Tahiti-Pacifique Magazine, 228, Avril 2010

Tourisme de Tahiti : la catastrophe

S’il est un même discours que tous les hommes politiques de Tahiti tiennent depuis 20 ans, c’est bien le « nous aurons 300 000 visiteurs d’ici trois ans » (Gaston Flosse en 2000), voire un « 500 000 touristes dans cinq ans » (Jacqui Drollet en 2006), si ce n’est, « un million de touristes dans 30 ans » (le ministre Hamblin le 24 mars 2010). Hélas, malgré les discours, les efforts, la construction d’hôtels « cinq étoiles » à la chaîne et des investissements considérables en promotion (près de 20 milliards Fcfp depuis 1996, soit environ 1,5 milliards Fcfp par an), le nombre (officiel) de visiteurs en 2009 en Polynésie française s’est effondré à 160 000 (dont 30 000 croisiéristes qui ne passent que quelques heures à terre), soit autant qu’en 1989, avec un taux de remplissage des grands hôtels aux alentours de 35% en janvier 2010 (!) Et ceci se passe alors que la plupart de nos voisins, même la Nouvelle-Calédonie, enregistrent des hausses.
Pour comparer, sachez que Hawaii reçoit en huit jours autant de visiteurs que la Polynésie française en… un an ! Et que les îles Fidji, pourtant encore plus éloignées que les nôtres des grandes métropoles, ont doublé le nombre de leurs visiteurs en 15 ans.

Il y a donc un problème grave avec le tourisme à Tahiti, et pourtant Tahiti-Pacifique n’a fait que tirer la sonnette d’alarme sur ce sujet depuis 20 ans, avec des analyses de plusieurs experts, au point de devenir répétitif. En vain, on préférait nous accuser d’être Cassandre.

La politique, oui, mais...

Le problème du tourisme de Tahiti est aussi et surtout le résultat d’un long désintéressement des gouvernements locaux pour le développement du tourisme : « pourquoi s’embêter avec ça alors que la France nous verse une rente ? » Bien des professionnels motivés et sincères se sont cogné la tête à ce phénomène où le poste de ministre du Tourisme n’a été qu’une autre sucette politique à distribuer. Mais la faute réside aussi du côté des professionnels (hôteliers, prestataires) qui ont accepté de donner la direction de cette industrie aux politiciens au lieu de le partager, mais il est vrai qu’entre 1984 et 2004, c’était “l’ére des courbettes” vis-à-vis du seigneur, aussi ministre du Tourisme, qui distribuait permis, défiscalisations et avantages à ceux qui savaient le flatter.

Bien sûr, notre isolement est un handicap (exemples : les Bahamas sont à une heure d’avion de Miami, la Jamaïque à deux heures d’Atlanta = 2 million de visiteurs). Là, Tahiti à 7 heures de Los Angeles et à 22 heures de Paris est mal placé, certes, à moins que ce ne soit un manque de communication, Tahiti étant en fait depuis la côte ouest des USA qu’à 2 heures d’avion de plus que Hawaii… (mais pas au même prix : 340 dollars le billet AR LAX-Hawaii, 1200 dollars le billet AR LAX-Tahiti).

Succès, puis défiscalisation

Le succès touristique original de Tahiti (années 1960, 1970 et 1980) avait été créé par des expatriés américains, Spencer Weaver (Hôtel Tahiti), Alec Bourgerie, Joe Fraser et Joe Long (Hôtel Bora Bora), les Bali Hai Boys mais aussi le Club Med, des personnes qui construisirent des petits hôtels, presque intimes, intégrés au paysage et dans la population, justement pour offrir une alternative aux palaces en béton qui surgissaient à Hawaii.
Les années 1990 et la défiscalisation sonnèrent le glas de ces hôtels car leurs nouveaux grands concurrents (plutôt construits pour pomper les subventions que pour faire du tourisme) transformèrent l’essence même de cette petite industrie. Alors que le taux d’occupation de ces nouveaux hôtels caracolaient à environ 60%, on continua à en construire car « président » avait décrété qu’il fallait 4000 chambres pour accueillir 300 000 touristes par an pour 2005 et que la défiscalisation (jusqu’à 60% de l’investissement officiel) rapportait gros. Remarque de l’épouse d’un promoteur, entendue lors d’un cocktail à Papeete : « Avec la défisc, on a eu l’hôtel gratuitement ». En fait, tous ces grands hôtels impersonnels sont l’importation de normes et modèles peu ou pas adaptés à l’esprit communautaire polynésien (ou de ce qu’il en reste), d’où la morosité de beaucoup des employés.

