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AVENTURE - Virus ou pas, Karlis Bardelis traverse en solitaire le Pacifique à la rame


Vendredi 7 Août 2020 - écrit par Source : Agence France-Presse




Crédit photo : AFP
Pacifique à la rame sans rencontrer un seul être humain, l'aventurier letton Karlis Bardelis ne rêve que de recommencer et a quelques conseils pour les confinés du coronavirus. Bardelis a commencé son voyage au Pérou en juillet 2018, atteignant la Polynésie française près de cinq mois plus tard et terminant en Malaisie en juin 2020. En cours de route, il a été percuté par des requins au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, il a dû utiliser une batterie pour remplacer une ancre perdue et a évité de justesse des accidents avec d'autres bateaux. "Si nous ne pouvons pas changer les circonstances, nous pouvons changer nos attitudes à leur égard", a-t-il déclaré dans sa Lettonie natale, après avoir passé deux semaines en quarantaine obligatoire après son retour de Malaisie.
"Beaucoup de gens m'ont demandé si je ne perdais pas la tête ou si je ne devenais pas fou", a déclaré cet homme de 35 ans, expliquant : "Non, j'aime juste ça, parce que c'est ce que j'ai choisi de faire." Il a documenté son voyage de 26 000 kilomètres sur sa page Facebook Bored of Borders. Pour se rendre de l'Amérique du Sud en Asie sans moteur et sans voiles, il ramait jusqu'à 13 heures par jour, sur son bateau en contreplaqué de sept mètres de long. Atteignant deux mètres à son point le plus large, le bateau dispose uniquement d'une petite cabine pour dormir et stocker des fournitures et du matériel. Son voyage du Pérou en Malaisie a été documenté sur le site Web oceanrowing.com et serait le premier du genre dans l'histoire. "Je suis sûr à 200% d'avoir fait le premier voyage en bateau à rames en solitaire d'Amérique du Sud vers l'Asie du Sud-Est", a déclaré Bardelis.
Autour du monde

Ressemblant à un Viking moderne, avec des yeux bleus, de longs cheveux blonds et une large barbe, ce diplômé en économie et en sciences de l'environnement a été, selon lui, accueilli partout à bras ouverts. Bien qu'il ait passé la plupart de son temps seul en mer, le rameur dit ne s'être jamais senti seul. "L'océan est plein de vie : je n'étais pas seul, mais plutôt avec des oiseaux, des poissons et des baleines", a-t-il déclaré, ajoutant que les podcasts et les livres audio l'ont également aidé.
La traversée du Pacifique n'était pas son premier voyage épique en mer : en 2016, Bardelis a traversé avec un ami l'Atlantique à la rame, en partant de Namibie pour atteindre le Brésil. Il a ensuite traversé l'Amérique du Sud sur un tandem avec sa petite amie de l'époque, avant de commencer sa traversée en solitaire depuis le Pérou. Bardelis a déclaré que son objectif ultime était de retourner sur son bateau en Malaisie une fois la saison de la mousson terminée et de recommencer à ramer pour atteindre la Namibie, et ainsi faire le tour du monde à la rame. "Ce serait facile de monter une voile, mais j'adore ramer, et puis utiliser des voiles me donnerait l'impression de tricher, ne serait-ce qu'avec moi-même", a-t-il déclaré.

Source : Agence France-Presse


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Un mariage, un divorce et… des enterrements

Si notre rédaction a observé sa pause annuelle pendant le mois de juillet, elle n’en a pas pour autant oublié de suivre l’actualité. C’est même l’actualité qui nous a rattrapés, tant ces dernières semaines ont été riches en informations (pour ne pas dire en télénovelas) ! Tout d’abord, la visite présidentielle de Macron a fait couler beaucoup d’encre. “Manu 1er” n’a pas fait de grande annonce, mais a montré qu’il savait manier la langue de Molière et qu’il maîtrisait l’art oratoire. Le pardon de Peretiteni tant attendu, au nom de la France, n’est jamais arrivé, tout juste “une reconnaissance de la dette nucléaire”. Quant à la question cruciale de la déclassification des archives militaires, il y a répondu toujours avec le même flou artistique. Ne fantasmons pas : comme le détaille notre spécialiste Jean-Marc Regnault en pages intérieures (lire pp. 18 à 21), la présence de “Manu 1er” en Polynésie française était purement stratégique pour asseoir la géopolitique décidée par l’État autour de l’axe Indo-Pacifique, et ce afin de contrer les avancées chinoises intempestives en Océanie.

