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Justice : “le coup était si fort qu'on voyait l'os du crâne”


Jeudi 27 Juin 2019 - écrit par Les Nouvelles Calédoniennes




Un père de famille a été reconnu coupable en correctionnelle de plusieurs faits de violence sur sa femme, dans leur maison familiale de Ponérihouen, et a été condamné à deux ans de prison ferme. Le 20 avril dernier, Matayo Nateawé et son épouse célèbrent le mariage de leur fille. Après avoir bu un verre de trop, madame va se coucher avant de se réveiller parce que du “sang coulait sur ma tête”. La douleur est intense. Elle ne comprend pas ce qui vient de lui arriver. “Vous étiez trop saoule pour vous rendre compte de ce qui s'était passé, souligne la présidente. Matayo Nateawé vous a frappé la tête avec un caillou pendant votre sommeil. Le coup était si fort qu'on voyait l'os du crâne.
Moins d'un mois plus tard, la victime rentre du cirque, mais celui avec qui elle partage sa vie depuis 25 ans ne la croit pas. “Je n'ai plus confiance en elle…”, dit Matayo Nateawé à la barre. Il soupçonne une infidélité. Il donne alors plusieurs coups à sa femme avec un sabre d'abattis – “c'est grâce à son pull très épais qu'elle n'a pas été blessée gravement”, estime le procureur de la République - avant qu'elle ne prenne la fuite. Il la poursuit, arme à la main. Puis il trébuche. Madame récupère la machette et la jette plus loin. Pas de quoi décourager Matayo Nateawé qui brandit un couteau de cuisine. “Vous n'avez rien fait, car la victime a crié et alerté les enfants et les voisins”, note la magistrate. Si le tribunal n'a pas décerné de mandat de dépôt, synonyme d'incarcération immédiate, le parquet a mis à exécution une précédente peine de huit mois ferme que Matayo Nateawé purgera au Camp-Est.

Source : Les Nouvelles Calédoniennes

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L'ÉDITO - Procès de l'affaire Radio Tefana : la montagne accouche d'une souris…

L'ÉDITO - Procès de l'affaire Radio Tefana : la montagne accouche d'une souris…
Après quatre jours de procès intense dans le cadre de l'affaire Radio Tefana, le procureur de la République, Hervé Leroy, a requis à l'encontre d'Oscar Temaru une amende de 5 millions de Fcfp. Poursuivi pour "prise illégale d'intérêts" et soupçonné d'avoir utilisé l'antenne locale comme "outil de propagande" pour servir ses intérêts politiques, le maire de Faa'a ne devrait pas avoir de peine d'inéligibilité in fine et pourrait même être relaxé. Il faut dire que le leader du parti souverainiste s'est entouré d'une paire d'avocats redoutables pour le défendre et a su jouer les martyrs en mobilisant plus de 250 militants devant le tribunal correctionnel. Face à un magistrat qui n'a pu que reconnaître en M. Temaru "un homme moralement et intellectuellement honnête", qui n'est pas "un corrompu", MMe Jourdaine et Koubbi n'ont pas tardé à trouver la faille de cette procédure judiciaire née d'une "défaillance du ministère public". Sur des airs de comedia dell'arte, ils ont ainsi interpellé le procureur : "Si vous deviez aller en voie de condamnation, je crois que vous auriez beaucoup de travail. Vous allez devoir poursuivre tous les élus de Polynésie qui financent des associations dans lesquelles on trouve des membres de leur parti politique, de leur famille, etc." Et de faire le parallèle avec le président Édouard Fritch, dont "la fête de l’Autonomie est une fête au service d’une date célébrée par l’idéologie de son parti autonomiste". Puis, même comparaison avec "le haut-commissaire de la République et la fête du 14-Juillet"… De fait, "pas mal de maires seraient alors contraints de ne plus rien faire" ! Le délibéré sera connu le 10 septembre prochain.
Malgré la grande médiatisation de l'affaire, on pouvait s'attendre à ce qu'il y ait beaucoup de bruit pour rien. En effet, pour rappel, M. Fritch est également passé à la barre en 2016 pour "prise illégale d’intérêts" dans l’affaire Radio Maohi. Il n'avait pas alors écopé de peine d'inéligibilité mais avait été condamné à 2 millions de Fcfp d'amende pour avoir attribué 15 millions de Fcfp de subventions à la radio politique du Tahoeraa, lorsqu’il était maire de Pirae en 2007. Il est intéressant de mettre les deux hommes en perspective pour se faire une idée objective : le casier judiciaire de M. Temaru comporte deux mentions (une amende en 2003 pour franchissement de ligne continue et une condamnation pour diffamation envers un particulier en 2005), tandis que l'actuel président s'est déjà retrouvé quatre fois devant le tribunal dans le cadre de ses fonctions politiques. Outre sa condamnation pour Radio Maohi, il a été relaxé en 2012 avec René Temeharo et Gaston Flosse pour une affaire de mise à disposition de fonctionnaires, puis en 2014 dans l’affaire Anuanuraro. Sa dernière affaire concerne des "détournements de fonds publics" autour de la citerne d'Erima, pour laquelle il vient d'être condamné de nouveau à une amende de 5 millions de Fcfp ; il devra également verser, pour préjudice matériel, 46 millions de Fcfp de dommages et intérêts à la commune de Pirae, ainsi que 1,250 million de Fcfp, à titre de préjudice moral. Le chef de file du Tapura Huiraatira et actuel dirigeant du Pays a ainsi été mis en cause par la Justice à deux reprises !
Aujourd'hui, en mal de projets, Édouard Fritch tente de glisser sur la moindre vague, en proposant par exemple la participation de la Polynésie française à l'organisation des compétitions de surf pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris-2024, sur le spot "le plus dangereux du monde" : Teahupoo. Si notre cher président a du mal à déjouer les mauvais tours des investisseurs étrangers, il joue parfaitement bien du pipeau en feignant à la population que c'est possible. Qui peut croire à pareille ineptie ? Personne n'est dupe, dans cinq ans, les JO se dérouleront sur l'Hexagone. Bien qu'une procédure d’appel à candidatures pour le surf sera lancée auprès de toutes les collectivités nationales et aussi attrayante qu'est la destination Polynésie pour les riders du monde entier, elle reste loin et chère, et surtout les vagues ne manquent pas sur la côte atlantique… Il est vraiment temps d'arrêter les effets d'annonce et de passer à du concret.

Bonne lecture, te aroha ia rahi.

Dominique Schmitt