Tahiti-Pacifique magazine, n° 109, mai 2000
Comment devient-on Gaston Flosse ?
Etude sur la carrière du président de Tahiti
par Jean-Marc Régnault
de l'Universtité de Polynésie française
Connaît-on réellement Gaston Flosse ? Rien de sérieux n'a encore été écrit sur les origines de la carrière politique du président et sur les raisons de son succès. C'est ce que tente Jean-Marc Regnault aujourd'hui, tout en précisant qu'il ne peut s'agir encore que d'une esquisse de biographie. Le point d'interrogation du titre ne sera pas totalement effacé à la fin de l'article qui trace surtout des pistes que d'autres chercheurs (et pourquoi pas l'auteur lui-même) pourront exploiter. Un portrait honnête par un universitaire davantage soucieux d'objectivité que de critique ou de complaisance.
Né le 24 juin 1931 aux îles Gambier, Gaston Flosse est le type même du Demi qui revendique - mais de façon constante, ce qui le distingue des autres - son profond attachement à la France et à la Polynésie, à une Polynésie complexe puisqu'à l'origine il ne parle que le mangarévien, langue assez distincte de ce qu'on appelle le reo maohi. Son père est un métropolitain qui a passé cinq ou six années aux Gambier pour s'occuper du commerce des nacres. Sa mère, Claire Mamatui, une "pure mangarévienne", se moque de son mari qui essaie tant bien que mal de prononcer des mots dans la langue locale, mais qui, du coup, n'a jamais su la parler. Le jeune garçon vit donc ses premières années partagé entre les deux langues, "les deux cultures" dit-il aujourd'hui. Ses parents venant s'installer à Tahiti, cette situation de partage culturel se poursuit. D'une part, il est maintenu dans le milieu mangarévien car il est élevé dans une famille fa'a'amu qui ne parle correctement que le mangarévien. En pension chez les frères de Ploërmel, pendant neuf ans, il n'a pas le droit d'utiliser une langue polynésienne sous peine de sanction : "chez les frères, c'est la France" résume d'ailleurs le Président. Là, il apprend l'histoire de la France et sa géographie, avant d'entendre parler de Tahiti. Les "grands hommes" le fascinent. Parmi ceux-ci, il cite en particulier le général de Gaulle. Certes, ce n'est pas forcément à l'école, pendant la Seconde Guerre mondiale, qu'on lui a parlé du Général, car il est peu probable que les frères aient été d'ardents partisans de la France libre. Mais il est certain que la victoire de 1944-1945, les récits des héros du Bataillon du Pacifique ont impressionné le jeune homme.
Attachement à la France et à la Polynésie
À Tahiti, où chacun se connaît, forcément on rencontre des anciens Volontaires (nous reviendrons plus loin sur la rencontre avec Walter Grand, ancien du Bataillon et gaulliste). La visite du Général en 1956 aurait servi de révélateur : "ce qui m'a frappé, c'est sa vision de ce que serait la Polynésie dans cette zone, son avenir, le nôtre". Gaston Flosse se souvient des paroles de De Gaulle sur l'Océan, sur la richesse qu'il constitue et sur la volonté de la France de rayonner à partir de ses territoires d'Outre-mer. Il s'agit peut-être d'une reconstitution a posteriori, car en réalité c'est en 1966, au cours de son second voyage, que le Général développe le thème de la richesse de l'océan. C'est en 1966 justement, que le jeune maire de Pirae reçoit le Général qui prononce des discours aux contenus fort riches d'enseignements. Le Président de la République aborde divers sujets dans ses discours. Il évoque les essais nucléaires (raison de son déplacement) pour remercier le Territoire du service qu'il rend à la France. Il évoque également "les franchises polynésiennes" auxquelles il n'est pas question de toucher et, surtout, il a fait la distinction entre "le peuple d'ici et le peuple de France" (voir la presse locale de l'époque et en particulier le numéro spécial récapitulatif de La Dépêche). Ces discours, le Président du gouvernement avoue les relire souvent. De là, date plus vraisemblablement l'attachement à de Gaulle et à une vision des relations entre la Polynésie et la France. D'après Gaston Flosse, de Gaulle voulait que "la Polynésie demeure française tout en respectant ses spécificités et sa culture". Là encore, il semble que Gaston Flosse reconstruise et la vision du Général et la sienne dans le contexte de 1966. En ce qui concerne de Gaulle, rappelons ce qu'il dit à Alain Peyrefitte le 21 octobre 1964 :
"... La télévision ne doit pas traîner ! Il faut que les Polynésiens vivent en français, avec des nouvelles de Polynésie, de métropole et du monde, en français. Il faut qu'ils baignent dans la France. C'est un cadeau que nous leur devons avant (il insiste) les campagnes de tirs" (*)
L'attachement de Gaston Flosse à la Polynésie (tout court) est un autre trait de sa personnalité : "c'est mon pays, dit-il, c'est là où je suis né". Cet homme qui, comme Pouvanaa, a fort peu de traits physiques polynésiens, se considère et est néanmoins considéré comme un authentique Polynésien (1). Une étape importante et même capitale dans cette reconnaissance est la maîtrise de la langue tahitienne. Il n'a pas été facile de passer du mangarévien au reo maohi. C'est Nedo Salmon, homme politique et un des fondateurs de l'Académie tahitienne, qui a initié Gaston Flosse à cette langue au début de sa carrière politique, vers 1959. Ce dernier raconte comment il était terrifié à l'idée de prononcer correctement la phrase qui introduit tout discours et qui est en quelque sorte la clé du contact avec le public : "Iaorana i te arofa o te Atua" (je te salue au nom de Dieu). Depuis, Gaston Flosse est passé maître dans l'art d'utiliser la langue locale, ce qui, nous le verrons, est une raison de son succès.