Pas d’animation touristique

Il y a de nombreuses raisons pour expliquer l’effondrement du nombre de nos visiteurs : la première raison est bien sûr que Tahiti (ainsi nomme-t-on la Polynésie française hors du monde francophone) est désormais (hélas) connu pour être une destination dans laquelle non seulement « les prix sont outrageants » (lu sur un forum Internet), mais qui est aussi une des plus chères pour y accéder. Faire payer 500 voire 800 Fcfp une bouteille d’eau à un touriste américain qui a l’habitude qu’on lui serve de l’eau (gratuite) dès qu’il s’assied à la table d’un restaurant a ses effets désastreux. La plupart des directeurs des nouveaux grands hôtels sont français et connaissent peu la clientèle américaine, jadis plus de 50% de nos visiteurs. Et en nos temps de communication instantanées, de blogs et de forums internet où tout se sait partout le lendemain, cette réputation d’être un « rip-off » (arnaque ») a été diffusée à l’échelle globale. Le grand travail sera de changer cette réputation, mais avant cela il faut encore régler sur place le problème, « faire le ménage ».

Les motivations des touristes

De nombreuses études on montré que les motivations essentielles des touristes se basent sur :
le shopping (en duty-free de préférence). Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils se rendent loin pour reconstituer leur garde-robe, pour acheter des bijoux, pour ramener des appareils photo, des caméras, du matériel électronique, le tout à des prix défiant toute concurrence. Exemples : toute l’Asie du sud-est, les grands aéroports (Dubaï et Amsterdam), etc. Chez nous, des perles, bien sûr, puis rien qu’un vieil aérogare avec des cigarettes et des parfums. Le ministre du Tourisme a parlé de créer un shopping center « comme l’Ala Moana à Honolulu », mais telle était déjà l’idée lors de la création du centre Vaima il y a 35 ans. Mais il a périclité depuis… car tout simplement, les prix sont trop élevés à Tahiti, cascades de taxes, impôts et tracasseries obligent : on demande aux touristes de payer les salaires de la pléthore de fonctionnaires, politiciens et syndicalistes… Tant qu’on ne baissera pas les taxes, droits d’entrée et charges des transitaires, les prix ne baisseront pas. Et les touristes n’achèteront pas. Trop d’impôt tue non seulement l’impôt, mais aussi le tourisme, c’est-à-dire l’économie. Faisons donc d’abord « le ménage ».

Chaque ville du monde a une sorte de bar ou restaurant central à la ville ; à l’ambiance internationale, une sorte de « small world bar » ou les touristes étrangers, surtout anglo-saxons, puissent se sentir à l’aise et utiliser comme point de chute. A Tahiti, il n’y en a plus, jadis c’était le Vaima jusqu’à l’incendie de 1970, puis le restaurant Acajou sur le front de mer durant les années 70 et 80. Ce restaurant a été remplacé par une banque et le front de mer est devenu une autoroute. Résultat : le touristes errent dans Papeete, sans point de chute…

