Tahiti-Pacifique Magazine, 228, Avril 2010
Tourisme de Tahiti : la catastrophe
S’il
est un même discours que tous les hommes politiques de Tahiti tiennent
depuis 20 ans, c’est bien le « nous aurons 300 000 visiteurs d’ici
trois ans » (Gaston Flosse en 2000), voire un « 500 000
touristes dans cinq ans » (Jacqui Drollet en 2006), si ce n’est,
« un million de touristes dans 30 ans » (le ministre Hamblin
le 24 mars 2010). Hélas, malgré les discours, les efforts, la
construction d’hôtels « cinq étoiles » à la chaîne et des
investissements considérables en promotion (près de 20 milliards Fcfp
depuis 1996, soit environ 1,5 milliards Fcfp par an), le nombre
(officiel) de visiteurs en 2009 en Polynésie française s’est effondré à
160 000 (dont 30 000 croisiéristes qui ne passent que
quelques heures à terre), soit autant qu’en 1989, avec un taux de
remplissage des grands hôtels aux alentours de 35% en janvier 2010 (!)
Et ceci se passe alors que la plupart de nos voisins, même la
Nouvelle-Calédonie, enregistrent des hausses.
Pour comparer,
sachez que Hawaii reçoit en huit jours autant de visiteurs que la
Polynésie française en… un an ! Et que les îles Fidji, pourtant
encore plus éloignées que les nôtres des grandes métropoles, ont doublé
le nombre de leurs visiteurs en 15 ans.
Il y a donc un problème
grave avec le tourisme à Tahiti, et pourtant Tahiti-Pacifique n’a fait
que tirer la sonnette d’alarme sur ce sujet depuis 20 ans, avec des
analyses de plusieurs experts, au point de devenir répétitif. En vain,
on préférait nous accuser d’être Cassandre.
La politique, oui, mais...
Le
problème du tourisme de Tahiti est aussi et surtout le résultat d’un
long désintéressement des gouvernements locaux pour le développement du
tourisme : « pourquoi s’embêter avec ça alors que la France
nous verse une rente ? » Bien des professionnels motivés et
sincères se sont cogné la tête à ce phénomène où le poste de ministre
du Tourisme n’a été qu’une autre sucette politique à distribuer. Mais
la faute réside aussi du côté des professionnels (hôteliers,
prestataires) qui ont accepté de donner la direction de cette industrie
aux politiciens au lieu de le partager, mais il est vrai qu’entre 1984
et 2004, c’était “l’ére des courbettes” vis-à-vis du seigneur, aussi
ministre du Tourisme, qui distribuait permis, défiscalisations et
avantages à ceux qui savaient le flatter.
Bien sûr, notre
isolement est un handicap (exemples : les Bahamas sont à une heure
d’avion de Miami, la Jamaïque à deux heures d’Atlanta = 2 million de
visiteurs). Là, Tahiti à 7 heures de Los Angeles et à 22 heures de
Paris est mal placé, certes, à moins que ce ne soit un manque de
communication, Tahiti étant en fait depuis la côte ouest des USA qu’à 2
heures d’avion de plus que Hawaii… (mais pas au même prix : 340
dollars le billet AR LAX-Hawaii, 1200 dollars le billet AR LAX-Tahiti).
Succès, puis défiscalisation
Le
succès touristique original de Tahiti (années 1960, 1970 et 1980) avait
été créé par des expatriés américains, Spencer Weaver (Hôtel Tahiti),
Alec Bourgerie, Joe Fraser et Joe Long (Hôtel Bora Bora), les Bali Hai
Boys mais aussi le Club Med, des personnes qui construisirent des
petits hôtels, presque intimes, intégrés au paysage et dans la
population, justement pour offrir une alternative aux palaces en béton
qui surgissaient à Hawaii.
Les années 1990 et la défiscalisation
sonnèrent le glas de ces hôtels car leurs nouveaux grands concurrents
(plutôt construits pour pomper les subventions que pour faire du
tourisme) transformèrent l’essence même de cette petite industrie.
