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Tūramara'a : les souvenirs plus forts que l'oubli


Jeudi 31 Octobre 2019 - écrit par Ariitaimai Amary


"Jour des fidèles défunts" le 2 novembre

Lorsqu'une personne part, elle est à jamais retirée de la réalité physique. Pour ce qui est de celle des proches, le souvenir reste présent et constitue une garantie de la survie du disparu. Dans la culture polynésienne, une cérémonie particulière vient célébrer cet attachement des vivants aux défunts : le Tūramara'a. Lumière sur ce moment de recueillement qui unit les êtres par-delà la mort.



 Les familles sont nombreuses à se rendre dans les cimetières le soir du Tūramara'a. Le temps passe, les souvenirs restent. Crédit photos : Ariitaimai Amary
 Les familles sont nombreuses à se rendre dans les cimetières le soir du Tūramara'a. Le temps passe, les souvenirs restent. Crédit photos : Ariitaimai Amary
Le Tūramara’a, ou "illumination des tombes", est une célébration typiquement polynésienne qui consiste en la réunion des proches dans un cimetière pour honorer les disparus. Durant ce culte, les proches allument des cierges et entonnent des chants religieux et d’amour qui résonnent dans les sites funéraires.
Rappelons cependant que cette cérémonie est tout d’abord religieuse, le principe premier étant la bénédiction des tombes des défunts de confession catholique. Il convient de distinguer la messe de la Toussaint, et celle du Tūramara’a. Père Gilbert, de l’église Saint-François-Xavier de Paea, explique : "Le 1er novembre, il s’agit de la fête de tous les saints. Il s’agit de personnes ayant vécu leur foi en vérité et dans la sainteté, à l’image du saint patron de mon église. Par contre, le 2 novembre, c’est le jour des fidèles défunts. Le fait que l’on aille sur le cimetière nous sert à honorer la mémoire des baptisés catholiques. Cela nous permet de nous rappeler que sous nos pieds, il y a un enfant de Dieu, qui a vécu sa vie, qui est mort, et, dans notre foi et dans notre espérance, on sait qu’il est avec Dieu, puisqu’il a reçu le baptême. Ainsi, le fait d’allumer une bougie et de bénir cette tombe fait écho à ce baptême. En effet, lors de ce sacrement, on allume une bougie pour l’enfant, qui symbolise le baptême reçu. Or, il se trouve qu’aujourd’hui, des personnes de confessions autres nous demandent de venir bénir leurs tombes. Ce n’est pas réellement le but de notre venue sur le cimetière, mais nous le faisons pour aider notre prochain."...

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Pendant ce temps-là, les SDF meurent dans nos rues…

Pendant ce temps-là, les SDF meurent dans nos rues…
Il aura donc fallu que deux bébés meurent à Ua Pou en l’espace de trois ans pour que le Pays promette enfin de réagir. Après que le Fenua Enata a crié sa colère suite au décès du nourrisson de trois mois et que le corps du petit Hoane Kohumoetini a été rapatrié pour reposer en paix sur sa terre natale, le président de la Polynésie a multiplié les annonces, le 17 octobre dernier. Afin d’assurer correctement les évacuations sanitaires, un hélicoptère devrait être de nouveau affecté aux Marquises “avant juin 2020” et l’hôpital de Taiohae, à Nuku Hiva, devrait disposer prochainement d’un appareil d'échographie, ainsi que d'un scanner pour permettre des diagnostics plus pointus. Édouard Fritch a déclaré en outre qu’un navire de secours en mer verrait le jour grâce à l’inscription au budget de l’État d’une enveloppe de 36 millions de Fcfp par la ministre des Outre-mer, Annick Girardin. C’est Noël avant l’heure, et on sent comme un parfum de municipales se dégager derrière chaque parole gouvernementale… D’ailleurs, le président et le haut-commissaire, en déplacement aux Marquises le week-end dernier, ont été accueillis par un collectif de 300 personnes qui ont manifesté en silence leur indignation, en attendant non pas des promesses mais des actions concrètes.

Alors, cher papa Fritch, permettez-nous de vous adresser également cette lettre un peu en avance. Yvonne, 60 ans, s’est éteinte à l’hôpital de Taaone, puis le corps d’un quadragénaire sans vie a été découvert derrière la mairie de Papara. Ces deux décès de sans domicile fixe (SDF) survenus à quelques jours d’intervalle portent à au moins 9 le nombre de personnes en grande précarité et à la rue disparues depuis le début de l’année. C’est trop, beaucoup trop à l’échelle de notre territoire avec ses 280 000 habitants ! En Métropole, ce sont 303 morts qui ont été répertoriés sur une population de 67 millions d’âmes, ce qui est déjà inacceptable. Comme nous l’écrivions dans un précédent éditorial (lire TPM n° 406 du 3 mai 2019), après la vague de solidarité qui a déferlé suite à l’incendie de Notre-Dame de Paris : faut-il que la planète s’enflamme pour que nous lui venions en aide, ainsi qu’aux dizaines de milliers d’enfants, de SDF et de vieillards qui meurent chaque jour dans la plus grande indifférence ?

D’autant que ces regrettables disparitions coïncident avec le contexte tendu qui s’est instauré entre le gouvernement local et Père Christophe, depuis le discours officiel de M. Fritch devant les élus du Pays pour lequel il n’avait même pas pris la peine de se concerter avec les principaux concernés ! Le prêtre résident et vicaire coopérateur de la cathédrale de Papeete avait alors dénoncé “un coup médiatique, un coup politique !” (lire TPM n° 417 du 4 octobre). Dans un nouveau brûlot publié sur la page du centre d’accueil Te Vai-ete, le bienfaiteur des SDF à Tahiti n’y va pas avec le dos de la cuillère : “À quel jeu le Pays joue-t-il ? Davantage préoccupé par les conflits d’intérêts personnels, les querelles de pouvoir entre cabinets ministériels et la lâcheté de ceux qui peuvent y remédier… ego surdimensionné… le bien commun disparaît au profit des intérêts personnels ! Pendant ce temps-là, on meurt dans nos rues… Combien de morts faudra-t-il pour que les petits potentats qui gravitent dans les sphères du pouvoir soient mis à bas pour qu’être frères ne soit plus le privilège de quelques-uns ?” Rappelons encore une fois que Père Christophe est à la recherche d’un terrain pour offrir des conditions louables aux quelque 300 SDF qui errent dans le Grand Papeete, à savoir un repas, une douche et la possibilité de laver leur linge. Il a besoin de 150 millions de Fcfp avant le 23 décembre 2019, sinon il jettera l’éponge après vingt-cinq années de générosité inconditionnelle. Je rêve qu’en ces fêtes de la Toussaint et du Tūramara’a, nous puissions rendre à nos défunts, mais aussi à nos SDF, toute leur dignité !

Ensemble, faisons bouger les lignes !

Bonne lecture, te aroha ia rahi.

Dominique Schmitt