L’environnement

Le voyageur est majoritairement originaire de pays industrialisés et urbanisée et son motif principal est d’échapper au froid et trouver un dépaysement, un « retour à la nature ». Les îles tropicales ont une réputation idyllique et le discours touristique d’appropriation de l’île s’appuie sur la virginité, la vacuité, la sécurisation. Il est évident que lorsque ce touriste se retrouve dans des embouteillages débiles, il se dira « zut, je me suis trompé de destination », car acheter une excursion « safari 4X4 » pour se retrouver bloqué dans le trafic, ça ne fait pas très “nature”. Les tours-opérateurs le savent bien et font tout pour envoyer leurs client directement dans les îles, si possible sans passer une seule nuit sur l’île de Tahiti, dorénavant considérée mauvaise pour l’image de marque.
Jadis, la grande excursion à Tahiti était le tour de l’île, avec arrêt au Jardin botanique de Papeari et au musée Gauguin. Mais l’urbanisation effrénée et les murs en parpaings ont transformé la route de ceinture en « canyon » d’où la nature et le lagon sont invisibles, le gouvernement ayant vendu les derniers accès aux plages aux “copains”. Le jardin botanique (devenu territorial) n’a plus de signalisation, le musée est une ruine vide et, surtout, le trafic routier infernal sur une route en état lamentable rend l’expédition périlleuse et effrayante.
Mais il reste les îles, me direz-vous, et surtout Moorea et Bora Bora ! Oui, mais actuellement ce qui pousse le plus à Moorea sont les murs le long de le route de ceinture ce qui fait que l’île se transforme peu à peu en une autre banlieue dortoir de Papeete, pour un jour devenir comme Punaauia : plus de place pour les touristes. L’inexistance de trotoir ou piste cyclable est réellement un problème, les touristes (ni les locaux) ne peuvent pas se promener.

La grande responsabilité
de Bora Bora

 Bora Bora, « la perle du Pacifique », est la destination encore “à la mode” et est donc visité par tous les visiteurs riches, par tous les agents de voyages. Héla, ces dernières années, cette île phare s’est affublée d’une réputation d’île sale. En effet, comment peut-on construire des hôtels de plusieurs milliards avec suites et bungalows sur pilotis sur le lagon « immaculé » et permettre, face à ces hôtels, l’existence d’une décharge d’ordures sur le flanc de la montagne et au bord du lagon qu’il pollue ? Quelle panorama idyllique pour le client qui loue sa suite de luxe à 1000 dollars la nuit ! Il y a quelques années, les fumées malsaines de ce honteux dépotoir polluait l’hôtel Méridien en permanence, puis on l’a un peu déplacé et maintenant ce sont les hôtels St Régis et Four Seasons qui sont « embaumées » ! Quelle classe pour des hôtels cinq étoiles ! Lorsque le touriste fait le tour de l’île de Bora Bora au paysage merveilleux, au détour d’un virage sur la route (en état lamentable), il découvre non seulement le scandale écologique de cette décharge, mais aussi des cimetières de voitures entre la route et le lagon. Une vraie honte ! Pourtant un centre d’enfouissement a été construit à coups de centaines de millions voici quelques années. Pourquoi ne fonctionne-t-il pas ?
Déjà en 2000, les touristes se plaignaient tant de la saleté de l’île que le gouvernement avait envoyé une brigade de GIP nettoyer l’île pendant trois mois, alors que la commune vota une taxe de séjour (120 Fcfp par jour) à être payée par les touristes, annoncée être destinée « financer le nettoyage » des ordures jetées par la population. La taxe est bien encaissée depuis, mais l’île n’a jamais été aussi sale. Où va donc l’argent ?
En février 2002, le directeur d’une agence de voyage de Los Angeles spécialisée dans nos îles (l’agence “Tahiti Legends” pour ne pas la nommer) avait effectué son habituelle tournée des hôtels dans lesquels il envoie ses clients et fut désolé de constater à quel point l’île était très, très sale. Il partit donc en faire la remarque au maire de l’île, Gaston Tong-Sang, qui lui répondit : « Si ça ne vous plaît pas, vous n’avez qu’à pas venir ! » (TPM mars 2002, confidences). C’est certainement ce que ce professionnel fait dorénavant.
Bora Bora concentre d’ailleurs les problèmes des autres îles touristiques : pas de transports en commun, ce qui oblige les visiteurs à louer des voitures, ou que l’on voit soit enfermés dans un taxi, soit en train de naviguer à pied au milieu d’une route sale et mal entretenue, soit risquer leur vie en bicyclette (état de la route, circulation excessive, le milliardaire Campioni a d’ailleurs ainsi perdu la vie !). Cette absence de transport en commun est aussi un problème pour tous les habitants et notamment les travailleurs, obligés d’acheter un véhicule ce qui augmente la circulation. Que penser des nombreux remblais qui défigurent la côte (les autorisations seraient donnés juste avant les élections), du PGA non respecté, des monopoles (pandanus) et passe-droits honteux, du manque d’entretien sérieux des structures publiques (routes, le collège de Vaitape dont même le Bengladesh aurait honte), etc. ? Un triste tout qui suscite le commentaire d’une personne qui visite Bora Bora depuis 30 ans : « ils ont réussi à tuer la poule aux œufs d’or ! » Et peut-être a-t-on en même temps tué le tourisme de toute la Polynésie française, puisque Bora Bora en est la vitrine tant vantée…

