TAHITI-PACIFIQUE Magazine. - N° 233 septembre 2010

CONFIDENCES

Victime de “machination” ?
La cour d’appel de Papeete a jugé recevable l’appel formulé par le sénateur Richard Tuheiava contre la décision de l’Ordre des avocats qui, le 13 novembre dernier, lui avait infligé deux ans d’interdiction d’exercer sa profession d’avocat, dont une avec sursis. Ses pairs lui reprochent « un manquement à la délicatesse, à la probité et à l’honneur de la profession », alors que Tuheiava invoque une “cabale” « savamment distillée » contre lui. Celle-ci serait destinée à le « salir pour empêcher la montée d’un politicien de la nouvelle génération ». Des proches du dossier expliquent que Richard Tuheiava avait effectivement « raté quelques rendez-vous, avait quelques retards dans ses payements de CPS et de TVA, et oublié quelques clients, parfois avec des séquelles lourdes », mais que la sentence et surtout la médiatisation de ses ennuis serait une « odieuse manipulation » des médias par les vieux caciques du « système », car Tuheiava serait un homme honnête, intègre qui « n’a jamais cherché un emploi fictif, n’a jamais servi des politiciens, n’a jamais trempé dans des affaires louches » et surtout « il ne fait parti d’aucune chapelle ou loge, n’est même pas demi. » Audience d’appel le 21 octobre prochain.

« Pour la paix sociale »
On avait entendu des rumeurs fin juillet selon lesquelles l’Etat aurait avancé des fonds au « Péi » pour payer les fonctionnaires « afin de préserver la paix sociale », mais nous n’avions pu vérifier. Depuis on apprend qu’effectivement l’Etat avait accéléré le règlement des reliquats de la dotation globale de développement économique (DGDE), versant fin juillet 34,2 millions € (4 milliards Fcfp), ce qui a « permis de conforter notablement la situation de trésorerie ». Les salaires ont été payés, mais avec une semaine de retard. Or les versements accélérés de l’Etat ne règleront le problème que jusqu’en décembre. Mais encore, cette DGDE ne devait servir que pour des investissements afin de transformer l’économie de Tahiti ; puis on a baissé la barre à 50%. Allons nous vers les 100%, sommes-nous en train de « bouffer » le pécule supposé préparer l’avenir?

Se tourner les pouces ?
La colère gronde dans les services et établissements publics suite à l’annonce, en rafale et par le biais de rencontres sectorielles, d’un nouveau retrait minimum de 10% dans les dotations aux services en 2011, sans compter les menaces de non versement du « dernier 12ème », etc.. Il s’agit de services auxquels on enlève régulièrement, depuis trois ans, la même dotation, et qui se retrouvent sans moyens pour effectuer leurs missions, ceci alors que les gouffres financiers (EPIC, SEM) continuent d’avaler les maigres ressources. La réforme de l’administration, lancée dans la foulée du rapport Bollier, a été reprise en main par les services de la Présidence, alors que c’était l’IGA qui devait en dessiner le contour. Grogne surtout parce que le gouvernement et les ministères n’ont pas encore montré le moindre exemple de réduction de dépenses, de rigueur, bien au contraire, alors que les fonctionnaires seraient convaincus de l’absolue nécessité de réformer en profondeur l’administration, mais aussi la sphère politique.

Rêve de milliards…
Le rapport du CESC de P.F. demande à l’Etat d’assumer sa responsabilité en remboursant la « dette due à la prise en charge par la CPS des 18 maladies radio-induites reconnues par la loi “Morin”. Elle est évaluée à ce jour à 24,031 milliards Fcfp » (200 M€ !). Autant est-on impressionné par la précision du chiffre, autant le rapport de l’Etude épidémiologique de mortalité des vétérans des essais nucléaires dans le Pacifique du Conseil scientifique de l’Observatoire de la santé des vétérans (lire p.10) semble remettre en cause un possible dédommagement. L’ancien « guichet ouvert » de l’Etat en P.F., dénoncé par la Cour des comptes de Paris, semble se fermer de plus en plus.

