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Le temps des enquêtes


Jeudi 18 Avril 2019 - écrit par Luc Ollivier


Dévoilés il y a quelques jours, les résultats de l’enquête emploi pour l’année 2018, concernant l’archipel de la Société, n’ont pas manqué d’être commentés, car riches d’enseignements. Vingt-quatre ans après la première et dernière enquête de ce genre (!), certaines vérités ont pu être rétablies. C’est un véritable outil de travail dont disposent désormais nos décideurs. Ils devraient pérenniser ce type d’enquête et en activer d’autres, afin de mieux cibler leurs actions en faveur du développement du territoire.



Cette enquête sur l'emploi était très attendue du côté du Sefi qui, avec celle à paraître sur les autres archipels, va pouvoir ajuster sa politique.
Pour éviter d’être redondants avec ce qui a déjà pu être dit ou écrit au sujet de cette première enquête, en attendant la présentation le mois prochain de celle concernant les autres archipels, nous avons fait le choix d’une approche plus structurelle que conjoncturelle.
La présence sur le territoire d’un spécialiste des enquêtes sociales, Jérémie Torterat (voir encadré p.31), n’est bien sûr pas étrangère à cette enquête emploi, considérée comme la plus puissante en statistique publique, parce qu’elle touche à énormément de domaines. Elle permet de faire des analyses démographiques, de filiation et d’héritage de capital culturel. L’idée va être d’exploiter au maximum l’enquête de cette année et, ensuite, d’approfondir les sujets transversaux, comme la formation, l’éducation, la jeunesse, la précarité… par des études thématiques.
Les enquêteurs de l’ISPF (Institut de la statistique de la Polynésie française) ont couvert l’ensemble du territoire pendant une année entière, le premier semestre étant consacré à la Société et le second aux archipels. Un énorme travail de fond qui ne pourra pas être reproduit sous cette forme chaque année pour des questions de logistique, de moyens et de méthodologie. 
Si la Société, qui concentre 75 % de la population, sera auscultée chaque année, l’enquête dans chacun des archipels ne devrait être menée que tous les trois ans. À cela, une explication très simple : la décision de l’enquête dépend directement de la taille de l’échantillon. Et dans les archipels, au bout de cinq ans, on retomberait sur les mêmes personnes. Il est fort probable qu’un phénomène de "fiu" se ferait sentir dans les foyers qui, une fois intégrés, le sont pour trois ans, d’une part parce que l’entretien dure une bonne heure et d’autre part parce qu’il est prévu de mener d’autres enquêtes sociales en parallèle. À la fin de l’année, par exemple, une étude sera menée sur la famille, en partenariat avec l’Institut national d’études démographiques (INED). Pour la prochaine enquête emploi, les îles de la Société est déjà à l’étude pour ce premier semestre, les Marquises le seront au second, avant probablement les Tuamotu l’année prochaine et les Australes dans deux ans, avant de recommencer le cycle.
La dernière enquête de ce type remonte donc à 1994, un gouffre temporel, alors qu’elle est organisée annuellement au niveau national. On pourra toujours voir moins bien loti que nous, avec la Nouvelle-Calédonie, qui n’en avait jamais menée jusqu’en 2017. Dans les DOM, ça a commencé dans le courant des années 1990, avant de prendre une forme parfaitement standardisée à partir des années 2000...

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De l’art de se compliquer la vie

De l’art de se compliquer la vie
L’art de se créer des problèmes quand les champs politique et économique sont dégagés est-il l’apanage de nos élus ? Certainement pas, mais quand même. Il faut leur reconnaître une propension à se crêper le chignon à la moindre occasion, à la moindre contrariété, un peu comme des enfants gâtés. Et l’actualité de ces derniers jours ne viendra pas démentir nos écrits. Les chiffres de l’économie tombent et chaque trimestre apporte un peu plus de crédit à la reprise. Pour les plus sceptiques, pas de "Moody’s Blues", car l’agence internationale y va de son "A3 avec perspective positive", une note que n’a jamais atteinte le Pays. Il a commencé à redistribuer, majoritairement envers les communes, pas moins de 5 milliards de Fcfp. Tout va donc pour le mieux en Polynésie française ? Eh bien, non ! Une crise chasse l’autre, et la politique remplace l’économique.

Dire que des tensions ont vu le jour au sein du Tapura est un doux euphémisme. Et si la maison ne brûle pas encore, Édouard Fritch va devoir jouer les pompiers de service. Des flammèches sont apparues, tout d’abord avec les parlementaires polynésiens à Paris. Ils ont peu goûté – et l’ont fait savoir – de n’avoir pas été consultés lors du soutien du Tapura à La République en Marche (LRM) pour les élections européennes de mai. On imagine leurs explications embarrassées sur les bancs de l’Assemblée ou du Sénat avec leurs pairs centristes. Comme un retour de flamme, l’initiative de la députée Maina Sage : elle a obtenu de l’Assemblée nationale un changement du texte initial sur la reconnaissance du fait nucléaire par l’État, modifiant le terme "contribution" par celui de "mise à contribution". "Le débat nucléaire devrait nous rassembler, il ne devrait pas y avoir de débat sémantique", a déclaré en retour le président Fritch, qui assure avoir laissé faire sa députée…
Outre les parlementaires, c’est ici même, à l’assemblée de la Polynésie française (APF), que le ton est monté au sein des représentants de la majorité pour se mettre d’accord sur la composition des commissions et, notamment, pour choisir leurs différents présidents.
 À tel point que le bruit de la création d’un nouveau groupe politique à l’APF a couru dans les couloirs. Des élus se sont émus des méthodes de management d’Édouard Fritch. Faut-il voir l’intégration d’Angelo Frebault, représentant banni du Tahoera’a, comme une réponse à ces mouvements d’humeur ? Toujours est-il qu’avec maintenant 40 représentants sur 57, le Tapura est en capacité de faire face à quelques grognements, voire à des menaces. 
Quant à l’opposition, elle se gausse. Mais est-elle également à la hauteur de ce que les citoyens attendent de leurs politiques ? Le député Tavini Moetai Brotherson partageait sur un réseau social : "Voilà donc le Tapura qui siège à l’UDI, après avoir soutenu Juppé et Fillon (Les Républicains), mais qui soutient aujourd’hui LRM aux Européennes... Mais dont un membre éminent est accessoirement secrétaire territorial des "Républicains"..." Son parti, après s’être rapproché en d’autres occasions du Parti socialiste, fait aujourd’hui cavalier seul et va même plus loin : il organise son propre scrutin, en appelant la population à déposer des bulletins faits maison "Maohi Nui" dans les urnes des élections européennes ! Quant au Tahoera'a, plutôt discret, il la joue retour au bercail, avec une demande de soutien à la liste des Républicains, après avoir soutenu, il y a deux ans, la candidate Marine Le Pen ! 
J’allais oublier, cerise sur le gâteau, l’arrivée de "The Polynesian Kingdom of Atooi", un gouvernement autoproclamé avec, à sa tête, le roi Ali’i Nui Aleka Aipoalani, qui vit à Hawaii. Les Pakumotu ne sont donc plus seuls !

Les années passent et on a l’impression de vivre toujours la même histoire, sur le fenua. Pathétique ou comique, c’est selon…

Bonne lecture et merci pour votre fidélité.

Luc Ollivier