Alors que le taux d’occupation de ces nouveaux hôtels caracolaient à
environ 60%, on continua à en construire car « président »
avait décrété qu’il fallait 4000 chambres pour accueillir 300 000
touristes par an pour 2005 et que la défiscalisation (jusqu’à 60% de
l’investissement officiel) rapportait gros. Remarque de l’épouse d’un
promoteur, entendue lors d’un cocktail à Papeete : « Avec la
défisc, on a eu l’hôtel gratuitement ». En fait, tous ces grands
hôtels impersonnels sont l’importation de normes et modèles peu ou pas
adaptés à l’esprit communautaire polynésien (ou de ce qu’il en reste),
d’où la morosité de beaucoup des employés.
Pas d’animation touristique
Il
y a de nombreuses raisons pour expliquer l’effondrement du nombre de
nos visiteurs : la première raison est bien sûr que Tahiti (ainsi
nomme-t-on la Polynésie française hors du monde francophone) est
désormais (hélas) connu pour être une destination dans laquelle non
seulement « les prix sont outrageants » (lu sur un forum Internet),
mais qui est aussi une des plus chères pour y accéder. Faire payer 500
voire 800 Fcfp une bouteille d’eau à un touriste américain qui a
l’habitude qu’on lui serve de l’eau (gratuite) dès qu’il s’assied à la
table d’un restaurant a ses effets désastreux. La plupart des
directeurs des nouveaux grands hôtels sont français et connaissent peu
la clientèle américaine, jadis plus de 50% de nos visiteurs. Et en nos
temps de communication instantanées, de blogs et de forums internet où
tout se sait partout le lendemain, cette réputation d’être un « rip-off
» (arnaque ») a été diffusée à l’échelle globale. Le grand travail
sera de changer cette réputation, mais avant cela il faut encore régler
sur place le problème, « faire le ménage ».
Les motivations des touristes
De nombreuses études on montré que les motivations essentielles des touristes se basent sur :
le
shopping (en duty-free de préférence). Pourquoi ? Tout simplement parce
qu’ils se rendent loin pour reconstituer leur garde-robe, pour acheter
des bijoux, pour ramener des appareils photo, des caméras, du matériel
électronique, le tout à des prix défiant toute concurrence. Exemples :
toute l’Asie du sud-est, les grands aéroports (Dubaï et Amsterdam),
etc. Chez nous, des perles, bien sûr, puis rien qu’un vieil aérogare
avec des cigarettes et des parfums. Le ministre du Tourisme a parlé de
créer un shopping center « comme l’Ala Moana à Honolulu »,
mais telle était déjà l’idée lors de la création du centre Vaima il y a
35 ans. Mais il a périclité depuis… car tout simplement, les prix sont
trop élevés à Tahiti, cascades de taxes, impôts et tracasseries
obligent : on demande aux touristes de payer les salaires de la
pléthore de fonctionnaires, politiciens et syndicalistes… Tant qu’on ne
baissera pas les taxes, droits d’entrée et charges des transitaires,
les prix ne baisseront pas. Et les touristes n’achèteront pas. Trop
d’impôt tue non seulement l’impôt, mais aussi le tourisme, c’est-à-dire
l’économie. Faisons donc d’abord « le ménage ».
Chaque
ville du monde a une sorte de bar ou restaurant central à la
ville ; à l’ambiance internationale, une sorte de « small world
bar » ou les touristes étrangers, surtout anglo-saxons, puissent se
sentir à l’aise et utiliser comme point de chute. A Tahiti, il n’y en a
plus, jadis c’était le Vaima jusqu’à l’incendie de 1970, puis le
restaurant Acajou sur le front de mer durant les années 70 et 80. Ce
restaurant a été remplacé par une banque et le front de mer est devenu
une autoroute. Résultat : le touristes errent dans Papeete, sans point
de chute…
L’environnement
Le voyageur est
majoritairement originaire de pays industrialisés et urbanisée et son
motif principal est d’échapper au froid et trouver un dépaysement, un «
retour à la nature ». Les îles tropicales ont une réputation idyllique
et le discours touristique d’appropriation de l’île s’appuie sur la
virginité, la vacuité, la sécurisation. Il est évident que lorsque ce
touriste se retrouve dans des embouteillages débiles, il se dira
« zut, je me suis trompé de destination », car acheter une
excursion « safari 4X4 » pour se retrouver bloqué dans le trafic, ça ne
fait pas très “nature”. Les tours-opérateurs le savent bien et font
tout pour envoyer leurs client directement dans les îles, si possible
sans passer une seule nuit sur l’île de Tahiti, dorénavant considérée
mauvaise pour l’image de marque.