Les écrivains

La réputation de Tahiti dans le monde avait été faite par Paul Gauguin (ça tout le monde le sait) mais aussi et surtout par des écrivains tels Herman Melville, Pierre Loti, Robert Louis Stevenson, Frederic O’Brian, Somerset Maugham, Charles Nordhoff et James Norman Hall (on ouvrira un musée en leur honneur à Arue, mais 30 ans trop tard), Alain Gerbault, Zane Grey, et surtout James Michener (“South Pacific“) dont les livres et films ont été les “locomotives” de notre tourisme des années 1970 à 1990. Pourtant la plupart sont inconnus à Tahiti et à Papeete il n’y a même pas une rue qui porte le nom d’un écrivain (hormis Gauguin) ; on leur préfère des militaires colonisateurs ou des politiciens inconnus ailleurs, preuve du nombrilisme local.
Dans les années 70, les tenants de la contre-culture hippie firent de Bali une étape incontournable sur la route de Katmandu. Tahiti aussi aurait pu être un tel lieu de passage, mais les essais nucléaires en bloquaient l’accès (visas, tracasseries, inflation) et le CEP inondait Tahiti d’argent facile, éloignant par la même les Polynésiens de leur façon de vivre et de leurs traditions. Surtout, qui alors avait besoin des touristes, qui furent ainsi marginalisés.

Phénomène « people »

Aujourd’hui, pour être une destination courue il faut être une destination à la mode (exemple : St Tropez, Bali, Capri, Venise, Las Vegas, Macao, etc). Et qui met une destination « à la mode » ? Les médias qui suivent les « people », qui parlent de films tournés dans ces endroits. Jadis Tahiti avait Zane Grey, Murnau, Marlon Brando et Jacques Brel. Depuis, non seulement aucune célébrité n’y réside, mais encore, en 2009 la Polynésie française n’a pas vu un seul réel VIP la visiter, pas un ! Tahiti devient donc une sorte de « trou perdu du bout du monde », comme aime dire Guy Rauzy. Ah, oui, il y a les cinéastes ! En 2001, après les attentats de New York, la chaîne de télévision américaine CBS avait choisi Nuku Hiva aux îles Marquises comme site pour sa quatrième émission de “Survivor”, (devenu Koh Lanta en France.) Bien que le gouvernement coopéra au début, ce tournage se termina de façon désastreuse : le navire qui logeait les cadres et transportait le matériel était resté trois jours de plus que prévu, et la douane le saisit pour lui faire payer des droits d’importation, une affaire qui fut ensuite réglée mais qui laissa un goût amer de « racket » chez les cinéastes. Mais encore, ceux-ci durent aussi embaucher des avocats pour aller se défendre dans un procès à Papeete car un propriétaire foncier (incité par une avocate parisienne) leur réclamait des millions pour un supposé « droit à l’image » sur la colline qui se trouvait à l’arrière plan du site de tournage ! Le monde du cinéma étant petit, la réputation de Tahiti était ternie et on comprend pourquoi il fallut attendre huit années pour revoir l’objectif de la caméra d’un autre cinéaste américain à Tahiti (dont le film ne mentionne même pas qu’il a été tourné à Bora Bora).

