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Bonne année, à votre santé
En ce jour de Nouvel an, je suis supposé écrire de profondes et
intelligentes phrases
Dur, dur ! Que dire de l'année passée ? Disons la
même chose que "Tahiti Tourisme" (le nombre de touristes n'a pas vraiment
augmenté en dix ans) : 1997 fut une année de transition.
Une chose est sûre : 1998 ne devrait pas être une année triste en
événements. Grâce à la Nouvelle-Calédonie, une révision du statut devrait
être d'actualité. Le gouvernement de Tahiti, de plus en plus détaché de la
réalité que vivent les Polynésiens des districts et des îles, continuera
certainement ses projets grandioses qui, telle la "Loi Flosse" devraient
rendre les riches plus riches et les autres plus perplexes (lire page 23).
Le Palais présidentiel (on murmure un prix de deux milliards maintenant)
sera inauguré (par Jacques Chirac ?
Qu'on attend toujours malgré les
promesses.), le paquebot Paul Gauguin arrivera fin janvier et promènera
tout le gouvernement et les "bien en cour" pendant une semaine (page 10)
avant d'être livré aux touristes, tandis que la population découvrira les
effets "délicieux" de la TVA (page 7). Certainement vivrons-nous la mise en
chantier du tunnel sous la passe de Papeete, si cher à certains et dans
lequel ils pourront contourner Papeete, certainement la seule ville au
monde sans égout. Mais, il est vrai, il y a des priorités
Entre-temps et malgré le passage de M. Cavada et de ses déclarations,
certains médias qui " prennent leurs espace de liberté " (tel votre
magazine préféré) sont toujours interdits de conférence de presse au
gouvernement sur ordre de la Présidence. Espérons que 1998 apportera un
petit souffle de raison dans ce triste épisode qui donne une image bien peu
démocratique à notre si beau territoire.
Dernièrement, notre courrier des lecteurs, grâce à notre site Internet,
abonde et nombre de lecteurs demande comment est la vie dans nos îles. Pas
toujours exquise, car on a des "bêbêtes". Ainsi, malgré les sincères
professions de foi du genre " Ah, quel bonheur d'enfin pouvoir communier
avec cette belle nature de Tahiti ! ", les "popa'a", les étrangers
fraîchement arrivés de Métropole, ne peuvent supporter la vue du moindre
cafard, du moindre lézard, de la moindre souris et surtout du moustique,
toutes d'adorables petites créatures qui développent une santé admirable
dans la chaleur de notre climat tropical. Leur terreur sublime est le
cent-pieds. Ainsi le premier acte de ces nouveaux arrivants sera de partir
au plus vite en guerre afin d'anéantir toute présence vivante dans cette
même nature si admirée aux alentours de leur maison.
Il est vrai qu'il faut un certain temps pour s'habituer aux "compagnons"
qu'offre la vie sous nos latitudes îliennes et tropicales. Le récit que
raconte mon copain le vieux "broussard" est explicite :
-" Vois-tu, la première année que tu habites dans les îles, tu commandes
une bière au bar. A peine te l'a-t-on apportée qu'une grosse mouche bien
dodue et brillante tombe dans ton verre. Outré, tu appelles : "Barman, vite
une autre bière dans un autre verre !"
La seconde année, lorsque la mouche (ou autre insecte) atterrit dans ton
verre, tu vides la bière (et la mouche) par la fenêtre, tu tends ton verre
vide au barman et tu lui dis : "Remplis-le !"
La troisième et la quatrième année, vu le prix de la bière, tu as enfin
appris à prendre ton petit doigt pour extraire délicatement la mouche qui
se débat dans la mousse, tu la jettes à terre, tu l'écrases avec ton pied,
tu essuies ton doigt sur ton short et tu bois ta bière.
La cinquième année, tu observes longuement et avec philosophie l'agonie de
la mouche qui se noie avec effort dans ta bière. Lorsqu'elle a finalement
arrêté de bouger, tu te dis qu'en fin de compte, elle n'est pas si grosse
et si méchante que ça. Alors tu l'avales carrément avec la gorgée de bière
suivante.
Et c'est à ce moment là que tu réalises qu'enfin tu es devenu un "ancien
des îles"."
Bon appétit, bonne année et bonne lecture !
Alex. W. du PREL
Directeur de la Publication.
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