Il faut toutefois apporter deux éclairages particuliers pour comprendre les relations France/Polynésie, telles que les conçoivent le Président et sans doute une large majorité de ses électeurs.
En premier lieu, il ne faut pas confondre la France et l'État. Dans sa thèse, Sémir Al Wardi a mis en relief la vieille méfiance de Gaston Flosse à l'égard de l'État et de ses représentants et a expliqué que le but du Président qui réclame toujours plus d'autonomie serait de rendre le Territoire égal à l'État (2). Sémir Al Wardi affirme même que "paradoxalement, on peut dire que cet homme politique boulimique qui incommode la République par son attitude et ses exigences, est probablement la seule garantie de la présence française en Polynésie, tant que cette situation coïncide avec ses intérêts".
Or, en second lieu, il ne faut pas négliger à quel point la présence française a servi les intérêts personnels de Gaston Flosse et dans une mesure qu'il reste à définir, les intérêts de la plupart de ceux qui le soutiennent (et même de ceux qui, parfois, rejettent la France). Ainsi nous concédait-il : "il faut l'avouer, c'est quand même l'intérêt de la Polynésie que d'être française et non pas d'avoir un passeport tahitien et de la monnaie tahitienne qui serait le purau (un bois polynésien)". Une étude de l'immense fortune du Président, des moyens par lesquels elle s'est constituée, permettrait de mieux mesurer ce que ses paroles signifient. Dans de nombreux milieux tant polynésiens que métropolitains, le Président a une réputation sulfureuse (voir par exemple : "Les cocotiers de la République", Les dossiers du Canard, n° 59, avril 1996). Il aurait bâti sa fortune soit en prélevant 10 % sur tous les marchés passés avec le Territoire (mais cette fortune ne date pas de 1982), soit parce qu'il aurait été payé par la France pour qu'il couvrît les activités du CEP. Nous ne pouvons souscrire à de telles affirmations, la justice n'ayant jusqu'à présent rien retenu à son encontre. La véritable question qu'il faut poser, c'est comment un homme, né aux Gambier en 1931, d'abord instituteur dans l'enseignement privé et qui semble avoir eu du mal à assurer une vie correcte à sa famille (encore qu'il faudrait connaître les activités exactes de son père et savoir dans quelle mesure le fils a bénéficié de capitaux familiaux), a pu constituer cette fortune. Cela signifie qu'il faudrait plutôt se pencher, d'une part sur les extraordinaires capacités de travail de l'homme et d'autre part sur les conditions économiques de l'époque qui ont permis à d'autres de se constituer des fortunes, sur l'état de la fiscalité et sur la fameuse "spécialité législative" qui a autorisé ce que la loi métropolitaine ne tolérait jamais, sur le contrôle exercé par les autorités de l'État sur les budgets des municipalités et du Territoire. À titre d'exemple, un collaborateur de Gaston Flosse nous expliquait que tous les véhicules de la mairie de Pirae (après 1965) étaient assurés par la compagnie dont le maire (Gaston Flosse) était le gérant et qu'aucune disposition réglementaire ne s'y était longtemps opposée.
Dans le même ordre d'idées, Gaston Flosse a très vite mis en oeuvre une tactique qui consiste à lancer des proclamations d'attachement à la France immédiatement assorties de revendications d'assistance financière. Quand il reçoit le général de Gaulle dans sa mairie, en septembre 1966, il s'écrie : "Nous sommes terre française complètement et pour toujours, comme disait notre dernier monarque [Pomare V qui, en 1880, fait don de ses États à la France]". Mais il enchaîne immédiatement en réclamant des aides pour le Territoire et en particulier pour sa commune :
"La nouvelle commune de Pirae connaît actuellement une expansion presque démesurée, du fait de l'arrivée massive de gens des îles et de gens de l'extérieur. Il faut donc à notre commune d'énormes capitaux pour ouvrir des routes, assurer son éclairage, aménager des parcs, des terrains de sport, construire de nouvelles écoles, des ponts... Et pour tout cela nous comptons fermement sur l'aide financière de la Métropole..." (La Dépêche, 9 septembre 1966).