Jadis, la grande excursion à
Tahiti était le tour de l’île, avec arrêt au Jardin botanique de
Papeari et au musée Gauguin. Mais l’urbanisation effrénée et les murs
en parpaings ont transformé la route de ceinture en
« canyon » d’où la nature et le lagon sont invisibles, le
gouvernement ayant vendu les derniers accès aux plages aux “copains”.
Le jardin botanique (devenu territorial) n’a plus de signalisation, le
musée est une ruine vide et, surtout, le trafic routier infernal sur
une route en état lamentable rend l’expédition périlleuse et
effrayante.
Mais il reste les îles, me direz-vous, et surtout
Moorea et Bora Bora ! Oui, mais actuellement ce qui pousse le plus
à Moorea sont les murs le long de le route de ceinture ce qui fait que
l’île se transforme peu à peu en une autre banlieue dortoir de Papeete,
pour un jour devenir comme Punaauia : plus de place pour les touristes.
L’inexistance de trotoir ou piste cyclable est réellement un problème,
les touristes (ni les locaux) ne peuvent pas se promener.
La grande responsabilité
de Bora Bora
Bora
Bora, « la perle du Pacifique », est la destination encore “à
la mode” et est donc visité par tous les visiteurs riches, par tous les
agents de voyages. Héla, ces dernières années, cette île phare s’est
affublée d’une réputation d’île sale. En effet, comment peut-on
construire des hôtels de plusieurs milliards avec suites et bungalows
sur pilotis sur le lagon « immaculé » et permettre, face à
ces hôtels, l’existence d’une décharge d’ordures sur le flanc de la
montagne et au bord du lagon qu’il pollue ? Quelle panorama
idyllique pour le client qui loue sa suite de luxe à 1000 dollars la
nuit ! Il y a quelques années, les fumées malsaines de ce honteux
dépotoir polluait l’hôtel Méridien en permanence, puis on l’a un peu
déplacé et maintenant ce sont les hôtels St Régis et Four Seasons qui
sont « embaumées » ! Quelle classe pour des hôtels cinq
étoiles ! Lorsque le touriste fait le tour de l’île de Bora Bora
au paysage merveilleux, au détour d’un virage sur la route (en état
lamentable), il découvre non seulement le scandale écologique de cette
décharge, mais aussi des cimetières de voitures entre la route et le
lagon. Une vraie honte ! Pourtant un centre d’enfouissement a été
construit à coups de centaines de millions voici quelques années.
Pourquoi ne fonctionne-t-il pas ?
Déjà en 2000, les touristes
se plaignaient tant de la saleté de l’île que le gouvernement avait
envoyé une brigade de GIP nettoyer l’île pendant trois mois, alors que
la commune vota une taxe de séjour (120 Fcfp par jour) à être payée par
les touristes, annoncée être destinée « financer le
nettoyage » des ordures jetées par la population. La taxe est bien
encaissée depuis, mais l’île n’a jamais été aussi sale. Où va donc
l’argent ?
En février 2002, le directeur d’une agence de voyage
de Los Angeles spécialisée dans nos îles (l’agence “Tahiti Legends”
pour ne pas la nommer) avait effectué son habituelle tournée des hôtels
dans lesquels il envoie ses clients et fut désolé de constater à quel
point l’île était très, très sale. Il partit donc en faire la remarque
au maire de l’île, Gaston Tong-Sang, qui lui répondit : « Si ça ne
vous plaît pas, vous n’avez qu’à pas venir ! » (TPM mars
2002, confidences). C’est certainement ce que ce professionnel fait
dorénavant.
