des grabats, les îles Marquises n'ont toujours pas de route carrossable, même pour relier les aéroports aux villages, la plupart des systèmes hydrauliques datent de 30 ans et il y a pénurie d'eau dès qu'il ne pleut pas pendant un mois ("la sécheresse"), etc, etc. Et quelle est la priorité n°1 de nos dirigeants en ces temps de crise ? Ils se construisent un palais qui coûtera au moins 1,5 milliards, à moins de 100 mètres des grabats de l'hôpital oubliéŠ Et ce palais sera comme le Versailles de Louis XVI car la capitale de Tahiti, à 3 ans de l'an 2000, n'a toujours pas d'égout et tous les cacas de nos seigneurs iront dans un trou polluer encore plus la nappe phréatique.
Que tout cela ne semble pas sérieux !

En ce qui concerne la transparence de l'information, sachez que nous n'avons toujours pas reçu de réponse à notre lettre ouverte adressée à M. Cavada. Plus encourageant est que M. Queyranne, secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, a déclaré lors de son départ que « le président Cavada doit venir à Tahiti début octobre, justement pour rencontrer les personnels de RFO, rencontrer les autorités... Et comme il est un grand professionnel, je pense qu'il réaffirmera l'exigence d'indépendance des médias vis-à-vis du pouvoir politique, ou des pouvoirs politiques ». Du côté de la Présidence, c'est toujours le "black-out" total et selon un conseiller très proche de Président, c'est notre magazine qui est « responsable de la mauvaise image du président Flosse » (sic !). Bien sûr, le messager est toujours le coupable et quels pouvoirs ne nous attribue-t-on pas !

Pour terminer, comme tous les journaux de la planète, un petit mot sur le triste décès de la belle Lady Di : si l'émotion est si grande et si des milliards de personnes la connaissent, regardent ses funérailles, c'est uniquement parce que des paparazzi ont fait parler d'elle pendant 16 ans. Là encore, les messagers sont les "coupables".

Bonne lecture à tous.

Alex. W. du PREL

Directeur de la Publication.

· Retour ·



Copyright Tahiti Pacifique magazine 1997