On pourra trouver dans une de ses formules, sinon le fond de sa pensée, du moins le sens de son action politique : "aita moni, aita autonomie" (= pas d'argent, pas d'autonomie)3. Obtenir des ressources semble être l'obsession de Gaston Flosse, ce qui obscurcit le projet de société qu'il entend promouvoir. Les contradictions du Président ne sont parfois que trop évidentes. En 1986 par exemple, proche du RPR, il semble défendre les positions libérales de ses amis politiques, mais alors qu'il est membre du gouvernement de Jacques Chirac, il mène en Polynésie une politique fort dirigiste et redistributive. En 1984, l'autonomie interne lui inspire un autre grand dessein : "tendre vers l'indépendance économique". Mais en même temps, il développe un système d'assistanat qu'il voudrait généralisé à l'ensemble des Polynésiens et écrit :
"Il est essentiel de bien comprendre que les activités du Territoire sont, par nature et par essence, aux antipodes de l'économie de marché. Il ne s'agit pas d'organiser des échanges, mais de mettre gratuitement certains biens et services à la disposition des usagers" (Hau Fenua, décembre 1985).
C'est la prise en compte de ces données contradictoires qui permettront de définir et de comprendre la nature des relations que Gaston Flosse entend entretenir avec la France.
De l'anti-autonomisme virulent à une autonomie toujours plus large
L'évolution politique de Gaston Flosse à l'égard de l'autonomie est un autre élément qui doit nuancer ce qui précède. Il a longtemps refusé toute idée d'autonomie interne. En 1972, il déclarait : "l'autonomie aura été un mythe, semblable à ce colosse aux pieds d'argile, que la pierre des réalités quotidiennes va jeter bas" (La Dépêche, 16 août 1972). Mais Gaston Flosse est un réaliste (une forme de gaullisme authentique ?). Battu aux élections territoriales de 1977, il acquiert la conviction que, l'État étant désormais favorable à l'autonomie du Territoire, les élections confirmant l'attachement des Polynésiens à cette autonomie, il ne retrouverait jamais le pouvoir avec ses propres conceptions du statut. À partir d'août 1979, avec quelques fidèles d'abord réticents (par exemple Patrick Peaucellier, Alexandre Léontieff), il prépare en secret un projet de statut qui va plus loin que celui qu'ont accepté les autonomistes. Quand il l'expose à la presse, le 7 mars 1980, la surprise est totale, y compris chez les élus du parti. Mais il ne rencontre pas d'opposition réelle, ce qui semble prouver que la quasi-totalité des Polynésiens souhaitaient se démarquer de la République - sans la quitter - et ne s'opposaient à l'autonomie que par la crainte qu'inspiraient les dirigeants (John Teariki ou Francis Sanford). À l'Assemblée nationale où Gaston Flosse dépose un projet de loi statutaire, beaucoup de responsables du RPR sont stupéfaits, voire scandalisés. "Jacques Lafleur a vu rouge" dit Gaston Flosse. Pierre Messmer a refusé de cautionner cette évolution. Mais la direction du RPR finit par soutenir le député polynésien en décembre 1980. Désormais, comme le montre Sémir Al Wardi, Gaston Flosse n'a de cesse de vouloir élargir l'autonomie. Nul ne sait jusqu'où les revendications peuvent aller.
Ascension politique et sociale
Gaston Flosse prétend ne pas s'être occupé de politique jusqu'en 1957 et ne se souvient plus, par exemple, si aux législatives de 1956, il a voté pour Pouvanaa, qu'il allait combattre vigoureusement par la suite ou pour Rudy Bambridge, dont il devient ensuite un collaborateur et un ami fidèle. "Chez les frères, dit-il, c'était interdit de faire de la politique". Affirmation fausse, si l'on en croit les mémoires de Noël Ilari4. Franck Richmond, également enseignant chez les frères a été membre du RPF (parti gaulliste de 1947 à 1955). C'est sans doute sous sa pression que Gaston Flosse accepte de s'engager politiquement en 1957, à l'occasion des élections territoriales qui doivent mettre en place les institutions de la loi-cadre, mais également sous la pression de Walter Grand, Président sortant de l'assemblée, "grand ami" de son père. Gaston Flosse figure donc sur une liste "France-Tahiti", ce qui ne manque pas de paradoxes. En effet, cette liste est conduite par les deux membres qui maintiennent la fiction d'une survie du RPF. Elle n'est en fait, selon ses adversaires qu'une "liste RDPT déguisée" qui n'a d'autre fonction que de geler des voix qui pourraient aller à la liste de l'Union tahitienne, organisation nouvellement créée sous la direction de Rudy Bambridge, regroupant les anciens de l'UDSR, des "radicaux" et une fraction de l'ex-RPF. Or, cette organisation est l'ancêtre en quelque sorte du grand mouvement gaulliste qui se développe après 1958 à Tahiti. Quant à la liste "France-Tahiti", elle est effectivement alliée au RDPT... que Franck Richmond combat vigoureusement quelques mois plus tard. Ainsi, Gaston Flosse fait ses débuts en politique sur une liste pseudo-RPF, alliée aux adversaires les plus farouches de ceux qui vont soutenir le général de Gaulle.