Bora Bora concentre d’ailleurs les problèmes des
autres îles touristiques : pas de transports en commun, ce qui
oblige les visiteurs à louer des voitures, ou que l’on voit soit
enfermés dans un taxi, soit en train de naviguer à pied au milieu d’une
route sale et mal entretenue, soit risquer leur vie en bicyclette (état
de la route, circulation excessive, le milliardaire Campioni a
d’ailleurs ainsi perdu la vie !). Cette absence de transport en
commun est aussi un problème pour tous les habitants et notamment les
travailleurs, obligés d’acheter un véhicule ce qui augmente la
circulation. Que penser des nombreux remblais qui défigurent la côte
(les autorisations seraient donnés juste avant les élections), du PGA
non respecté, des monopoles (pandanus) et passe-droits honteux, du
manque d’entretien sérieux des structures publiques (routes, le collège
de Vaitape dont même le Bengladesh aurait honte), etc. ? Un triste
tout qui suscite le commentaire d’une personne qui visite Bora Bora
depuis 30 ans : « ils ont réussi à tuer la poule aux œufs
d’or ! » Et peut-être a-t-on en même temps tué le tourisme de
toute la Polynésie française, puisque Bora Bora en est la vitrine tant
vantée…
Les écrivains
La réputation de Tahiti dans le
monde avait été faite par Paul Gauguin (ça tout le monde le sait) mais
aussi et surtout par des écrivains tels Herman Melville, Pierre Loti,
Robert Louis Stevenson, Frederic O’Brian, Somerset Maugham, Charles
Nordhoff et James Norman Hall (on ouvrira un musée en leur honneur à
Arue, mais 30 ans trop tard), Alain Gerbault, Zane Grey, et surtout
James Michener (“South Pacific“) dont les livres et films ont été les
“locomotives” de notre tourisme des années 1970 à 1990. Pourtant la
plupart sont inconnus à Tahiti et à Papeete il n’y a même pas une rue
qui porte le nom d’un écrivain (hormis Gauguin) ; on leur préfère
des militaires colonisateurs ou des politiciens inconnus ailleurs,
preuve du nombrilisme local.
Dans les années 70, les tenants de la
contre-culture hippie firent de Bali une étape incontournable sur la
route de Katmandu. Tahiti aussi aurait pu être un tel lieu de passage,
mais les essais nucléaires en bloquaient l’accès (visas, tracasseries,
inflation) et le CEP inondait Tahiti d’argent facile, éloignant par la
même les Polynésiens de leur façon de vivre et de leurs traditions.
Surtout, qui alors avait besoin des touristes, qui furent ainsi
marginalisés.
Phénomène « people »
Aujourd’hui,
pour être une destination courue il faut être une destination à la mode
(exemple : St Tropez, Bali, Capri, Venise, Las Vegas, Macao, etc). Et
qui met une destination « à la mode » ? Les médias qui
suivent les « people », qui parlent de films tournés dans ces
endroits. Jadis Tahiti avait Zane Grey, Murnau, Marlon Brando et
Jacques Brel. Depuis, non seulement aucune célébrité n’y réside, mais
encore, en 2009 la Polynésie française n’a pas vu un seul réel VIP la
visiter, pas un ! Tahiti devient donc une sorte de « trou
perdu du bout du monde », comme aime dire Guy Rauzy. Ah, oui, il y
a les cinéastes ! En 2001, après les attentats de New York, la
chaîne de télévision américaine CBS avait choisi Nuku Hiva aux îles
Marquises comme site pour sa quatrième émission de “Survivor”, (devenu
Koh Lanta en France.) Bien que le gouvernement coopéra au début, ce
tournage se termina de façon désastreuse : le navire qui logeait
les cadres et transportait le matériel était resté trois jours de plus
que prévu, et la douane le saisit pour lui faire payer des droits
d’importation, une affaire qui fut ensuite réglée mais qui laissa un
goût amer de « racket » chez les cinéastes. Mais encore,
ceux-ci durent aussi embaucher des avocats pour aller se défendre dans
un procès à Papeete car un propriétaire foncier (incité par une avocate
parisienne) leur réclamait des millions pour un supposé « droit à
l’image » sur la colline qui se trouvait à l’arrière plan du site
de tournage ! Le monde du cinéma étant petit, la réputation de
Tahiti était ternie et on comprend pourquoi il fallut attendre huit
années pour revoir l’objectif de la caméra d’un autre cinéaste
américain à Tahiti (dont le film ne mentionne même pas qu’il a été
tourné à Bora Bora).
Les croisiéristes
Il y a 6 ans déjà,
un lecteur décrivait l’impact des croisiéristes dans nos îles :
« nous recevons des milliers de visiteurs amenés par les navires
de croisières. C’est exact. De gigantesques navires de croisières, tous
étrangers, viennent accoster à Papeete. Ils y passent la journée. Et
pour faciliter ces accostages, on a construit des quais
supplémentaires. Oui, mais comment se comportent ces touristes ? Ils
s’éveillent, dans leurs luxueuses cabines vers sept heures du matin.