Egalité rétablie
On se rappelle que le gouvernement de la Polynésie française pour l’exercice 2010 avait fait voter par l’assemblée que l’exigibilité de l’impôt foncier dans les archipels des Tuamotu/Gambier, des Marquises et des Australes n’entrerait en vigueur que le 1er janvier 2014, précisant « toutefois, elles s’appliquent dès 2010 à ceux de ces immeubles pour lesquels des déclarations de travaux immobiliers sont souscrites au service des contributions». En clair, seuls les citoyens assez honnêtes pour avoir déclaré leur bien (obligatoire depuis 1951, mais aux Tuamotu il n’y a aucun contrôle) paieront la taxe ! Saisi par une contribuable, le Conseil d’Etat a annulé l’arrêté car «  si le principe d’égalité devant la charge publique ne s’oppose pas à ce que des dispositions différentes soient appliquées à des personnes qui ne se trouvent pas dans la même situation, l’assemblée de la Polynésie française, ne pouvait, sans méconnaître ce principe, exclure une catégorie de contribuables du champ d’application d’une même imposition sans motif d’intérêt général ; que celui tiré de la nécessité d’augmenter les ressources fiscales du territoire ne peut justifier qu’il soit mis fin, même pour une période limitée à quatre ans, à l’imposabilité des seuls contribuables ayant violé leurs obligations déclaratives…» Etrangement, personne n’a parlé de cet arrêt…

Beau carrosse…
En ces temps de vaches maigres, d’augmentation des taxes et prix et de scandales financiers, il est “éblouissant” de voir rouler en Porsche Cayenne le “patron” d’un ancien service territorial, transformé en SEM en février 2002 pour faire entrer une grosse boite de Métropole dans la capital (Lire « On brade un service territorial », TPM 131, mars 2002) . Or cette SEM, bien que œuvrant dans un secteur concurrentiel, elle détient un quasi monopole, peut-être grâce à un lobby interne à son ministère, ce qui semble décourager toute arrivée de concurrents.

Faillites discrètes
Les fermetures d’entreprises continuent, telle cette société de plomberie industrielle qui a laissé sur le carreau quelques dizaines de salariés qui n’ont pas été payés depuis 5 mois, ainsi que des sous-traitants avec une ardoise de 150 M Fcfp. Et personne n’en parle…

Un p’tit demi milliard de plus…
Le 19 août, la Polynésie française participe à la… 19è augmentation de capital de la SEM Air Tahiti Nui pour un montant de 500 millions Fcfp.

Flagornerie à  la royauté
Sur le site anglophone « South Pacific Travel » (co financé par la France) on peut lire une prose dont même les courtisans du Versailles sous l’Ancien Régime auraient été jaloux : (traduction, avec les majuscules utilisées) « La Princesse de Tonga honore le Pavillon du Pacifique à l’Expo de Shanghai. La Princesse Royale de Tonga, Son Altesse Royale Princesse Pilolevu Tuita a apporté sa grâce [elle doit pourtant peser 110 kilos] au Pavillon du Pacifique avec sa présence en tant qu’Invitée d’Honneur. En sa qualité de Chef de la délégation tongienne, la Princesse Royale a illuminé le Pavillon avec son élégance et son charme (…) Le Commissaire Général de Tonga, Son Excellence Sakopo Lolohea a déclaré être satisfait…»

TNTV
Le Syndicat A tia I Mua a organisé une réunion d’information sur l’audit Syndex mené chez TNTV. Celui-ci dévoile qu’Yves Haupert avait embauché 7 personnes à son arrivée, qu’il surestime largement les futures recettes publicitaires et que ses budgets prévisionnels sont donc insincères.Autre originalité : Haupert a accordé des “primes discrétionnaires” à quelques salariés, sans le dire à personne, sans critères établis, qui s’élèvent à plusieurs millions. Alors que les comptes étaient dans le rouge, il a aussi payé plusieurs millions des missions d’intervenants prestigieux venus de France (Pierre Viehn pour la programmation, Jean-Claude Narcy pour la rédaction...). Pour certains, on n’a jamais vu leurs rapports... Enfin, malgré une décision de justice, il n’a pas fourni les bilans sociaux de 2007 à 2009. Selon l’audit, avec un bon manager et un appui minimum des politiques, il serait encore possible de redresser TNTV.

L’éclipse devient nationale
Les images filmées sur l’atoll de Hikueru pour l’émission de télévision Thalassa sont programmées à être diffusées en novembre 2010. 25 heures de films deviendront un reportage de 26mn.
AdP


 
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