Les débuts sont plutôt décevants puisque la liste "France-Tahiti" ne recueille que 376 voix sur 11 804 suffrages exprimés. Gaston Flosse a mal supporté l'échec et se serait alors décidé à aller trouver le leader de la liste rivale, Rudy Bambridge, une attitude un peu déconcertante pour un esprit métropolitain, mais pratique courante en Polynésie. Il s'agissait, confie Gaston Flosse, de réagir à l'échec et de "relever un défi, pour dire que nous ne sommes pas si nuls que ça".
Au cours de l'année 1958, Gaston Flosse est donc membre de l'Union tahitienne qui devient, en avril 1958, sous l'impulsion de Rives-Henrys5, l'Union tahitienne démocratique (UTD) dont le but est le renversement de Pouvanaa, devenu vice-Président du conseil de gouvernement. Il est chargé, avec Rudy Bambridge, d'aller implanter le parti aux îles Marquises pendant les vacances scolaires et préparer la campagne du référendum. L'archipel était plutôt favorable au RDPT (36 % des voix contre 30 % à l'Union tahitienne aux territoriales du 3 novembre 1957). Après le départ de Rudy Bambridge, Gaston Flosse reste sur place et, aidé par le chef de Fatu-Hiva, William Grelier (également conseiller territorial sous l'étiquette UDSR), soutenu par le clergé catholique, Gaston Flosse semble avoir réalisé un travail efficace, le OUI au référendum ayant obtenu pratiquement 90 % des suffrages.
Gaston Flosse devient Président de la section UTD de Pirae où il réside et devient, peu à peu, un des principaux responsables du parti sur le plan territorial. En même temps, il entre au service de Rudy Bambridge, avocat et homme d'affaires qui lui confie de plus en plus de responsabilités dans la gestion des sociétés qu'il dirige (l'hôtel Tahiti Village, les assurances GFA). Ainsi, l'ascension politique de Gaston Flosse est parallèle à une ascension sociale. Cela n'a été possible que par la volonté de Rudy Bambridge, envers lequel Gaston Flosse a une admiration sans bornes : "c'était vraiment mon père spirituel ; avec lui, j'ai pris le goût du travail".
En mai 1963, lors du renouvellement des conseils de district, Gaston Flosse tente sa chance contre le chef sortant, Tihoni Tefaatau, membre du RDPT. Théoriquement, les chances de Gaston Flosse sont faibles. Face à un chef bien implanté, d'une vieille famille qui a dirigé le district, il fait figure de hotu painu, c'est-à-dire un étranger, quelqu'un qui passe seulement. De plus, il est catholique dans un district où le protestantisme est tellement implanté qu'il n'y a même pas de paroisse catholique. Cependant, il a des atouts non négligeables en main (et l'on retrouve alors les caractéristiques nécessaires à l'éligibilité définis par la science politique) et sait les utiliser auprès d'un électorat encore peu nombreux (moins de sept cents électeurs) :
- son père était installé à Pirae où il faisait figure de notable, vivant dans une somptueuse maison à trois étages construite en bois rouge de Californie, possédant longtemps, la seule voiture du district. Gaston Flosse lui-même était installé à Pirae avec sa femme, épousée en 1951, et ses enfants.
- sa femme, Barbara Cunningham appartient à une ancienne famille du district, les Rey. Elle est protestante.
- sur le plan religieux précisément, Gaston Flosse rallie les protestants. Le second de liste, Tati Putoi, est non seulement protestant, mais aussi l'ancien adjoint du chef sortant. Tati Putoi mène une campagne efficace, répétant partout que l'ancienne équipe n'a rien fait pour le district et que le changement viendra d'un nouveau chef. Sur la liste, il y a également des diacres protestants qui, en Polynésie, sont des personnages de première importance dans la vie publique en général. Ce sont eux qui Président toutes les cérémonies, prononcent les prières en toute occasion. Il y a surtout le diacre principal, celui qu'on appelle auaha paroita (= celui qui prend la parole au nom de la paroisse).
- les grandes familles du district ont un représentant sur la liste de Gaston Flosse ou sont acquises à son camp. Ainsi en est-il des Aunoa - famille à laquelle est intégrée la descendance des Pomare - des Pahio et des Putoa. Si le chef d'une famille décide d'apporter son soutien à tel ou tel, c'est la quasi-totalité de la famille qui vote en ce sens.
