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Tatau i Moorea : un festival d’échanges et de partages pour honorer les anciens


Vendredi 7 Septembre 2018 - écrit par Luc Ollivier


Du 12 au 19 septembre sera organisé Tatau i Moorea, le premier festival de tatouage traditionnel à Moorea, au centre culturel Te Pu Atiti’a (baie de Cook). Des dizaines de tatoueurs venus de différentes régions comme l'île de Bornéo, Taïwan, le Japon ou encore d’Europe vont exercer leur art dans un cadre
exceptionnel qui a fait place à l’authentique. Les précurseurs du renouveau du tatouage polynésien que sont Chimé, Purotu ou Ronui seront mis à l’honneur.



Purotu et Gilles, tatoueurs et organisateurs 	de l'événement.
Purotu et Gilles, tatoueurs et organisateurs de l'événement.
Organiser un festival du tatouage en Polynésie, l’idée n’est pas nouvelle et d’autres s’y sont déjà essayés avec plus ou moins de réussite. Ce qui fait l’originalité de cet événement, c’est d’abord le site retenu sur l’île de Moorea. Un choix qui peut surprendre, loin du potentiel de visiteurs que peut représenter Tahiti, mais complètement assumé par les organisateurs. Il ne pouvait en être autrement dès lors qu’il était prévu de rendre hommage aux anciens tatoueurs, ceux à l’origine du renouveau il y a une trentaine d’années, originaires de cette île. Le centre culturel Te Pu Atiti’a, mis à disposition par Hinano Murphy, offre un écrin authentique avec ses constructions locales, loin du conformisme des tentes et chapiteaux que l’on retrouve habituellement dans ce type de manifestations. L’idée est aussi plaisante qu’originale et a certainement fini de convaincre les tatoueurs invités à participer, qu’ils soient étrangers ou non. Seul le manque de place pour stationner sera un handicap que les organisateurs espèrent contourner en proposant un système de navettes de bus qui trouve en prolongement avec les navettes maritimes pour celles et ceux qui ne manqueront pas de se déplacer depuis Tahiti. C’est en tout cas la moindre des gageures relevée par l’association Mana Tatau Maohi, créée spécialement pour l’occasion en novembre 2017, qui s’est attaquée à la construction de nouvelles structures traditionnelles afin d’accueillir tous les artistes inscrits, qu’ils soient tatoueurs bien sûr, mais aussi peintre, masseurs ou encore danseurs...

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Forum du Pacifique sur l’Île de la Honte

L'île-État de Nauru (Micronésie) serait-elle aujourd’hui à l’Australie, mais aussi au Pacifique, ce que fut en son temps Alcatraz à San Francisco ? La question pourrait prêter à sourire s’il ne s’agissait d’un véritable drame humain, qui semble être cautionné par tous les pays présents au 49e Forum du Pacifique, qui s’est tenu à Nauru du 3 au 6 septembre. Comment tous ces chefs d’États ou représentants de collectivités ont-ils pu accepter qu’un tel sommet se tienne sur une île asservie à la puissance financière du grand pays de la région ? Car nul ne peut ignorer l’existence du camp de rétention, qu’Amnesty International et 80 organisations non gouvernementales ont qualifié, dans un appel aux dirigeants du Pacifique, de "tache sur la région", selon l’AFP. Ce camp de rétention abrite 220 demandeurs d’asile, dont une dizaine d’enfants, qui ont tenté de rejoindre l’Australie par la mer et qui, en vertu d’une politique d’immigration draconienne, sont envoyés dans des infrastructures reculées du Pacifique, comme Nauru ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée. S’il n’est pas dans nos intentions de décrier la politique d’immigration de l’Australie, on ne peut que s’indigner des conditions de détention, rappelées dans un rapport de 2016 par le Comité des droits de l’enfant de l’ONU qui dénonçait des "traitements inhumains et dégradants" subis par les mineurs à Nauru, "y compris des violences physiques, psychologiques et sexuelles".
La cupidité des habitants de Nauru vis-à-vis de l’exploitation inconsidérée du phosphate a conduit à la ruine financière et écologique du pays. À ce passé peu glorieux, il faut maintenant ajouter l’enrichissement sur la détresse humaine. Les recettes publiques étant passées de 12 à 72 millions d’euros en 2015-2016.
L'un des thèmes de ce forum porte sur le réchauffement climatique et, par conséquent, sur les migrations de population qui en découleront si rien ne change. Quand on voit l’accueil qui est réservé aux migrants en Océanie, même qand la demande d’asile est jugée fondée, on peut s’interroger sur celui qui sera réservé à nos populations…
La Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, n’a pas exclu d’essayer de visiter le camp. On ose espérer que parmi les derniers membres inscrits au Forum, il y en est au moins un qui fasse entendre sa voix.

Bonne lecture et merci pour votre fidélité.

Luc Ollivier