Ce qui a cependant interpellé nombre d’observateurs, c’est le relâchement général des mesures prises dans le cadre de la visite présidentielle, malgré la crise sanitaire. En effet, le chef de l’État n’a pas hésité à être en contact rapproché avec la population. Bains de foule, embrassades, accolades et autres levers d’enfants par le président auront provoqué quelques sourires, mais aussi de nombreux grincements de dents. Un comportement peu exemplaire. Et que dire de l’irresponsabilité de notre gouvernement local et des élus, Fritch en tête, qui, quelques jours après avoir interdit toute festivité et tout concert s’octroient le droit de faire la bringue lors du mariage du vice-président, aka “Variant Alpha”, devant près de 500 convives ? Les réseaux sociaux ont diffusé des photos et des vidéos hallucinantes où l’on peut voir “Doudou” jouer de la gratte et Michel Buillard dit “Michou” se prendre pour Elvis Presley au micro, tous deux sans masque. Face à ce craquage collectif, l’opposition dénonce un “scandale impardonnable” organisé “dans l’illégalité”, tandis que d’autres politiciens réclament clairement la démission de Fritch. Au bout du rouleau et “outré”, le personnel soignant du Centre hospitalier de la Polynésie française demande aux élus d’être “exemplaires et cohérents” et de prendre la situation sanitaire “au sérieux”. La justice est informée, les investigations de la police sont en cours ; on attend donc des sanctions à la hauteur de celles données à certains fonctionnaires accusés de “décadence”, l’année dernière, lors de l’épisode des fêtes de Bayonne au Piment rouge ! De quoi faire ronger son frein à “Dodo”… Le divorce semble ainsi bien entamé entre le Pays et l’État.

Aussi, la réaction du président de la Polynésie française n’aura pas réussi à calmer l’indignation de la population, bien au contraire. “Doudou” n’a pas fait amende honorable et a même tenté de minimiser les faits dans une vidéo “exclusive” diffusée sur “la chaîne du Pays”, sans la présence de journalistes, avant d’en appeler à… la bénédiction divine. La confiance du nūna’a en son metua semble définitivement enterrée. Rattrapé ensuite par “l’affaire du mariage” lors de son allocution du 11 août, il a totalement perdu son sang-froid. Après avoir dérapé une première fois en demandant de “jeter à la mer” l’une de nos consœurs, celui qui est aux commandes de la Polynésie est sorti de ses gonds à la moindre question gênante posée par les journalistes, balayant d’un revers de main les conséquences possibles de ses actes aux prochaines échéances électorales et allant même jusqu’à dire que les journalistes lui faisaient “pitié”. Et d’enterrer tout de go les valeurs de respect et son crédit politique.

Pendant que nos dirigeants dansent et s’entêtent dans des demi-mesures timides et inefficaces, le nombre de covidés a explosé et on enterre chaque jour des dizaines de morts (plus de 220 morts depuis mars 2020). Alors qu’on se demandait l’année dernière, en plein pic de l’épidémie, s’il y avait un pilote dans l’avion, on a désormais l’impression d’être dans une frêle embarcation, sans capitaine, chahutée par les lames de fond, à l’image du Bateau ivre de Raimbaud… Pitié, vous avez dit pitié ?

Ensemble, faisons bouger les lignes !

Bonne lecture, te aroha ia rahi.

Dominique SCHMITT