- d'autres groupes marginaux en nombre semblent avoir apporté un soutien à Gaston Flosse : des travailleurs marquisiens installés à Pirae, des militaires et des fonctionnaires métropolitains, dans un contexte politique où le RDPT pouvait paraître favorable à une indépendance du Territoire. Si, au sein de la population permanente du district la politique proprement dite est un élément peu important dans la détermination du vote, pour ces petits groupes, elle l'est.
- la présence d'une troisième liste qui gêne davantage Tihoti Tefaatau que Gaston Flosse.
- le thème de la modernité. Il a beaucoup été utilisé par Gaston Flosse et les membres de sa liste, plus jeunes en général que ceux de la liste adverse. Tandis que Tihoni Tefaatau fait campagne en rappelant que c'est dans sa propre maison que se déroulent les activités liées à la chefferie, ses concurrents expliquent que le temps est venu d'ouvrir une maison de chefferie avec du personnel et un tavana (le chef de district et par extension aujourd'hui, le maire) souvent présents. Il est vrai que 1963 est une période de grands changements en Polynésie (aéroport, annonce du CEP, poussée démographique...).
Gaston Flosse l'emporte, non sans difficultés, par 287 voix contre 214, la troisième liste obtenant 194 voix. Être chef de district hier, maire aujourd'hui, c'est l'étape essentielle pour espérer jouer un rôle politique plus important. Élu dans une triangulaire avec 41,20% des voix, il augmente rapidement son potentiel électoral (phénomène classique en Polynésie : à partir du moment où le chef est en place, non seulement il se constitue une clientèle, mais encore, selon les mentalités locales, il jouit d'une considération nouvelle). Nous mettrons deux faits en évidence en ce qui concerne la capacité de Gaston Flosse à entraîner son électorat communal :
- en 1967, lors des élections législatives, le gouvernement français veut à tout prix faire battre le député sortant, John Teariki, adversaire virulent de la présence du CEP et qui a tenu devant le Général, en septembre 1966, des propos peu amènes (voir Foccart J., Journal de l'Élysée, tome I, p. 467). Pour cela, plutôt que de soutenir un candidat gaulliste, les plus hautes autorités de l'État font pression pour qu'au second tour, les forces pro-françaises se regroupent derrière Francis Sanford (ce que Foccart regrette amèrement par la suite). Si la plupart des dirigeants gaullistes locaux s'inclinent, Gaston Flosse sentant que Francis Sanford n'est pas fiable, demande à ses électeurs de Pirae de soutenir John Teariki, vieil adversaire, mais homme honnête et dont on connaît la pensée. Gaston Flosse confie qu'à cette occasion, il a eu peur d'une réaction négative de son électorat. Or, il a été assez bien suivi, puisque John Teariki obtient 849 voix (soit 60 %), tandis que Francis Sanford n'en recueille que 561.
- en 1974, aux élections présidentielles, il recommande le vote en faveur de Jacques Chaban-Delmas au premier tour (ce qui montre que sa fidélité à l'égard de Jacques Chirac, qui soutenait Valéry Giscard d'Estaing, n'est pas aussi ancienne qu'il veut bien le dire). Chaban-Delmas recueille 41,90 % des suffrages à Pirae (25,3 dans l'ensemble de la Polynésie) et Giscard d'Estaing 24, 76 % (21 dans l'ensemble de la Polynésie).
Le nouveau chef de Pirae se met à la tâche, tient ses promesses, commence à transformer le district et développe habilement son implantation. Il reçoit alors des soutiens efficaces. Le 6 janvier 1965, son parti ayant procédé à un spectaculaire renversement d'alliances avec les conseillers de l'ex-RDPT (dissous depuis novembre 1963), un nouveau conseil de gouvernement est désigné dans lequel entrent deux membres de l'UT-UNR, dont Gaston Flosse qui devient ainsi une sorte de ministre, chargé de l'agriculture. Outre cette promotion, il reçoit l'appui du nouveau gouverneur, Jean Sicurani (que Gaston Flosse cite toujours comme ayant été le meilleur gouverneur de la Polynésie... opinion que de Gaulle ne partageait pas6) qui accepte de transformer le district en commune. Cette transformation doit en effet doter les élus de moyens matériels et financiers que les conseillers de district n'avaient pas. Un référendum ayant approuvé la transformation à la quasi-unanimité, de nouvelles élections permettent à Gaston Flosse de l'emporter largement cette fois (864 voix contre 409 à Tihoti Tefaatau et respectivement 46 et 28 voix à des listes marginales) et de devenir maire de la commune.
