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Nouvelle-Calédonie : 32e mort sur les routes


Jeudi 17 Octobre 2019 - écrit par Les Nouvelles Calédoniennes




L’accident mortel s’est produit dans la Chaîne, à un kilomètre de la tribu de Ouéholle (Kaala-Gomen). Crédit photo : Archives LNC
L’intervention a été particulièrement délicate et périlleuse. Il est peu après 22 heures, dimanche soir, lorsque les pompiers du SIVM Nord et la gendarmerie sont mis au courant qu’un accident grave vient de se produire à environ 1 kilomètre de Ouéholle, une tribu installée sur un flanc de montagne escarpé. Il faut alors un petit moment aux secours pour arriver dans la Chaîne. Sur place, des habitants de la tribu les informent qu’une voiture a fait une sortie de route. Les secours s’approchent. Ils découvrent alors une voiture retournée dans un ravin, une vingtaine de mètres en contrebas.
Il faut intervenir rapidement. Au total, huit pompiers s’équipent pour descendre en toute sécurité. La nuit noire empêche l’hélicoptère d’embarquer et de déposer une équipe du groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux de la Sécurité civile (Grimp). Les pompiers du SIVM doivent faire sans et entament la descente vers le 4x4. L’intervention, qui nécessitera également l’engagement du Smur de Koné, durera près de cinq heures. Le bilan est lourd. Sur les deux personnes qui circulaient à bord du véhicule, l’une, le passager, ne survivra pas. Il s’agit d’un homme âgé d’une cinquantaine d’années. Quant au conducteur, il a été blessé dans l’accident et placé en observation à l’hôpital.

Une enquête est en cours, conduite par la brigade de gendarmerie de Kaala-Gomen. Les enquêteurs devront établir dans quelles circonstances ce drame s’est déroulé. Les analyses toxicologiques et d'alcoolémie n’étaient pas encore connues, à l’heure où nous écrivions ces lignes. Le conducteur hospitalisé, également quinquagénaire, sera entendu et sa version des faits pourra permettre de faire avancer les investigations. Le décès de son passager porte à 32 le nombre de personnes qui ont péri sur les routes du territoire.

Source : Les Nouvelles Calédoniennes

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Décès du nourrisson aux Marquises : “je suis Hoane”…

Décès du nourrisson aux Marquises : “je suis Hoane”…
Jacques Brel chantait "le temps s’immobilise aux Marquises et gémir n’est pas de mise"… Mais après le décès du bébé marquisien, lors de son évacuation sanitaire le 6 octobre dernier, le Fenua Enata hurle sa colère et ses cris font résonner toute la Polynésie. Alors que le 4 juillet dernier, l’accouchement d’une femme de Bora Bora pendant son transport à bord d’un hélicoptère "Dauphin" nous avait tous émus, ce drame, le deuxième en trois ans aux Marquises, nous assomme cette fois, tel un violent coup de casse-tête, et repose la problématique récurrente des évasans, notamment dans les îles éloignées et isolées. Les habitants de la "Terre des Hommes" s’interrogent encore sur les conditions extrêmes de cette évasan qui a nécessité le transfert du nourrisson en speed-boat depuis Ua Pou jusqu’à Nuku Hiva, faute de vraie piste sur l’île native du petit Hoane Kohumoetini et d’hélicoptère affecté aux Marquises… Édouard Fritch a aussitôt demandé l’ouverture d’une enquête afin de "faire toute la lumière sur les circonstances et les responsabilités éventuelles".

Mais cette annonce présidentielle rassurante a été entachée par la sortie de piste de Jean-Christophe Bouissou, ministre des Transports interinsulaires et porte-parole du gouvernement, dont la réaction ahurissante a été sévèrement taclée sur les réseaux sociaux : "Lorsque des gens décident, par exemple, d’aller vivre sur un atoll isolé, sans qu’il y ait de port sans qu’il y ait d’aéroport, il est bien clair que s’il se passe quelque chose, que ce soit sur un enfant ou sur un adulte, nous n’avons pas la même capacité de réaction que si on le faisait par rapport aux Îles Sous-le-Vent ou des îles qui sont plus structurées et plus habitées." Un discours contradictoire pour ne pas dire irrespectueux, dont il a reconnu lui-même "la maladresse". D’autant qu’il déclarait le même jour, à l’issue d’une réunion du Schéma d’aménagement général de Polynésie, qu’il travaillait pour "un développement qui prévoit l’inversion des flux migratoires afin de permettre aux gens de retourner dans les archipels et faire en sorte de pouvoir vivre dans les archipels. Naître, vivre et peut-être aussi mourir dans les archipels, mais dans de bonnes conditions."

Du haut de ses 3 mois, le petit Hoane n’a pas choisi en effet de vivre à Ua Pou. En outre, la mort du garçonnet rappelle douloureusement le coût humain d’un tel éloignement insulaire pour la collectivité : 10 à 15 décès par an seraient liés aux difficultés de transport aux Marquises, selon la directrice de l’hôpital de Taiohae (Nuku Hiva). "Nous, les Marquisiens sommes totalement délaissés par les pouvoirs publics, il faut que cela cesse !", s’est insurgée Julie Bruneau, résidente à Ua Pou, qui a perdu son bébé de 9 mois dans les mêmes circonstances. "Cela suffit, il ne faut plus de sacrifice humain", a grondé, lui, Rataro, le grand-père de la victime. Dans le cadre de l’audition de Thierry Coquil, directeur des Affaires maritimes au ministère de la Transition écologique et solidaire, le sénateur Michel Vaspart est d’ailleurs revenu, le 2 octobre dernier, sur la situation particulière et précaire du sauvetage en mer en Polynésie : "Je dois vous dire, pour être marin moi-même, que j’ai eu honte, je dis bien honte, de voir le canot de sauvetage aux Marquises et de voir le canot de sauvetage à Papeete !" D’autres bébés doivent-ils encore mourir pour que le Pays réagisse enfin et traite tous les Polynésiens sur le même pied d’égalité en leur offrant des conditions d’accès aux soins identiques ? "Je suis Marquisien". "Je suis Hoane".
Repose en paix petit ange. n

Ensemble, faisons bouger les lignes !

Bonne lecture, te aroha ia rahi.

Dominique Schmitt