Ils font leur toilette et prennent un copieux petit déjeuner à bord…
Vers dix heures, deux ou trois cents « touristes » descendent à terre.
Ils n’ont ni faim ni soif. Arrivés sur le Boulevard du front de mer,
ils trouvent vite notre marché central et, là, ils sont mis face à la
réalité. Ils se rendent compte qu’on ne leur a pas menti : le moindre
collier de coquillages leur est offert au prix d’une robe dans le
magasin le plus cher de leur pays. Quelques-uns se laissent quand même
tenter : il faut bien ramener un souvenir, ou un cadeau aux enfants.
Mais à ces prix-là, évidemment, on limite les dégâts ! Puis, ils
consultent les tarifs des restaurants et, là aussi, c’est la
désagréable surprise. Devant les tarifs affichés, ces touristes se
souviennent tout à coup qu’un repas déjà payé les attend à bord du
bateau. Et ils regagnent le bord sans avoir dépensé plus de deux ou
trois mille Fcfp, quand ils ont dépensé…
Sur chaque bateau
s’amarrant au quai d’honneur, on compte environ un millier de
touristes. Alors on prétend que ces croisiéristes sont venus visiter
notre fenua. Ca fait gonfler les statistiques et… ça fait rigoler les
gens sérieux. »
Voici deux ans, à l’aéroport de Los Angeles,
mon épouse et moi attendions un avion. Comme mon épouse est très typée
tahitienne et s’habille en robe purotu, un couple de Français, la
cinquantaine, apparemment très aisés, nous repéra et s’assit juste
derrière nous. Bien fort et en français (la conversation nous était
destinée), la dame raconta pendant 30 minutes à son mari son énorme
déception avec Tahiti, qu’ils avaient visité trois ans plus tôt. Elle
énuméra les usuels reproches (prix, saleté, circulation, pollution,
transports, etc.), pour ensuite chanter les louanges de la grande île
de Hawaii. Il arrive que des voyageurs soient déçus d’une destination,
mais ce qui était étonnant dans ce discours, c’était sa virulence,
presque une haine, comme si Tahiti l’avait profondément blessé et
qu’elle devait s’en venger (en nous faisant subir ses longs reproches).
Peut-être avait-elle rêvé de Tahiti toute sa jeunesse pour avoir été
aussi profondément déçue, meurtrie même !
Que faire ?
Il
faut se rendre à l’évidence : Tahiti n’est plus un lieu « à la
mode », à l’image même ternie dans le monde francophone par les
innombrables dérives de ses politiciens et les actions en justice qui
en découlent.
Il faut remettre nos îles à la mode, les replacer
positivement au centre d’intérêt médiatique du monde, et pour cela il
n’y a pas 36 chemins.
- Cela se fait par le biais d’écrivains, de
ceux qui racontent une vraie histoire passionnante, profonde et sincère
pour avoir la chance d’être publié à l’international (exemple récent :
« L’arbre à Pain » et « Frangipanier » de Célestine
Vaite), mais surtout pas de ceux dont les auteurs aigris se lamentent,
se regardent le pito ou « cassent le mythe » (ne donnons pas
de noms pour ne pas blesser).
Il faut attirer des célébrités
mondiales et les inciter à s’installer sur place. Mais pour cela, il
faut d’abord « faire le ménage ».
- La destination doit
surtout redevenir « tahitienne », et non la mauvaise copie d’autres
lieux : pour cela il faudrait enfin promouvoir des cadres d’hôtellerie
polynésiens, même et peut-être surtout ceux formés sur le tas, et
arrêter le scandale actuel où, comme à l’époque coloniale, on fait
venir des directeurs qui ont plus d’intérêt pour leurs carrières que
pour Tahiti, simple lieux de passage pour la plupart.
- Il faut
arrêter de toujours vouloir « faire comme à Paris », en
commençant par les leaders et les enseignants. Il faut remettre à la
mode et à l’usage le tutoiement, si agréable et chaleureux, même ne
serait-ce que pour se différencier du reste de la planète ; pour
commencer et le rendre courrant, il faut le faire à la télévision, où
l’animateur du journal télévisé tutoiera son invité, même si c’est le
président !