Gaston Flosse fait de Pirae une véritable commune, alors qu'en 1963, le district était encore considéré comme un quartier ou une extension de Papeete. Il ouvre des écoles, un marché, fait nettoyer le cimetière, ramasser les ordures, élargir les routes et y installe l'électricité (payée par l'armée semble-t-il : voir plus loin). Il contrôle aussi l'urbanisme, de telle sorte que la commune soit essentiellement résidentielle et que la population lui soit plus facilement acquise. Si aucune étude approfondie n'a encore été établie sur la répartition sociale des suffrages, il apparaît par divers indices (résultats par bureau de vote, présence dans les meetings, listes d'adhérents...) que les milieux défavorisés ont plutôt tendance à voter pour les partis favorables à l'indépendance, mais que ce constat mérite de nombreuses nuances, tout comme le schéma inverse qui ferait de Gaston Flosse l'homme de la bourgeoisie ou des classes moyennes. Tous ces termes (milieux défavorisés, bourgeoisie, classes moyennes), dont le sens est déjà discutable en métropole, ne s'appliquent d'ailleurs que marginalement en Polynésie et faussent les analyses classiques de la science politique.
Les résultats des élections municipales à Pirae parlent toutefois d'eux-mêmes (voir tableau ci-dessus).
Mais même lorsqu'il donne aux habitants de sa commune la fierté d'être de Pirae, il élargit son implantation dans des réseaux plus vastes. Le réseau territorial se constitue d'abord grâce à Rudy Bambridge qui le fait apparaître comme son successeur. Mais Rudy Bambridge l'introduit aussi dans le vaste cercle de relations qu'il entretient avec les personnalités politiques métropolitaines de droite.
Raisons d'un succès durable
Nous pouvons tenter de déterminer ainsi les principales raisons du succès de Gaston Flosse :
- Son implantation locale est une raison essentielle. Nous avons montré dans nos diverses publications à quel point, en Polynésie, il est difficile d'accéder à de hautes responsabilités sans une base municipale. Alexandre Léontieff ou Jacqui Drollet l'ont appris à leurs dépens.
- Sa parfaite maîtrise de la langue locale lui ouvre la porte de la popularité. Celui qui assiste à une séance de l'assemblée est frappé par le changement de registre des discours du Président selon qu'il s'exprime en français ou en tahitien. Généralement, en français, il lit un discours écrit par ses conseillers. Le ton est grave et solennel. Puis vient le moment du discours en tahitien qui n'est pas la traduction du discours français. Écartant ses notes, le Président s'adresse alors réellement à l'auditoire qu'il interpelle, jouant sur l'intonation de la voix, théâtralisant ses gestes, apostrophant tel ou tel conseiller pour le ridiculiser par une boutade, une expression tahitienne bien sentie. Le Président est heureux de parler... il sait que ses adversaires lui répondront difficilement, même si Oscar Temaru joue lui aussi, avec une habileté remarquable, de la langue. Dans les meetings ou dans les rencontres plus personnelles, le Président utilise toutes les possibilités du reo maohi et de la façon dont ses interlocuteurs aiment le pratiquer : "quand je vais aux réunions, je plaisante avec eux, ils adorent ça, vous savez toutes ces histoires avec un double sens très proche du vulgaire, mais sans être grossier".
- Une capacité de travail considérable et une résistance remarquable sont mises au service de son ambition. Gaston Flosse a parfaitement compris que pour gagner, il faut être vu. Aussi parcourt-il la Polynésie dans des conditions parfois très difficiles, comme sur les goélettes qui conduisent aux Australes, les baleinières qu'il faut emprunter pour pouvoir passer au-dessus des récifs des atolls qui n'ont pas de passe. La plupart des collaborateurs et des adversaires sont incapables de le suivre longtemps. Sa capacité à récupérer les décalages horaires au cours de ses voyages nombreux en métropole ou ailleurs (quelquefois plusieurs voyages aller et retour Papeete-Paris au cours du même mois) est étonnante.
- Une grande habileté à attirer à lui les personnalités qui émergent et à rallier d'anciens adversaires vident les partis concurrents d'une relève crédible. Quand de jeunes Polynésiens rentraient de métropole avec des diplômes, dans les années soixante-dix, Gaston Flosse les attirait dans son parti. Face aux dirigeants autonomistes vieillissants, Gaston Flosse et son entourage ont pu apparaître comme représentant l'avenir du Territoire. Plus étonnante est la faculté de Gaston Flosse de "retourner" des hommes, métropolitains installés sur le Territoire ou Polynésiens, qui l'ont combattu avec une telle vivacité que le rapprochement pouvait paraître impossible. Deux cas (parmi de nombreux autres) illustrent ce phénomène. Jérôme Janot, journaliste métropolitain a dirigé un hebdomadaire particulièrement virulent contre le Président et sa majorité, L'Écho de Tahiti nui. Il est aujourd'hui au service de presse de la présidence. Jean-Marc Pambrun est un ethnologue tahitien qui a été longtemps proche des indépendantistes et des milieux écologistes. En 1995, il écrivait un pamphlet contre Gaston Flosse (Le sale petit prince). En janvier 1998, il est nommé secrétaire général de l'Office territorial d'action culturelle, ce qui le place dans la dépendance étroite du pouvoir. Qu'il ait été incapable "d'avaler des couleuvres" longtemps ne change rien à l'affaire.
