Menu

Politique : Pierre Frogier passe le relais à Thierry Santa


Vendredi 14 Décembre 2018 - écrit par Les Nouvelles Calédoniennes




Le Rassemblement considère que l’accord de Nouméa a pris fin en atteignant ses 20 ans. Il ne veut pas d’autres référendums et Pierre Frogier cède la présidence à Thierry Santa. C’est l’information principale à retenir du conseil politique du Rassemblement qui s’est tenu la semaine dernière à la salle omnisports de Boulari au Mont-Dore. Âgé de 68 ans, Pierre Frogier, président du parti, a fait nommer Thierry Santa, 51 ans, président par intérim du mouvement jusqu’à ce qu’une élection intervienne lors d’un congrès, vraisemblablement après les provinciales de mai. C’est donc un renouvellement des générations qui s’amorce. En effet, à l’issue des élections provinciales, le parti fondé par Jacques Lafleur devrait se réunir en congrès et procéder par voie d’élection à un changement de présidence en bonne et due forme. Pierre Frogier occupait la présidence du Rassemblement depuis 2005. Plusieurs centaines de militants ont participé à ce conseil politique dont la première séquence a été consacrée aux leçons à tirer du référendum.
Virginie Ruffenach, secrétaire générale, a insisté sur le fait que le non à l’indépendance a obtenu 18 535 voix de plus que le oui. Aux yeux de Thierry Santa comme de Pierre Frogier, les deuxième et troisième référendums ne sont que facultatifs (organisés si un tiers des élus du Congrès en fait la demande). Mais dans la mesure où ils considèrent que l’accord de Nouméa était prévu pour 20 ans, ils estiment qu’il n’a plus vocation à s’appliquer.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes


Dans la même rubrique
< >

Dossiers | L'Actu | Culture | Edito | Abonnement | Numéros | Archives | Pacifique | Grandes plumes | La chronique d'Alex Du Prel




Opposition constructive

Le dictionnaire des synonymes vient de s’enrichir d’une nouvelle formule ! Le retournement de veste politique peut désormais être remplacé par de l’opposition constructive.
L’on doit cette nouveauté linguistique à Angelo Frebault, élu en mai dernier lors des élections territoriales sur la liste Tahoera’a, dont il fut exclu en septembre pour ne pas avoir suivi les consignes du parti lors du vote de la réforme des retraites, et qui vient de rejoindre les rangs du Tapura.
L’ancien secrétaire général de la CSTP-FO ne sera donc pas resté bien longtemps seul sur les bancs de l’assemblée puisqu’il a rejoint le parti au pouvoir. La question finalement n’est pas de savoir qui a approché l’autre, mais pourquoi le Tapura, avec sa très forte majorité, a recueilli celui que Gaston Flosse n’avait pas hésité à qualifier de "pomme pourrie" au moment de son éviction du Tahoera’a.
Le gouvernement a les mains libres pour faire passer tous ses textes à l’assemblée avec ses 39 voix, une 40e ne lui est donc pas d’une grande utilité. En seconde lecture, on peut croire qu’Édouard Fritch a fait sienne la devise du célèbre réalisateur Francis Ford Coppola : "Sois proche de tes amis et encore plus proche de tes ennemis."
En effet, les difficultés rencontrées par le gouvernement actuel en début d’année lors des annonces concernant la réforme du régime des retraites peuvent lui faire craindre d’autres mouvements d’ampleur de la rue à l’occasion des réformes à venir sur la Protection Sociale Généralisée, ou encore de la réforme du code du travail. Avoir en son sein l’un de ses anciens plus farouches opposants comme il l’a déjà fait avec un certain Pierre Frebault, ancien ministre de l’Économie d’Oscar Temaru, aujourd’hui directeur de la toute nouvelle Agence de régulation sanitaire et sociale (Arass) – chargée de piloter la politique de la santé et de la protection sociale en Polynésie – est un atout, doit-on penser. Reste à mesurer le réseau d’influence d’Angelo Frebault, renié par une grande partie du monde syndical lors de sa présence sur les listes électorales orange.
Le revers de la médaille est le risque d’apporter un peu plus de discrédit à notre classe politique, dont la cote de popularité est déjà très basse. Et les récentes gardes à vue qu’ont connues Oscar Temaru et Gaston Flosse, pour des raisons très différentes certes, ne viennent pas en redorer l’image.
Le Tapura a pris un risque, persuadé que le résultat des dernières élections le légitime en tout. En métropole, on voit comment le pouvoir s’use vite, des instituts de sondage prenne régulièrement la température ; on peut regretter qu’ici il n’y a pas de sonnette d’alarme.

Bonne lecture et merci pour votre fidélité.

Luc Ollivier