Les croisiéristes

Il y a 6 ans déjà, un lecteur décrivait l’impact des croisiéristes dans nos îles : « nous recevons des milliers de visiteurs amenés par les navires de croisières. C’est exact. De gigantesques navires de croisières, tous étrangers, viennent accoster à Papeete. Ils y passent la journée. Et pour faciliter ces accostages, on a construit des quais supplémentaires. Oui, mais comment se comportent ces touristes ? Ils s’éveillent, dans leurs luxueuses cabines vers sept heures du matin. Ils font leur toilette et prennent un copieux petit déjeuner à bord… Vers dix heures, deux ou trois cents « touristes » descendent à terre. Ils n’ont ni faim ni soif. Arrivés sur le Boulevard du front de mer, ils trouvent vite notre marché central et, là, ils sont mis face à la réalité. Ils se rendent compte qu’on ne leur a pas menti : le moindre collier de coquillages leur est offert au prix d’une robe dans le magasin le plus cher de leur pays. Quelques-uns se laissent quand même tenter : il faut bien ramener un souvenir, ou un cadeau aux enfants. Mais à ces prix-là, évidemment, on limite les dégâts ! Puis, ils consultent les tarifs des restaurants et, là aussi, c’est la désagréable surprise. Devant les tarifs affichés, ces touristes se souviennent tout à coup qu’un repas déjà payé les attend à bord du bateau. Et ils regagnent le bord sans avoir dépensé plus de deux ou trois mille Fcfp, quand ils ont dépensé…
Sur chaque bateau s’amarrant au quai d’honneur, on compte environ un millier de touristes. Alors on prétend que ces croisiéristes sont venus visiter notre fenua. Ca fait gonfler les statistiques et… ça fait rigoler les gens sérieux. »
Voici deux ans, à l’aéroport de Los Angeles, mon épouse et moi attendions un avion. Comme mon épouse est très typée tahitienne et s’habille en robe purotu, un couple de Français, la cinquantaine, apparemment très aisés, nous repéra et s’assit juste derrière nous. Bien fort et en français (la conversation nous était destinée), la dame raconta pendant 30 minutes à son mari son énorme déception avec Tahiti, qu’ils avaient visité trois ans plus tôt. Elle énuméra les usuels reproches (prix, saleté, circulation, pollution, transports, etc.), pour ensuite chanter les louanges de la grande île de Hawaii. Il arrive que des voyageurs soient déçus d’une destination, mais ce qui était étonnant dans ce discours, c’était sa virulence, presque une haine, comme si Tahiti l’avait profondément blessé et qu’elle devait s’en venger (en nous faisant subir ses longs reproches). Peut-être avait-elle rêvé de Tahiti toute sa jeunesse pour avoir été aussi profondément déçue, meurtrie même !

Que faire ?