- Une étude des caractéristiques de la franc-maçonnerie dans les DOM-TOM et en Polynésie en particulier, devrait faire ressortir l'importance des réseaux qui pourraient expliquer, en partie, les soutiens parfois surprenants que Gaston Flosse obtient.
- Le système électoral pour les élections territoriales lui est particulièrement favorable comme nous l'avons montré dans un article : "Des élections pour rien ou presque. Analyse des dernières élections territoriales en Polynésie française", Bulletin de la Société des Etudes Océaniennes, n° 258-259, décembre 1992-avril 1993, p. 67 à 91).
Le tableau ci-dessous montre l'avantage que Gaston Flosse et son parti tirent du mode de scrutin puisqu'il leur donne presque toujours la majorité absolue des sièges, sans qu'ils aient jamais dépassé les 40 % des voix.
Il en est de même du découpage en deux circonscriptions pour les élections législatives : la deuxième circonscription-est créée en 1978 (environ 40 % de la totalité des électeurs inscrits en Polynésie) qui comprend les Marquises et les Tuamotu-Gambier, en excluant les communes de la côte ouest de Tahiti qui lui sont traditionnellement défavorables (Papeete, Faa'a, Punaauia, Paea) lui donne toutes les chances de l'emporter. De fait, Gaston Flosse n'a connu qu'un seul échec dans cette circonscription, dans le contexte très particulier de 1988 (une scission au sein de son parti), où il recueille quand même 46,3 % des voix.
- Une étude précise devra être réalisée sur les soutiens que Gaston Flosse aurait pu recevoir de la part de l'État pour vérifier si oui ou non il a été utilisé comme "rempart" pour protéger la présence du CEP. Il faudrait donc chercher le rôle que l'armée a joué, aussi bien dans la commune de Pirae, où est implanté le commandement supérieur des forces armées du Pacifique, que dans les élections en général (inscription des militaires, instructions données...). Quelle image les représentants de l'État ont-ils contribué à donner de Gaston Flosse ? Les liens entre ce dernier et Jean Sicurani ou Pierre Angeli sont bien connus. L'ancien gouverneur et haut-commissaire Pierre Angeli, actuellement conseiller d'État, nous a remis un mémoire de 22 pages, consacré à son deuxième séjour en Polynésie (avril 1986-novembre 1987). Il s'explique sur ses relations avec Gaston Flosse, alors secrétaire d'État dans le gouvernement de Jacques Chirac. "Tout en demeurant fidèle au devoir d'amitié, écrit-il pour répondre à ceux qui l'accusent de connivence ou de faiblesse, non seulement je n'ai pas manqué de fermeté à l'égard de Gaston Flosse, mais j'ai été apparemment le seul à en faire preuve, alors que la nature des choses aurait voulu que ce fût au niveau gouvernemental que les mises en garde, si elles étaient estimées nécessaires, fussent données". Pierre Angeli révèle les rapports difficiles que Gaston Flosse a toujours entretenus avec les ministres de la République, y compris Bernard Pons son ministre de tutelle, par cette anecdote : "le 25 septembre 1987, [...] M. Pons [...] m'invita, je le cite, à faire preuve de plus de fermeté à l'égard du Secrétaire d'État".
En effet, les rapports avec la plupart des gouverneurs ou hauts-commissaires ont été tendus. Mais comment le législateur a-t-il conçu les règles électorales et découpé les circonscriptions ? Y a-t-il eu intention délibérée de favoriser Gaston Flosse ? Quelle a été la nature du contrôle exercé par l'État sur la gestion des communes et du Territoire ? Questions difficiles à résoudre, que nous avons déjà tenté d'aborder dans nos diverses publications, sans apporter de réponse tranchée, faute de documents actuellement consultables ou faute de savoir les interpréter avec finesse (notamment tout ce qui concerne les budgets municipaux et territoriaux). Nous avons toutefois noté deux faits qui montrent l'intervention des gouvernements centraux en faveur de Gaston Flosse et de son mouvement :
- l'extension de la communalisation à toute la Polynésie, en 1972, est une manoeuvre destinée à nuire aux autonomistes de l'époque que Gaston Flosse et le gouvernement français combattaient âprement. L'existence de communes a donné progressivement une assise au Tahoera'a qui le rend difficilement battable. Mais il faudrait étudier comment, d'une loi favorable, Gaston Flosse a fait une formidable machine politique, tous les maires ou presque finissant par entrer dans sa clientèle.
- la naturalisation massive des Chinois en 1973 et leur inscription ultra-rapide sur les listes électorales étaient destinées à faire battre Francis Sanford aux élections législatives. La manoeuvre échoua cependant.
