Tahiti-Pacifique Magazine n° 229, mai 2010
Terribles chiffres & leaders inconscients
Avril 2010 à Tahiti n’a vu passer ni célébrité ni événement naturel
exceptionnel mais, par contre, c’est dans le monde politico-financier
que se sont produites les tempêtes. Les chiffres du tourisme du mois de
janvier 2010 sortis le 1er avril (pourquoi 2 mois sont-ils
nécessaire ?) montrent 9009 touristes, une baisse de 10% par
rapport à 2009. Le coefficient de remplissage des hôtels internationaux
est tombé à 34,4%.
Caprices flossiens à l’assemblée
Ensuite on a vécu pendant une semaine le « cinéma »
de Gaston Flosse qui a tenté de se faire élire président de l’assemblée
de la Polynésie française. Ça se résume ainsi : lors de la
constitution de la majorité en novembre dernier, il y avait entre les
partis un accord secret qui accordait le perchoir au Tahoera’a en avril
2010, sans préciser un nom. Bien sûr, l’échéance approchant Flosse
déclara « c’est moi », mais vu ses casseroles,
personne hors de son parti ne pouvait accepter. Rejeté par tous sauf
ses fidèles au premier tour, il ordonna à ses troupes de voter pour
Temaru, du genre « c’est moi ou le choléra ». Une
fois Temaru au perchoir, il se leva et cria à l’hémicycle et à Temaru
« vous devez remercier M. Tong Sang pour avoir été
élu ! ». Du mensonge Flosse pur jus, car c’est bien
lui qui a ordonné à ses troupes de voter pour Temaru. Or après ce
triste spectacle, il n’y avait plus de majorité, donc encore
l’instabilité.
Etranges retards
Tout ceci aurait pu être évité car la cour de cassation devait rendre
le 8 avril son avis sur la condamnation à l’inégibilité du sénateur
Flosse, tout comme le haut-commissaire aurait dû déclarer Flosse démis
de son mandat de représentant de l’assemblé de P.F. en janvier déjà. Or
la cour de cassation a soudainement renvoyé son arrêt au 8 juin, alors
que le haussaire déclare qu’ il n’a « pas été
notifié » par le procureur général (qu’il aperçoit de l’autre
côté de la rue de son bureau). Quels jeux joue-t-on dans les alcôves du
pouvoir ? Quels réseaux sont encore actifs ? Qui
sabote les long travaux de la justice ?
Fin avril, c’est la douche froide financière, d’abord avec le rapport
de Standard & Poor’s (page 19), puis avec l’annonce de la CPS,
par la bouche de son président, qu’il se pourrait qu’elle ne puisse
plus payer ni les retraites ni les soins médicaux d’ici 2 ans si des
mesures urgentes ne sont pas prises de suite.
Missions de Paris
Entre temps sont arrivée deux délégations de Paris : l’une
pour annoncer que la construction d’une nouvelle grande prison
(coût : 10 milliards Fcfp), et l’autre composée de cinq
missionnaires des corps d’inspection de l’État, envoyés par le
Gouvernement central, qui vont pendant deux semaines faire l’audit de
la sphère de l’administration publique et parapublique et de tous leurs
intervenants (services, établissements publics, SEM, etc), à l’examen
de la situation de la CPS, à l’analyse de la réforme communale et de
l’efficacité des aides publiques. Vaste programme ! Demandée à
l’origine par Temaru, redemandée par Tong Sang, cette mission rendra
certainement un rapport cinglant avec moult recommandations de
réduction de salaires, abolition de privilèges voire licenciements, ce
qui permettra alors à nos courageux politiciens de dire « vous
voyez, c’est pas nous… et c’est la France qui a décidé et vous le
savez, “qui paye contrôle”… » On avait déjà entendu ça à
Papeete il y a 20 ans, lorsque Roccard était venu avec Mitterrand.
Espérons aussi que ces énarques spécialistes seront plus réalistes que
ceux qui sont venus à Tahiti en 1984 pour mettre en place
« l’Autonomie interne ». Car si Tahiti est exsangue
et étouffé par sa bureaucratie, c’est en partie à cause de ces
messieurs qui n’avaient que « copié collé » dans nos
îles le modèle français, une administration pléthorique et inefficace,
avec une lourdeur et un coût exorbitant qui met la France à
genoux, d’autant plus qu’à Tahiti la facture y est multipliée par 1,84
et l’efficacité diminuée par …?
Malgré tout cela, la mentalité n’a pas changé à Tahiti. Bien que dans
un communiqué la présidente du CESC « s’inquiète de la
situation sans précédent dans laquelle se trouve le Pays » et
« craint que la société toute entière ne se révolte si la
situation économique et sociale n’évolue pas en mieux très
rapidement », des syndicats menacent si le moindre des
privilèges, « des droits acquis », est touché, tout
comme les enseignants se lamentent que Paris ne leur donne pas une
compensation pour la (légère) baisse de leur “surretraite”, l’ITR.
C’est comme se plaindre que le gazon est mouillé alors que le cyclone
arrache les maisons !
A.d.P.
Président aux galas de Shanghai
Le président de la Polynésie française, Gaston Tong Sang, est allé à
Shanghai , pour participer aux événements liés à l’ouverture officielle
de l’exposition universelle, au côté du président de la République
française.
Les emplois rechutent
Le nombre des emplois (déclarés) s’est mis à rechuter, surtout dans la
construction qui est en large partie alimentée par des fonds
publics. Le secteur marchand devrait voir sa courbe chuter encore plus,
car au premier trimestre 2010 les importations de biens de consommation
ont chuté de... 30% ! La courbe bleu clair “autres service” est en
majorité composée d’emplois publics et parapublics, encore protégés.
A.d.P.
Une autre grande sècheresse affecte les îles Marquises :
Ici un gidgantesque incendie consume la forêt vierge sur l’île de Hiva
Oa.
(Ph. Eric Olivier)
Les hôtels “fermés”
Le cyclone Oli qui est passé à proximité de Bora Bora a fait beaucoup
de dégâts dans certains hôtels. Avec la baisse du tourisme (certains
établissements n’atteignent pas 30% d’occupation), on n’est parfois pas
pressé de rouvrir. Etat des lieux ;
- Hôtel Hilton Tahiti (ex hôtel Tahiti) : fermé définitivement.
- Kia Ora de Rangiroa : se prépare à fermer pour 14 mois de rénovations.
- Club Med de Bora Bora : fermé “temporairement” en 2008 pour manque de
clientèle, il a été annoncé qu’il ne rouvrira plus. C’est le grand
pionnier du tourisme de Tahiti qui nous quitte là.
- Bora Bora Lagoon Resort : fermé au moins un an pour réparations.
- Le Méridien de Bora Bora : fermé du 1er octobre 2010 au 22 janvier
2011 pour travaux.
- L'hôtel Bora Bora : fermé en 2008 pour travaux. En avril
2010, sa démolition est terminée mais les travaux de rénovation n’ont
toujours pas démarré. Sa réouverture annoncée pour 2011 semble
compromise.
- Le Saint-Régis de Bora Bora : fermé pour travaux de réparations après
le cyclone, annoncé rouvrir à la mi juin.
AdP