TAHITI-PACIFIQUE Magazine. - N° 231 juillet 2010
ACTUALITE
Grève ratée = sabotage de l’économie
LAMENTABLE ! Minable, la “grève générale pour la paix” lancée par
une intersyndicale. à la mi-juin. En fait, cette grève était plutôt
téléguidée par des politiques pour déstabiliser le gouvernement local.
Comme presque personne (O surprise, même parmi les fonctionnaires
territoriaux) n’a suivi leur appel, les leaders syndicaux se sont
fâchés par cette gifle qui prouve que dorénavant ils ne sont pas mieux
considérés par la population que leurs copains politiciens. Alors pour
laver cet “affront”, il ont envoyé quelques grévistes monter un barrage
devant l’entrée des bâtiments de la CPS, en fait punissant uniquement
quelques “mamies” levées depuis 4 heures du matin pour venir en truck
chercher des papiers à la CPS. Le reste des grévistes consistait
essentiellement de fonctionnaires de l’Etat qui protestaient surtout
contre la diminution de la surprime de leurs retraites, la fameuse
ITR. Par contre, pour ne pas porter atteinte aux examens du
baccalauréat, le haut commissaire avait à l’avance ordonné une
réquisition des personnels enseignants nécessaires aux examens,
lesquels se sont déroulés normalement.
Bien plus grave a été le blocage de l’aéroport de Tahiti aux vols
internationaux. Raison : cinq ou six pompiers en grève, ce qui était
moins que le minimum requis par les textes et normes. Le premier soir
de la grève, le haut-commissaire dut utiliser des pompiers militaires
de la base pour permettre à un long courrier en provenance de Los
Angeles d’atterrir. Ce qu’il ne fera pas les quatre prochains jours
(les pompiers militaires n’auraient pas les “bonnes qualifications”),
et il s’en suivit que 2500 voyageurs, essentiellement des touristes, se
retrouvèrent bloqués à Papeete, alors que quelques 3000 autres
voyageurs attendaient à Los Angeles et Auckland ou Tokyo de pouvoir se
rendre à Tahiti .
Touristes furieux
La furie et l’incompréhension des touristes, pris en otages dans un
conflit ne les concernant pas, fut spectaculaire car ils assurèrent que
l’information fut diffusée dans le monde entier en occupant tous les
Internet cafés de la ville. Le consul des Etats-Unis dut organiser un
charter (payant) vers Rarotonga (accessible par ATR) afin de faire la
correspondance à un vol vers Los Angeles. D’autres touristes outrés
annoncèrent qu’ils avaient pris contact avec leurs avocats pour déposer
plainte contre les “terroristes syndicaux” qui les avaient “pris en
otage”, information confirmé par le consul des USA. Ce qui estomaqua
les syndicalistes : Quoi, ils ne pourraient plus aller à Los Angeles
faire leur shopping ? C’est pire que la peine de mort !
Au bout de trois jours, le haut commissaire se décida à réquisitionner
les pompiers civils, alors que la grève mourrait, de plus en plus
impopulaire, obligeant les leaders syndicaux à signer un protocole
d’accord qui, en fin de compte, ne contient que de vagues vœux pieux
auxquels personne ne croit.
C’est bien la preuve que cette grève n’a servi a rien, tout en
diffusant, une fois encore, une mauvaise image de Tahiti à travers le
monde. Un triste sabotage et énorme gaspillage, cela alors que le
nombre des visiteurs vers nos îles a déjà diminué de 40% ces six
dernières années.
La Polynésie française survivra-t-elle à la folie de sa caste politico-syndicale ?
A.d.P.
Grève juste : la Santé aux Marquises
Courte grève à l’hôpital de Taiohae (Nuku Hiva) pour protester contre
“l’abandon” des antennes de santé dans les archipels
éloignés. Manque de personnel soignant, délais administratifs souvent
incompréhensibles et impardonnables, pas de remplaçants lors de congés,
les archipels se sentent oubliés, abandonnés. (Ph. DR)
Actualité judiciaire tahitienne
pleine de rebonds et de surprises.
Après la condamnation plutôt “expéditive » de René Hoffer à un an
de prison ferme avec incarcération immédiate (lire dans
“Baromètre », p13), la ministre du Travail et de l’Emploi Lana
Tetuanui, ainsi que son mari Cyril sont partis pour Paris afin de se
présenter devant la cour d’appel où il devaient être rejugé dans une
affaire où Lana Tetuanui avait ainsi été condamnée à un an
d’emprisonnement avec sursis, 500 000 Fcfp d’amende et deux ans
d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêts, recel de faux et usage
de faux. Cyril Tetuanui, lui, avait été condamné à 18 mois de prison
avec sursis, 500 000 Fcfp d’amende et quatre ans d’inéligibilité pour
prise illégale d’intérêts, faux et usage de faux pour avoir employé du
personnel sous contrat avec la commune pour la réfection de la toiture
de leur fare pote’e et d’avoir fait réaliser à leur profit des travaux
d’enrochement et d’aménagement de leur servitude par le GIP. La cour de
cassation avait annulé l’arrêt de la cour d’appel car l’un des témoins
n’avait pas prêté serment. La cour d’appel de Paris a reporté l’affaire
au 1er juillet.