Dans ces divers domaines, il faudra approfondir la recherche. Ces indications sur Gaston Flosse sont les prémices d'une étude à venir par nous ou par d'autres. Elles sont fondées sur les interviews du Président, sur celles de diverses personnalités, sur les documents contenus aux archives territoriales de Polynésie, les archives du Tahoera'a, les archives privées de Gérald Coppenrath et sur les journaux.
À un an d'une élection capitale pour le Territoire, il fallait livrer ces analyses à la connaissance du public.
Jean-Marc Regnault
Professeur d'histoire à l'Université
de Polynésie française
* Peyrefitte A., C'était de Gaulle, vol. 2, De Fallois/Fayard, 1997, p.121-122).
1 Dans Te Metua, nous avons montré ce que signifiait être Polynésien (p. 51-52).
2 Al Wardi S., Tahiti et la France. Le partage du pouvoir, L'Harmattan, 1998, p. 570.
3 cité in Faberon J.-Y. (sous la dir.), Le statut du Territoire de Polynésie française. Bilan de dix ans d'application : 1984-1994, Economica, 1996, p. 247.
4 Ilari N., Secrets Tahitiens, Journal d'un popaa farani, 1934-1963, Nouvelles Éditions Debresse, 1965, p. 293.
5 Sur le rôle de Rives-Henrys dans le Pacifique, voir Te Metua, p.169, 177, 201 et 202.
6 De Gaulle disait : "il y en a assez de tous ces Corses. Il n'y a que cela : il y a Colombani qui est là, Sicurani qui est à Tahiti, il y a Risterrucci... et cela constitue une espèce de mafia qui n'est pas fameuse" (Foccart J., Journal de l'Élysée, tome II, Le Général en mai, Fayard/Jeune Afrique, 1998, p 442).
L'auteur s'explique :
Lorsqu'a été publié, en 1995, Des partis et des hommes, nous avions annoncé qu'il y aurait un second tome consacré précisément à Gaston Flosse et à son parti, le Tahoera'a Huiraatira. Nous avions retenu un sous-titre audacieux : Une certaine idée de la France et de Tahiti Nui. Nous avons commencé à réunir une documentation et à solliciter des entretiens au Président du gouvernement. Nous avons obtenu deux rendez-vous, le second (11 janvier 1997) nous ayant permis près de trois heures d'interview. Un nouveau rendez-vous a été plusieurs fois reporté "au retour de Paris du Président"... sans que soit précisé s'il s'agirait du prochain ou d'un énième retour. De guerre lasse, nous n'avons plus insisté. Mais nous pouvons tirer quelques enseignements de ces rencontres. Le Président est resté constamment sur ses gardes. Notre projet l'inquiétait visiblement. Les réponses étaient stéréotypées, relevant souvent de la langue de bois, les renseignements obtenus étaient imprécis (confusions fréquentes de dates et de personnages). Même lorsque, la main sur le coeur, il nous faisait part de son attachement profond à la France - que nous ne mettons pas en doute - il ne livrait pas sa pensée profonde. Il semblerait aussi que par la suite, Gaston Flosse ait mal perçu certaines analyses - pourtant fort objectives - auxquelles nous nous sommes livré dans la presse ou sur les ondes. Ainsi, nous avons reçu, le 19 mars 1998, une longue lettre du Président (en réalité écrite par son conseiller Michel Paoletti) réagissant à une interview sur les évolutions statutaires de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française. Sans doute a-t-il mal accepté que dès septembre 1997, nous ayons révélé au public que la Polynésie bénéficierait des mêmes avancées statutaires que le territoire voisin. Dévoiler ainsi sa stratégie pouvait avoir quelque chose de dangereux dans la mesure où le Président sentait bien la réticence du gouvernement socialiste à aller dans ce sens.
D'une façon générale, cet épisode se situe dans un contexte de bipolarisation de plus en plus prononcé (entre les indépendantistes et les partisans de Gaston Flosse), dans lequel toute critique de l'action gouvernementale est de moins en moins acceptée comme le montrent de nombreux événements récents. De nombreux événements nous persuadent aussi qu'en ce domaine l'opposition ne ferait pas mieux, tant la culture démocratique reste à approfondir.
Des proches du président nous ont confié qu'ils lui avaient conseillé de nous faciliter le travail, afin qu'un ouvrage universitaire soit publié sur lui, avant que d'autres ne viennent déverser ou d'excessives louanges ou de caricaturales critiques. Le Président ne semble pas avoir été sensible à ces conseils. Par peur de l'inconnu ?
Toutefois, nous disposons de quelques éléments permettant de répondre à la question : comment devient-on Gaston Flosse ? Ces éléments peuvent être livrés au public, même s'ils sont scientifiquement discutables sur certains points. Nous espérons surtout que cet article suscitera des témoignages et nous apportera des documents qui renforceront la solidité de nos informations.
J.M.R.