Nos touristes s‘ennuient (souvent entendu :
« Boring Bora »). Il n’y a pas de ruines historiques à
visiter, pas de VRAIS night-clubs ; les sentiers de randonnées sont
souvent introuvables, voire inexistants ; aucun fait d’histoire local
n’est mis en valeur (comparez avec Hawaii où une obscure chauffeuse de
taxi qui chantait Hilo Hattie a été transformée en star touristique
pour attirer les touristes vers Big Island). Personne ne sait plus que
le peintre Leeteg a vécu à Moorea, et la statue de Loti a même été
renversée. Qu’attend-on pour la déplacer vers le centre ville, à côté
de celle de Bougainville ?
Il faut ouvrir des plages ! A
Moorea, il n’y a qu’une minuscule plage publique à Temae et une dans la
baie d’Opunohu. Il faut que la commune acquière vite le grand terrain
adjacent (encore libre) et l’autre à Opunohu (propriété du Territoire).
- Il faut faire comprendre à tous les acteurs de notre société, les
syndicalistes, médias et fonctionnaires en premier, que nous sommes
tous dans le même navire, et qu’il faut le protéger. Les blocages
répétés par les syndicats (téléguidés par les politiques) ne sont que
des actes de sabotages aux effets dévastateurs lorsqu’ils prennent en
otage des visiteurs, bloquent des avions ou des hôtels. Là aussi, il
faut « faire un ménage » sérieux !
Avoir une image de
tourisme de luxe lié à la plaisance et, pourquoi pas à un casino (de
qualité). Exemples : Saint Kitts, Antigua ou Saint Barthélemy, île dont
la réputation fut faite par le milliardaire David Rockefeller qui s’y
installa en 1957. Point de casinos chez nous, même plus de tripots
clandestins. Pour le yachting, dans les années 1970 Tahiti avait une
excellente réputation grâce à la course « Trans-Pacific race » entre
Los Angeles et Tahiti, avec une course retour via Hawaii. Tahiti aurait
pu devenir pour le Pacifique ce que Antigua est devenu pour les
Antilles. Or la « Transpac » fut abandonnée par désintérêt et
indifférence . Qu’attend-on pour tenter de relancer une telle course,
voire une course Papeete - Auckland ?
Pour les voiliers et
yachts de croisière, le front de mer de Papeete est devenu si infernal
(trafic routier débile, vols, agressions, tarifs exorbitants) qu’il est
désormais déserté par les navigateurs, un comble pour une ville qui se
vante d’être le centre du Pacifique Sud oriental. Mais qu’attend-on
pour une fois pour toutes régler le problème des agressions au centre
de Papeete, en fait certainement le fait d’une vingtaine de
voyous ? Sur les dépliants publicitaires, on peut découvrir que la
population locale est parmi les plus accueillantes. A ce propos, a-t-on
comptabilisé le nombre de touristes qui ont été victimes de vols, de
viols, et de coups de poings dans la g… ? Nous devrions être
extrêmement sévères à l’égard des voyous qui, chaque nuit, hantent les
« quartiers chauds » de Papeete, et qui jettent un lamentable discrédit
sur la « gentillesse indiscutable et légendaire » des habitants de
notre fenua. Un touriste agressé démolit plus d’une tonne de dépliants
publicitaires ! Là encore, il faut d’abord « faire le
ménage ».
Comme nous l’écrivions déjà en 2005, voilà vingt ans
que la « qualité du service hôtelier » est désignée comme
ayant une responsabilité majeure dans les difficultés récurrentes de
notre développement touristique. Outre le fait qu’il est honteux de
faire porter ce chapeau à une catégorie de personnel de simple
exécution, gagnant tout juste de quoi rester digne dans des hôtels au
luxe suranné facturant leurs prestations à des tarifs irréels, de qui
se moque t-on avec une telle accusation galvaudée ? Ce procédé
indigne occultera t-il encore longtemps une toute autre réalité, celle
d’une structure de prix démentiels à tous les niveaux de la chaîne, y
compris dans les différentes composantes de la rémunération du travail,
les charges salariales influant largement sur le compte d’exploitation
des hôtels, et par voie de conséquence sur la qualité du service, le
nombre d’emplois et le niveau de rémunération étant très vite plafonné.
Là aussi, faisons le ménage, et si l’on rapatriait tous les produits
des ventes effectuées à l’étranger, certainement pourra-t-on mieux
embaucher. Enfin, encourageons les projets tel que le superbe jardin de
Paofai à Tahiti et l’installation de bancs publics autour de la baie de
Cook à Moorea.
