Oscar Temaru : "Tout est dans Tahiti Pacifique, il faut le lire, toute la vérité est là !"
Invité du journal télévisé sur Polynésie la 1ère, le 7 juin, dans le cadre de l’affaire Radio Tefana, le maire de Faa’a et président du Tavini Huiraatira, a dénoncé une "décision tout à fait injustifiée, aberrante" à propos de la "saisie pénale" de 11,55 millions de Fcfp sur son compte, estimant qu’il était dans son droit de bénéficier de la protection fonctionnelle prévue dans ses missions. "C’est de l’acharnement, c’est du harcèlement. Comment expliquer autrement ?", a déclaré Oscar Temaru, estimant une nouvelle fois que cette enquête était "un règlement de compte" de l’État à la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires non-autonomes de l’ONU et à la plainte pour crime contre l’humanité à l’encontre de la France. "Ce genre d’action est mené contre des trafiquants d’ice qui risquent de s’enfuir. On pense peut-être que je vais m’enfuir en Colombie, au Venezuela ou ailleurs ?", a regretté le leader indépendantiste, qui a décidé, dès le lendemain, d’entamer une grève de la faim.
Interrogé ensuite sur la bataille de textes autour du seuil de 1 millisievert et la notion de "risque négligeable" menée par le gouvernement au sujet du nucléaire, Oscar Temaru a également fait l’apologie de votre magazine préféré : "J’aimerais tout simplement dire merci à Bruno Barrillot (spécialisé dans le suivi des armes et du nucléaire, il a été notamment cofondateur de l’Observatoire des armements en 1984 et a conseillé aux victimes civiles et militaires, en France, en Polynésie française et en Algérie, de se rassembler pour exprimer leurs revendications : l’Association des vétérans des essais nucléaires – l’Aven – et Moruroa e tatou ont ainsi été créées en 2001, ndlr), qui a fait un film sur Moruroa, avec des témoins métropolitains qui ont travaillé à Moruroa ; j’aimerais également dire merci à Ghislain Houzel, un ancien ingénieur du CEA (Commissariat à l’énergie atomique, ndlr). Tout est dans Tahiti Pacifique, il faut le lire, il dit la vérité ! Mais cela ne fait rien, vingt-cinq après l’arrêt des essais nucléaires, toute la vérité est là… Le reste, c’est du marchandage, du tripotage politique !" Depuis le 8 juin, le chef de file du Tavini demande au procureur de la République, Hervé Leroy, de le recevoir, en vain. Se considérant comme "une victime de la justice coloniale", M. Temaru a promis de revenir "tous les jours" devant le palais de justice.
Teua Temaru : "On se tient debout et on va résister"
Pour rappel, M. Fritch est également passé à la barre en 2016 pour "prise illégale d’intérêts" dans l’affaire Radio Maohi. Il n’avait pas alors écopé de peine d’inéligibilité mais avait été condamné à 2 millions de Fcfp d’amende pour avoir attribué 15 millions de Fcfp de subventions à la radio politique du Tahoeraa, lorsqu’il était maire de Pirae en 2007. La Justice en Polynésie est-elle à deux vitesses ? Ce qui est certain, c’est que l’État est assis sur une poudrière et joue avec le feu... Les militants rangés derrière leur metua n’attendent qu’un signe de sa part. D’ailleurs, révoltée, Teua Temaru, la fille d’Oscar, a prévenu : "S’il lui arrive quoi que ce soit, le procureur devra répondre de ses actes devant tout le nūna’a (« peuple », ndlr), pas devant le tribunal, pas devant la Justice. Il ne faudra pas qu’il s’étonne quand ce monsieur (Oscar Temaru, 75 ans, 1,70 m, 64 kilos, ndlr) va fermer les yeux, plus personne ne sera là pour maintenir la paix dans ce pays, et le sang va couler ! Et ce sera la faute du procureur, du procureur général et de tous les autres assis couchés debout qui ne font que le jeu de l’État. Alors, maintenant, on dit « ça suffit ! ». On se tient debout et on va résister." (D.S.)