Le premier grand événement judiciaire eut lieu le 10 juin, lorsque le
Conseil constitutionnel a jugé que l’article L7 du code électoral était
contraire à la Constitution, ce qui permet à Gaston Flosse, condamné en
première instance puis en appel, dans l’affaire dite “des sushis”,
d’échapper à une peine d’inéligibilité automatique de cinq ans. Cette
question de constitutionnalité avait été soulevée par plusieurs
politiciens condamnés de France et d’outre-mer, dont le sénateur
Flosse. Siégeaient au Conseil constitutionnel : M. Jean-Louis
Debré, président, Mme Jacqueline de Guillenschmidt et MM Jacques
Barrot, Guy Canivet, Michel Charasse, Jacques Chirac, Renaud Denoix de
Saint Marc, Hubert Haenal et Pierre Steinmetz,
Gaston Flosse condamné définitivement
Le 17 juin c’était la cour de cassation qui cassait, partiellement
seulement, l’arrêt de la cour d’appel de Papeete qui avait condamné
Gaston Flosse, entre autres, à un an d’inéligibilité dans l’affaire
dite des “sushi de la présidence”. Elle a annulé la partie de l’arrêt
de la cour d’appel concernant l’inéligibilité du sénateur, mais par
contre a confirmé la culpabilité de M . Flosse, rendant définitive
la condamnation du sénateur à un an de prison avec sursis et à deux
millions Fcfp d’amende. C’est la cour d’appel de Paris qui devra à
nouveau décider si M. Flosse mérite une peine d’inéligibilité.
Fin juin, on apprenait que la cour de cassation avait débouté Gaston
Flosse dans l’une des innombrables procédures dilatoires que le
sénateur et ses avocats engagent pour tenter de reporter les procès aux
“calendes grecques”. Cette fois-ci, la cour de cassation a rejeté le
pourvoi de Me Quinquis contre la chambre de l’instruction de Papeete
qui avait validé l’ordonnance de renvoi devant le tribunal
correctionnel de Gaston Flosse dans l’affaire des emplois fictifs de la
présidence de Tahiti, une affaire dont l’instruction avait été ouverte
en... 1996. Ce sont pas moins de 95 personnes qui devront se présenter
à la barre du tribunal correctionnel début 2011 pour un procès qui
devrait s’étaler sur plusieurs semaines.
Ce procès politico-financier sera certainement le plus important
de France et de Navarre concernant des emplois fictifs d’un système
“clientéliste” mis en place par Flosse, de 1991 à 2004. Il est reproché
à M. Flosse d’avoir fait « prendre en charge par le budget de la
présidence de la Polynésie, sous couvert de contrats de cabinet, les
rémunérations ou indemnités de sujétions y afférentes” pour des
bénéficiaires qui n’exerçaient aucune activité au service de la
collectivité territoriale » c’est-à-dire un détournement de fonds
publics.
AdP.
Et pendant la pseudo grève à Tahiti...
Quotidien Ouest France, samedi 12 juin
Visite surprise de la ministre du Travail de Polynésie
La ministre du Travail et de l’Emploi, du Dialogue social et de la
Lutte contre la vie chère, Lana Tetuanui et son mari Cyril Tetuanui,
maire de Tumaraa, commune de 3 632 habitants sur l’île de Raiatea, sont
en vacances dans la région. Ils se sont rendus à Léhon, vendredi matin,
pour une visite de la petite cité de caractère.
« Merci au Bon Dieu! »
« Nous passons quelques jours avec notre ami Riton, explique Lana
Tetuanui, en désignant Henri Le Guernevé, le patron du bistrot du
Viaduc à Lanvallay ; et c’est lui qui a initié cette visite surprise de
l’abbaye ». Même si cette visite n’est pas une « visite officielle »,
le maire, Léo Carabeux et une partie de son conseil municipal, se sont
fait une joie d’accueillir ces hôtes de marque. René Benoit, maire de
Dinan, prévenu aussitôt par Léo Carabeux, est également venu saluer la
présence du couple polynésien.
À l’issue de la visite guidée par Françoise Picarda, guide
conférencière et adjointe au patrimoine, Léo Carabeux a invité ses
hôtes à une petite réception au cours de laquelle les maires de Dinan
et Léhon ont offert des livres et les médailles de la Ville. À son
tour, le maire Cyril Tetuanui a offert la médaille de la Ville de
Tumaraa à ses deux confrères. La ministre, Lana Tetuanui a souligné : «
Merci au Bon Dieu de nous avoir placés sur le chemin de Riton en
Polynésie et aujourd’hui, grâce à lui, de nous avoir fait découvrir
votre beau pays... Mais à mon tour (en s’adressant aux élus) je vous
invite aussi à visiter notre très beau pays ou là-bas, nous n’avons pas
besoin de veste, de cravates et... de parapluies ! (rires dans
l’assistance). Nous restons toujours attachés à la France et sommes
sensibles, à l’approche du 18 juin, d’être Français et Polynésien...
Alors vive la France, vive la Polynésie et vive la Bretagne ! »
Ndlr: “Vacances”? Non, plutôt convocation devant la cour d’appel de Paris ! (Lire ci-dessus).
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