Une enquête de Alex W. du PREL
Sources : archives TPM, B. Succa, témoignages, etc.
“C’est dit...”
Commentaire
d’un touriste français sur le site de l’ATP : « Je suis allé
deux fois en Polynésie entre 2006 et 2009, pour des séjours de 4 et 10
semaines.
Je dois dire que je n’y retournerai plus, et ma famille non
plus.
Le touriste, y compris français, est véritablement considéré
comme une vache à lait par les compagnies aériennes Air Tahiti Nui
comme Air France… Quant à l’hôtellerie, ses tarifs sont
incompréhensibles pour des services qui ne sont pas du tout à hauteur
des prix proposés !
Par exemple, un touriste comme moi, qui vient
de métropole, je me suis vu proposer la nuit dans un grand hôtel de
Moorea à près de 90 000 Fcfp quand, en déclarant être résident
polynésien, la même prestation coûtait 22 000 Fcfp !
Comment
voulez vous que cela attire le tourisme ???
Fort heureusement,
les prestations des « pensions de famille » relève le gant et
sont une alternative positive pour les gens disposant d’un budget
« moyen ».
C’est d’autant plus vrai que l’on s’éloigne de
Tahiti, où les prestations sont médiocres de toutes façons.
Ajoutez à
cela une aide au tourisme lamentable (signalisation inexistante, ou
« taguée » partout à Tahiti, rendant inutile leur présence),
entretien des routes discutables, propreté et hygiène notamment à
Papeete au dessous de la moyenne…
Se traduisent dans ces exemples les
incohérences du pouvoir délégué aux représentants (de qui ? on se
le demande) politiques, qui n’ont d’autre souci que de se
« sucrer » sur le dos de leur population.. Et tout ça c’est
bien dommage car j’ai côtoyé des Îles-du-Vent aux Marquises, en passant
par les Tuamotu ou les Australes, des Polynésiens d’une gentillesse
indiscutable. Voilà, c’est dit.
»
Inflation… de taxes aussi
Monsieur,
Je
trie mes affaires afin de pouvoir boucler mes cantines pour mon retour
en métropole. Aujourd’hui, j’ai mis la main sur mes factures de voyages
aériens avec Air Tahiti Nui et j’ai pu constater une chose
intéressante concernant les taxes liées aux billets, tous achetés
au tarif basse saison en classe économie :
- Année 2003 : PPT - Paris - PPT = 106 100 (Montant HT) + 4360 (Taxes) = 110 460 Fcfp
- Année 2004 : PPT - Paris - PPT = 106 100 (Montant HT) + 4480 (Taxes) = 110 580 Fcfp
- Année 2005 : PPT - Paris - PPT = 109 400 (Montant HT) + 19 010 (Taxes) = 128 410 Fcfp
- Année 2007 : PPT - Paris - PPT = 116 000 (Montant HT) + 25 140 (Taxes) = 141 140 Fcfp
-
Année 2008 : PPT - Paris - PPT = ? (Montant
HT) + ? (Taxes) =
161 170 Fcfp
- Année 2009 : PPT - Paris - PPT = 144 150 (Montant HT) + 44 500 (Taxes) = 188 650 Fcfp
- Année 2010 : PPT - Paris - PPT = 161 700 (Montant HT) + 44 650 (Taxes) = 206 350 Fcfp
L’on
peut donc facilement constater l’explosion impressionnante des taxes
qui plombent lourdement le prix du billet. Il serait très intéressant
de savoir quel est le détail de ces taxes et qui se sucre le plus dans
cette affaire...
M. Champenois, Tahiti
Du « sang frais » aux manettes
du tourisme à Tahiti
Après
la nomination du nouveau ministre du Tourisme Steeve Hamblin,
auparavant cadre à la Brasserie de Tahiti (Hinano, Coca Cola) lors du
dernier changement de gouvernement, Claude Piriou (qui vient du secteur
bancaire et admet ne rien connaître au tourisme) a été nommé président
du conseil d’administration de Tahiti-Tourisme, c’est Teva Janicaud
(issu aussi du secteur bancaire (la nébuleuse Socredo-OSB-ministères) )
qui a été nommé directeur général du GIE Tahiti Tourisme. On a créé un
poste pour caser Dany Panero, l’ancienne directrice depuis 18 ans. La
caste se soigne ! Espérons qu’ils sauront surtout soigner le
tourisme…