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Tattoo Convention Internationale Polynesia Tatau 2019


Jeudi 31 Octobre 2019 - écrit par Ariitaimai Amary


Le corps, ce chef-d’œuvre vivant

Alors que la Tattoo Convention Internationale Polynesia Tatau 2019 va ouvrir ses portes du 6 au 9 novembre prochains, retour sur l’histoire et le sens du tatouage en Polynésie. Cet art ancestral, qui utilise le corps comme support d’expression et qui a survécu au passage du temps, connaît une véritable résurgence depuis une trentaine d’années.



Crédit photo : DR
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Le tātau polynésien est tellement plus qu’une simple juxtaposition de symboles. Il est un réel moyen d’expression, avec lequel les personnes s’approprient leur corps et leur histoire. Qu’il exprime un message particulier ou qu’il soit un objet purement esthétique, le tatouage est fort de sens puisque, peu importe la raison pour laquelle il a été fait, il est venu s’ancrer dans la chair de l’être.
On peut donc revenir sur l’histoire de cet art polynésien et sa transmission pour en faire le tatouage que l’on connaît aujourd’hui. Selon la légende polynésienne, le tatouage tiendrait ses origines dans le divin. En effet, ce serait les deux fils de Ta’aroa, Mata Mata Arahu et Tu Ra’i Po, qui l’auraient créé pour séduire Hina Ere Ere Manua, la fille du premier homme. L’entreprise ayant réussi, les deux dieux artisans auraient transmis leur savoir aux Hommes qui auraient été séduits, eux aussi, par cet art. Cependant, il convient de voir l’application de cette pratique dans le quotidien des populations.

Dans le Pacifique, les gens ont voulu faire revenir le tātau avec des marques corporelles fortes de sens, esthétiques et personnelles. Ainsi, le message véhiculé par les symboles n’est pas vide, il donne à voir l’intime de l’individu, mais l’inscrit aussi dans un schéma sociétal précis. Cependant, il faut dire qu’une traduction univoque d’un motif n’est pas possible. En effet, un motif possède plusieurs significations et, si on cherche à l’expliquer, il faut le prendre dans sa globalité et dans son association avec les autres motifs en présence. Il conviendra en revanche de garder à l’esprit que seul le porteur de ce tatouage pourra y donner un sens complet. Dans les usages contemporains, il y a une dialectique du tatouage, une façon d’exprimer les choses qui est propre à chaque tatoueur : chacun a son style, et c’est d’ailleurs pour cela que certains se démarquent par leur esthétique propre...

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Pendant ce temps-là, les SDF meurent dans nos rues…

Pendant ce temps-là, les SDF meurent dans nos rues…
Il aura donc fallu que deux bébés meurent à Ua Pou en l’espace de trois ans pour que le Pays promette enfin de réagir. Après que le Fenua Enata a crié sa colère suite au décès du nourrisson de trois mois et que le corps du petit Hoane Kohumoetini a été rapatrié pour reposer en paix sur sa terre natale, le président de la Polynésie a multiplié les annonces, le 17 octobre dernier. Afin d’assurer correctement les évacuations sanitaires, un hélicoptère devrait être de nouveau affecté aux Marquises “avant juin 2020” et l’hôpital de Taiohae, à Nuku Hiva, devrait disposer prochainement d’un appareil d'échographie, ainsi que d'un scanner pour permettre des diagnostics plus pointus. Édouard Fritch a déclaré en outre qu’un navire de secours en mer verrait le jour grâce à l’inscription au budget de l’État d’une enveloppe de 36 millions de Fcfp par la ministre des Outre-mer, Annick Girardin. C’est Noël avant l’heure, et on sent comme un parfum de municipales se dégager derrière chaque parole gouvernementale… D’ailleurs, le président et le haut-commissaire, en déplacement aux Marquises le week-end dernier, ont été accueillis par un collectif de 300 personnes qui ont manifesté en silence leur indignation, en attendant non pas des promesses mais des actions concrètes.

Alors, cher papa Fritch, permettez-nous de vous adresser également cette lettre un peu en avance. Yvonne, 60 ans, s’est éteinte à l’hôpital de Taaone, puis le corps d’un quadragénaire sans vie a été découvert derrière la mairie de Papara. Ces deux décès de sans domicile fixe (SDF) survenus à quelques jours d’intervalle portent à au moins 9 le nombre de personnes en grande précarité et à la rue disparues depuis le début de l’année. C’est trop, beaucoup trop à l’échelle de notre territoire avec ses 280 000 habitants ! En Métropole, ce sont 303 morts qui ont été répertoriés sur une population de 67 millions d’âmes, ce qui est déjà inacceptable. Comme nous l’écrivions dans un précédent éditorial (lire TPM n° 406 du 3 mai 2019), après la vague de solidarité qui a déferlé suite à l’incendie de Notre-Dame de Paris : faut-il que la planète s’enflamme pour que nous lui venions en aide, ainsi qu’aux dizaines de milliers d’enfants, de SDF et de vieillards qui meurent chaque jour dans la plus grande indifférence ?

D’autant que ces regrettables disparitions coïncident avec le contexte tendu qui s’est instauré entre le gouvernement local et Père Christophe, depuis le discours officiel de M. Fritch devant les élus du Pays pour lequel il n’avait même pas pris la peine de se concerter avec les principaux concernés ! Le prêtre résident et vicaire coopérateur de la cathédrale de Papeete avait alors dénoncé “un coup médiatique, un coup politique !” (lire TPM n° 417 du 4 octobre). Dans un nouveau brûlot publié sur la page du centre d’accueil Te Vai-ete, le bienfaiteur des SDF à Tahiti n’y va pas avec le dos de la cuillère : “À quel jeu le Pays joue-t-il ? Davantage préoccupé par les conflits d’intérêts personnels, les querelles de pouvoir entre cabinets ministériels et la lâcheté de ceux qui peuvent y remédier… ego surdimensionné… le bien commun disparaît au profit des intérêts personnels ! Pendant ce temps-là, on meurt dans nos rues… Combien de morts faudra-t-il pour que les petits potentats qui gravitent dans les sphères du pouvoir soient mis à bas pour qu’être frères ne soit plus le privilège de quelques-uns ?” Rappelons encore une fois que Père Christophe est à la recherche d’un terrain pour offrir des conditions louables aux quelque 300 SDF qui errent dans le Grand Papeete, à savoir un repas, une douche et la possibilité de laver leur linge. Il a besoin de 150 millions de Fcfp avant le 23 décembre 2019, sinon il jettera l’éponge après vingt-cinq années de générosité inconditionnelle. Je rêve qu’en ces fêtes de la Toussaint et du Tūramara’a, nous puissions rendre à nos défunts, mais aussi à nos SDF, toute leur dignité !

Ensemble, faisons bouger les lignes !

Bonne lecture, te aroha ia rahi.

Dominique Schmitt