Les langues sont les vecteurs de nos cultures, de la mémoire de notre peuple et de nos valeurs. Ces composantes essentielles de notre identité sont le ciment de notre diversité et constitue notre héritage vivant le plus précieux. Cependant, il semblerait que ces trésors sont menacés de disparaître si les tendances ne s’inversent pas rapidement et drastiquement. Il faut dire que l’Histoire a fait que les langues polynésiennes sont peu à peu tombées en désuétude. En effet, à partir de l’Annexion en 1880, toutes les entités publiques et religieuses étaient tenues d’enseigner le français et d’interdire l’usage du tahitien. Ainsi, durant le XXe siècle, les Polynésiens ont été victimes d’une politique d’assimilation intensifiée à partir des années 1960, qui a engendré une pratique inégale des langues polynésiennes qui semblaient dès lors être préjudiciables à l’intégration sociale. Au sein même de l’École, certains locuteurs de reo tahiti notamment étaient victimes de moqueries, de châtiments physiques et portaient même des symboles en guise de punition suite à l’usage de leur langue. Cette pratique était particulièrement traumatisante car, dès qu’un élève parlait une autre langue que le français, on lui remettait un objet stigmatisant dont il ne pouvait se défaire qu’en le transmettant à un autre élève puni pour le même motif… Ainsi, les locuteurs ayant vécu cette période ont grandi dans une société dans laquelle l’hégémonie de la langue française était affirmée, et la stigmatisation du reo tahiti, systématique. Seules les différentes communautés religieuses permettaient d’assurer une instruction somme toute basique dans l’une ou l’autre de nos langues lors des Écoles du dimanche. Par ailleurs, dans la sphère familiale, les langues polynésiennes, bien que pratiquées par les parents et grands-parents, étaient considérées comme préjudiciables cette fois à l’intégration professionnelle et sociale. En effet, dans l’imaginaire collectif, et même en pratique, le français avait très rapidement été associé à la réussite scolaire et professionnelle, ce qui a poussé les familles à encourager les plus jeunes à suivre un cursus menant à un futur francophone...
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