La Dépêche repêchée : Auroy joue son personnel à la roulette russe !
C’est une vraie télénovela que vivent nos confrères de La Dépêche de Tahiti depuis plusieurs années… Déjà en sursis, le quotidien fondé par Philippe Mazellier en 1964 a été sauvé in extremis, encore une fois, du naufrage. Si les 38 salariés de l’entreprise sont sur la sellette, ils ne peuvent qu’en vouloir à leur patron M. Auroy, dirigeant peu scrupuleux, sans aucun affect avec la presse et mauvais payeur devant l’éternel comme nous l’avons relaté à plusieurs reprises dans nos colonnes (lire notamment notre dossier “Dominique Auroy : attrape-moi si tu peux”, TPM n° 428 du 6 mars 2020). Placée en redressement judiciaire en juillet 2018, la société éditrice du journal devait pourtant suivre un plan de continuation depuis avril 2019, avec l’engagement d’honorer le règlement de ses dettes s’élevant à près de 600 millions de Fcfp, selon un calendrier décennal, mais aussi de payer, dès le lendemain de la signature, les créances salariales qui s’élèvent à 170 millions de Fcfp. Oui mais voilà, Auroy n’a pas tenu parole et a essayé de jouer la montre jusqu’à ce que la SAS La Dépêche soit placée en liquidation judiciaire, le 12 octobre dernier, par le tribunal mixte de commerce de Papeete. En effet, l’entreprise s’est fait rattraper par un de ses anciens salariés qui attend depuis plus de cinq ans ses indemnités de départ à la retraite. Finalement, deux jours après, La Dépêche a été repêchée par le parquet, dont “l’appel incident” a fait suite à l’appel du groupe de presse, qui a également déposé une requête en référé visant à suspendre sa liquidation.
Payer ou fermer...
Désormais, les salariés de l’entreprise doivent attendre la décision de la cour d’appel et vivre encore avec cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Une situation malheureuse, mais qui était annoncée, nul ne peut l’ignorer. Tamatea Ancell, le représentant des créanciers, prévenait déjà en mars dernier, il y a donc plus de six mois : “Si le plan de continuation n’est pas respecté, on sera obligés d’aller dans le sens de la liquidation.” Rien n’avait été fait depuis cette nouvelle alerte… Face à la menace et dos au mur, le propriétaire du quotidien s’est enfin acquitté de la dernière tranche manquante de la première échéance du plan de continuation (“seulement” 10,6 millions de Fcfp). Comment un chef d'entreprise peut-il jouer, non pas son argent, mais son personnel à la roulette russe ? Pathétique de la part de celui qui a vainement tenté d’être consul de Russie en Polynésie. Ce comportement odieux devrait trouver son terme très vite : il faudra payer ou fermer... Parallèlement, la SCI Pont de la Fautaua réclame à la société plus de 70 millions de Fcfp pour le bail du terrain et l’occupation de ses locaux ; l’affaire est entre les mains de la justice. Décidément, le sobriquet “L’homme qui devait des centaines de millions” que nous avons donné à Dominique Auroy est toujours d’actualité et lui colle à la peau !
Dominique Schmitt