Il faut se rendre à l’évidence : Tahiti n’est plus un lieu « à la mode », à l’image même ternie dans le monde francophone par les innombrables dérives de ses politiciens et les actions en justice qui en découlent.
Il faut remettre nos îles à la mode, les replacer positivement au centre d’intérêt médiatique du monde, et pour cela il n’y a pas 36 chemins.
- Cela se fait par le biais d’écrivains, de ceux qui racontent une vraie histoire passionnante, profonde et sincère pour avoir la chance d’être publié à l’international (exemple récent : « L’arbre à Pain » et « Frangipanier » de Célestine Vaite), mais surtout pas de ceux dont les auteurs aigris se lamentent, se regardent le pito ou « cassent le mythe » (ne donnons pas de noms pour ne pas blesser).
Il faut attirer des célébrités mondiales et les inciter à s’installer sur place. Mais pour cela, il faut d’abord « faire le ménage ».
- La destination doit surtout redevenir « tahitienne », et non la mauvaise copie d’autres lieux : pour cela il faudrait enfin promouvoir des cadres d’hôtellerie polynésiens, même et peut-être surtout ceux formés sur le tas, et arrêter le scandale actuel où, comme à l’époque coloniale, on fait venir des directeurs qui ont plus d’intérêt pour leurs carrières que pour Tahiti, simple lieux de passage pour la plupart.
- Il faut arrêter de toujours vouloir « faire comme à Paris », en commençant par les leaders et les enseignants. Il faut remettre à la mode et à l’usage le tutoiement, si agréable et chaleureux, même ne serait-ce que pour se différencier du reste de la planète ; pour commencer et le rendre courrant, il faut le faire à la télévision, où l’animateur du journal télévisé tutoiera son invité, même si c’est le président !
Nos touristes s‘ennuient (souvent entendu : « Boring Bora »). Il n’y a pas de ruines historiques à visiter, pas de VRAIS night-clubs ; les sentiers de randonnées sont souvent introuvables, voire inexistants ; aucun fait d’histoire local n’est mis en valeur (comparez avec Hawaii où une obscure chauffeuse de taxi qui chantait Hilo Hattie a été transformée en star touristique pour attirer les touristes vers Big Island). Personne ne sait plus que le peintre Leeteg a vécu à Moorea, et la statue de Loti a même été renversée. Qu’attend-on pour la déplacer vers le centre ville, à côté de celle de Bougainville ?
Il faut ouvrir des plages ! A Moorea, il n’y a qu’une minuscule plage publique à Temae et une dans la baie d’Opunohu. Il faut que la commune acquière vite le grand terrain adjacent (encore libre) et l’autre à Opunohu (propriété du Territoire).
- Il faut faire comprendre à tous les acteurs de notre société, les syndicalistes, médias et fonctionnaires en premier, que nous sommes tous dans le même navire, et qu’il faut le protéger. Les blocages répétés par les syndicats (téléguidés par les politiques) ne sont que des actes de sabotages aux effets dévastateurs lorsqu’ils prennent en otage des visiteurs, bloquent des avions ou des hôtels. Là aussi, il faut « faire un ménage » sérieux !
Avoir une image de tourisme de luxe lié à la plaisance et, pourquoi pas à un casino (de qualité). Exemples : Saint Kitts, Antigua ou Saint Barthélemy, île dont la réputation fut faite par le milliardaire David Rockefeller qui s’y installa en 1957. Point de casinos chez nous, même plus de tripots clandestins. Pour le yachting, dans les années 1970 Tahiti avait une excellente réputation grâce à la course « Trans-Pacific race » entre Los Angeles et Tahiti, avec une course retour via Hawaii. Tahiti aurait pu devenir pour le Pacifique ce que Antigua est devenu pour les Antilles. Or la « Transpac » fut abandonnée par désintérêt et indifférence . Qu’attend-on pour tenter de relancer une telle course, voire une course Papeete - Auckland ?
Pour les voiliers et yachts de croisière, le front de mer de Papeete est devenu si infernal (trafic routier débile, vols, agressions, tarifs exorbitants) qu’il est désormais déserté par les navigateurs, un comble pour une ville qui se vante d’être le centre du Pacifique Sud oriental. Mais qu’attend-on pour une fois pour toutes régler le problème des agressions au centre de Papeete, en fait certainement le fait d’une vingtaine de voyous ? Sur les dépliants publicitaires, on peut découvrir que la population locale est parmi les plus accueillantes. A ce propos, a-t-on comptabilisé le nombre de touristes qui ont été victimes de vols, de viols, et de coups de poings dans la g… ? Nous devrions être extrêmement sévères à l’égard des voyous qui, chaque nuit, hantent les « quartiers chauds » de Papeete, et qui jettent un lamentable discrédit sur la « gentillesse indiscutable et légendaire » des habitants de notre fenua. Un touriste agressé démolit plus d’une tonne de dépliants publicitaires ! Là encore, il faut d’abord « faire le ménage ».
Comme nous l’écrivions déjà en 2005, voilà vingt ans que la « qualité du service hôtelier » est désignée comme ayant une responsabilité majeure dans les difficultés récurrentes de notre développement touristique. Outre le fait qu’il est honteux de faire porter ce chapeau à une catégorie de personnel de simple exécution, gagnant tout juste de quoi rester digne dans des hôtels au luxe suranné facturant leurs prestations à des tarifs irréels, de qui se moque t-on avec une telle accusation galvaudée ? Ce procédé indigne occultera t-il encore longtemps une toute autre réalité, celle d’une structure de prix démentiels à tous les niveaux de la chaîne, y compris dans les différentes composantes de la rémunération du travail, les charges salariales influant largement sur le compte d’exploitation des hôtels, et par voie de conséquence sur la qualité du service, le nombre d’emplois et le niveau de rémunération étant très vite plafonné. Là aussi, faisons le ménage, et si l’on rapatriait tous les produits des ventes effectuées à l’étranger, certainement pourra-t-on mieux embaucher. Enfin, encourageons les projets tel que le superbe jardin de Paofai à Tahiti et l’installation de bancs publics autour de la baie de Cook à Moorea.


Une enquête de Alex W. du PREL
Sources : archives TPM, B. Succa, témoignages, etc.



