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NOUVELLE-CALÉDONIE RÉFÉRENDUM : "Nous devrons veiller à ne pas nous faire voler le résultat"


Vendredi 2 Novembre 2018 - écrit par Les Nouvelles Calédoniennes




Pierre Frogier, le président du Rassemblement-Les Républicains annonce qu’en cas de "non massif" à l’indépendance, il déposera une proposition de loi constitutionnelle au Sénat pour éviter les deuxième et troisième consultations.
Plusieurs sondages prédisent une nette avance du non sur le oui dimanche soir à l’issue du référendum. Quel est votre propre pronostic ?
Au-delà des sondages, j’ai un ressenti qui vient du terrain que je parcours depuis le mois de décembre dernier. Dans les zones à dominante indépendantiste, ils sont très interrogatifs. J’ai mesuré que depuis trente ans, il s’est passé quelque chose et je crains que les élus indépendantistes ne l’aient pas compris. J’ai vu des gens inquiets qui se sentent coupés de leurs leaders. On demande aux Kanak de voter oui ou non à la France, pour nombre d’entre eux, c’est une forme de prise en otage.

Concrètement, qu’est-ce que vous ferez le 5 novembre ?
Il faudra être très ferme sur nos positions. Depuis trente ans, l’État se prétend impartial alors qu’en réalité il joue à deux contre un avec les indépendantistes contre nous.
Afficher son impartialité en tant que représentant de l’État, humainement, c’est une forme de mépris. Si Édouard Philippe vient le 5 novembre, ce n’est pas pour nous. C’est pour panser les plaies des indépendantistes.

Vous voulez fermer définitivement la porte à l’indépendance ?
Oui ! Le peuple colonisé a obtenu de faire valoir son droit à l’autodétermination. Mais qu’ont fait ses dirigeants de constructif pour bâtir un projet convaincant ? Rien. Ils n’ont fait que miser sur la croissance démographique en essayant de restreindre le droit de vote des autres. C’est un projet indigent. La Calédonie est aujourd’hui encore plus dépendante qu’elle ne l’a jamais été. Mais moi je ne suis pas colonisé et je ne trouve rien dans leur projet. Et ce que je retiens des mois passés sur le terrain, c’est que nombre de leurs sympathisants en sont conscients.

Pourquoi combattre l’idée d’un deuxième, puis d’un troisième référendum ?
Les autres partis non indépendantistes viennent aussi à cette idée. Trois référendums, ça pouvait avoir un sens si l’on avait lancé le premier dès 2014. C’est dans cet esprit que le Conseil constitutionnel en avait validé le principe. Mais les indépendantistes ont traîné les pieds.
Si dimanche, le résultat est de 53/47, on pourra se poser la question. Mais s’il est de 65/35, je déposerai une proposition de loi constitutionnelle pour écarter ces référendums du chemin institutionnel.

Source : Les Nouvelles Calédoniennes

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La Calédonie à qui perd gagne ?

Des vainqueurs qui restent sur leur faim, des vaincus plein d’espoir, le résultat du référendum d’autodétermination calédonien du dimanche 4 novembre n’a pas manqué d’afficher des sentiments opposés et même paradoxaux.
La victoire annoncée avant l’heure du "non" à la pleine souveraineté s’est avérée exacte, mais dans des proportions bien moindres que celles que laissaient escompter les sondages ou les dernières élections provinciales. Le deux-tiers/un-tiers s’est transformé en un 56,4/43,6 qui a surpris les observateurs, les électeurs et les responsables des partis politiques locaux.
La Nouvelle-Calédonie a donc affirmé son attachement à la France, mais pas d’une façon massive ; et la carte des régions pro et anti-métropole n’a que très peu bougé depuis la date des premiers accords en 1988. Un autre scrutin devenu incontestable en 2020 en raison du "faible" écart entre les opposants, puis peut-être encore un autre en 2022, vont plonger ce territoire dans un attentisme économique dont il aurait bien aimé se passer. Deux ou quatre ans, c’est peu pour faire basculer une majorité, mais suffisant pour faire tourner une économie au ralenti.
Ces résultats n’ont pas manqué de faire réagir le Tavini Huiraatira qui n’a pu s’empêcher de faire un parallèle avec la Polynésie française. Après des démêlés avec la justice "coloniale" et un tour de l’île en mémoire du leader autonomiste Pouvana'a a Oopa enfin réhabilité par cette même justice, Oscar Temaru demande à ce qu’un tel référendum soit organisé. Le leader bleu l’a souvent martelé, tout comme Moetai Brotherson : un vote pour l’indépendance n’a rien de comparable avec un vote pour les territoriales ; il ne faut pas se fier aux résultats de l’un pour estimer l’autre. Le résultat calédonien lui a donné raison. Voilà qui ne manquera pas de lui donner encore plus d’ardeur sur les bancs de la 4e commission de l’ONU.

Bonne lecture et merci pour votre fidélité.

Luc Ollivier