Disparition de "mamie Louise" : le monde de la culture en deuiL
Après la disparition de Coco Hotahota, chef de la troupe emblématique Temaeva, c'est un autre pan de la culture polynésienne qui s'est effondré avec le départ de Louise Kimitete, le 25 mars dernier, à l'âge de 80 ans. Née à Hatihe’u, sur l’île de Nuku Hiva aux Marquises, "Mamie Louise" allait avoir 81 ans en juin prochain. Cette grande dame du 'ori tahiti, qui a consacré sa vie à la danse tahitienne, avait pour leitmotiv : "La danse est ma prière." Elle a débuté sa passion à 16 ans avec le groupe 'Arioi de Mémé de Montluc, avant de rejoindre la troupe Heiva emmenée par Madeleine Moua, où elle a fait notamment la connaissance de Coco Hotahota, Pauline Morgan et Joseph Uura. Puis elle a suivi son mari à Hawaii, durant plus de dix années. "Un passage qui lui fera prendre conscience de l'importance de la transmission des gestes de notre culture commune. Et Mamie Louise, tout naturellement, rejoindra le Conservatoire artistique de la Polynésie française (CAPF) quelque temps à peine après la création de l'établissement, en 1981", rappelle le ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu, dans un discours en son hommage.
Professeur au CAPF pendant plus de trente ans, elle a aussi chorégraphié des spectacles pour plusieurs groupes : Tiare Tahiti, Temaeva, Temarama, Heikura Nui, Teva i Tai, Toa Reva, ‘Aha Tau… et formé plusieurs lauréats des concours individuels de danse du Heiva. "Elle était également poétesse, et écrivit, durant plus de trente ans, tous les textes que des milliers d'élèves allaient chanter et interpréter place To'ata, sous les étoiles du temple de la danse traditionnelle", détaille encore M. Maamaatuaiahutapu. Par ailleurs, elle a été décorée en 2012 des insignes de chevalier dans l'ordre national du Mérite.
Le directeur du CAPF, Fabien Dinard, a salué quant à lui une femme "exceptionnelle pour son amour de la transmission de ses savoirs, pour son exigence absolue de recherche de justesse et de sens. Exceptionnelle pour sa liberté de parole, pour la grande maîtrise de son art. Pour cet incroyable caractère qui nous faisait toutes et tous trembler devant elle. Mais aussi, pour sa gentillesse, ses encouragements, sa volonté de se dépasser à chaque instant". Et de conclure avec force émotion : "Mamie, nous ne te disons pas adieu. Car en fait, ta place est tellement forte dans nos cœurs que j'entends ta voix, je vois ton beau sourire, je sens ton impatience, mais également ton admiration face à notre jeunesse qui a tant besoin d'apprendre. Guide-nous Mamie, notre étoile. Aujourd'hui plus que jamais." Figure de la danse traditionnelle, Mamie Louise a rejoint les étoiles, mais elle restera dans tous les cœurs.
(D.S.)