“C’est dit...”


Commentaire d’un touriste français sur le site de l’ATP : « Je suis allé deux fois en Polynésie entre 2006 et 2009, pour des séjours de 4 et 10 semaines.
 Je dois dire que je n’y retournerai plus, et ma famille non plus.
 Le touriste, y compris français, est véritablement considéré comme une vache à lait par les compagnies aériennes Air Tahiti Nui comme Air France… Quant à l’hôtellerie, ses tarifs sont incompréhensibles pour des services qui ne sont pas du tout à hauteur des prix proposés !
 Par exemple, un touriste comme moi, qui vient de métropole, je me suis vu proposer la nuit dans un grand hôtel de Moorea à près de 90 000 Fcfp quand, en déclarant être résident polynésien, la même prestation coûtait 22 000 Fcfp !
 Comment voulez vous que cela attire le tourisme ???
 Fort heureusement, les prestations des « pensions de famille » relève le gant et sont une alternative positive pour les gens disposant d’un budget « moyen ».
 C’est d’autant plus vrai que l’on s’éloigne de Tahiti, où les prestations sont médiocres de toutes façons.
 Ajoutez à cela une aide au tourisme lamentable (signalisation inexistante, ou « taguée » partout à Tahiti, rendant inutile leur présence), entretien des routes discutables, propreté et hygiène notamment à Papeete au dessous de la moyenne…
 Se traduisent dans ces exemples les incohérences du pouvoir délégué aux représentants (de qui ? on se le demande) politiques, qui n’ont d’autre souci que de se « sucrer » sur le dos de leur population.. Et tout ça c’est bien dommage car j’ai côtoyé des Îles-du-Vent aux Marquises, en passant par les Tuamotu ou les Australes, des Polynésiens d’une gentillesse indiscutable. Voilà, c’est dit.
 »


Inflation… de taxes aussi

Monsieur,
Je trie mes affaires afin de pouvoir boucler mes cantines pour mon retour en métropole. Aujourd’hui, j’ai mis la main sur mes factures de voyages aériens avec Air Tahiti Nui et j’ai pu constater une chose intéressante concernant les taxes liées aux billets, tous achetés au tarif basse saison en classe économie :
- Année 2003 : PPT - Paris - PPT = 106 100 (Montant HT) + 4360 (Taxes)     = 110 460 Fcfp
- Année 2004 : PPT - Paris - PPT = 106 100 (Montant HT) + 4480 (Taxes)     = 110 580 Fcfp
- Année 2005 : PPT - Paris - PPT = 109 400 (Montant HT) + 19 010 (Taxes)     = 128 410 Fcfp
- Année 2007 : PPT - Paris - PPT = 116 000 (Montant HT) + 25 140 (Taxes)     = 141 140 Fcfp
- Année 2008 : PPT - Paris - PPT =     ? (Montant HT)  + ?     (Taxes)    = 161 170 Fcfp
- Année 2009 : PPT - Paris - PPT = 144 150 (Montant HT) + 44 500 (Taxes)     = 188 650 Fcfp
- Année 2010 : PPT - Paris - PPT = 161 700 (Montant HT) + 44 650 (Taxes)     = 206 350 Fcfp
L’on peut donc facilement constater l’explosion impressionnante des taxes qui plombent lourdement le prix du billet. Il serait très intéressant de savoir quel est le détail de ces taxes et qui se sucre le plus dans cette affaire...
M. Champenois, Tahiti


Du « sang frais » aux manettes
du tourisme à Tahiti


Après la nomination du nouveau ministre du Tourisme Steeve Hamblin, auparavant cadre à la Brasserie de Tahiti (Hinano, Coca Cola) lors du dernier changement de gouvernement, Claude Piriou (qui vient du secteur bancaire et admet ne rien connaître au tourisme) a été nommé président du conseil d’administration de Tahiti-Tourisme, c’est Teva Janicaud (issu aussi du secteur bancaire (la nébuleuse Socredo-OSB-ministères) ) qui a été nommé directeur général du GIE Tahiti Tourisme. On a créé un poste pour caser Dany Panero, l’ancienne directrice depuis 18 ans. La caste se soigne ! Espérons qu’ils sauront surtout soigner le tourisme…