Cette citation s’impose à l’esprit, à la lecture et l’écoute des tenants de l’existence d’un complot mondial visant à réduire de moitié la population terrestre. Parmi les fomentateurs figurerait “Big Pharma” et autres avides en dollars, yens, yuans, euros ou autres monnaies. Avides au point d’avoir fabriqué le virus... en même temps que son vaccin ! Et ce, en connivence avec tous les gouvernants de la planète et toutes les autorités scientifiques et médicales... Boudiou ! C’est tout ? Na’eiho ?
Mais non, mais non ! À tout bourreau de cette envergure, outre la masse indifférenciée des victimes que nous serions, il leur est essentiel d’offrir quelques victimes emblématiques sur le modèle christique : héros incompris, persécutés, preux chevaliers, blanches colombes ou blancs druides à potion magique interdite de prescription, distribution, etc.
Apparaissent ainsi des regroupements du genre sectaire où c’est à qui s’indigne le plus fort, vitupère avec le plus de virulence contre les responsables qui, devant une calamité inédite, improvisent, se trompent, font juste, font faux, redressent et maintiennent tant bien que mal le navire à flot. Qui sait si les plus braillards, s’ils étaient la barre, n’auraient pas sauté dans une chaloupe pour se mettre à l’abri ? Pour l’heure, les actuels nôtres, tout imparfaits qu’ils fussent, ne se sont pas défilé. Ce qui est quand même pas mal.
Parmi les accusateurs, le plus pathétique fut un prix Nobel de médecine, témoignant là que les cerveaux les plus brillants et les plus performants peuvent eux aussi défaillir. C’est dire s’il est essentiel de développer et promouvoir l’esprit critique et la vigilance y compris envers quelqu’un que l’on a admiré ou que l’on admire encore. Il en va de notre survie.
Une quasi-religion semble marquer la culture de bien des sociétés démocratiques de notre temps. L’on n’élit plus des personne pour nous gouverner, mais pour les transformer en punching-balls, en boucs émissaires... C’est comme s’il y avait une aspiration désespérée à vivre en dictature. Pour ne plus penser ni réfléchir. N’avoir qu’à dire : “Amen.” Quel confort ! Ce qui expliquerait cette étrange haine du savoir, de la connaissance, de la science. Autant de disciplines qui contraignent à penser et à ne pas rejeter sur autrui ses propres errements. C’est pourtant ce qui témoigne d’une âme.
Dans ces sectes d’un nouveau genre, les coups et insultes tiennent lieu de prières et d’actions de grâce. Les imprécations virulentes d’une qualité douteuse célèbrent les victimes. Or une victime a besoin d’un bourreau, alors on s’en fabrique dans un cercle vicieux tendance barge.
Le monde dans lequel ces croyants-là pensent vivre est plus effrayant que celui des Européens du Moyen-Âge persuadés que la Terre était plate avec à ses bords des abîmes où des animaux monstrueux les attendaient pour les déchiqueter avant de les dévorer.
Ces récits vociférés ou murmurés me ramènent aux histoires de tūpāpa’u de soirées de mon enfance. À l’avant de la maison, côté route, la famille réunie autour de la lampe à pétrole recevait des voyageurs ramenant de leurs périples des récits de requins gigantesques, dont l’aileron dorsal mesurait 4 brasses (sic). Ils racontaient la rencontre avec des esprits tentateurs aux pieds de bovins ne touchant pas le sol, d’âmes diaboliques guettant les téméraires profanant sciemment ou non des limites aux contours imprécis aux yeux de pauvres mortels y succombant inexorablement. Eux bien sûr y avaient échappé.
Vers la fin de ces angoissantes et passionnantes soirées, il me fallait parfois aller ranger mon vélo à l’arrière de la maison dans un espace non éclairé. Je pestais de ne l’avoir pas fait en plein jour. Mais ça ne servait à rien de regretter ma négligence. De toute manière, il me fallait mettre mon vélo à l’abri d’éventuels regards envieux. Oh ! Il n’avait rien d’extraordinaire ce vélo qui avait appartenu à ma mère, puis fut retapé comme neuf pour me permettre d’aller à l’école plus vite qu’à pied. Tremblante de peur, je n’osais avouer ma frousse ni demander d’être accompagnée. Tendue, j’avançais dans l’obscurité profonde, attentive à la moindre anomalie de ces lieux familiers où j’aurais pu avancer les yeux fermés, mais dont les récits des voyageurs venaient de me révéler leur potentialité à se transformer en théâtres et possessions sataniques. Une fois le vélo posé, je revenais en courant vers le cercle de lumière pour m’arrêter pile à la lisière du halo de clarté. J’y reprenais souffle, calmais mes tremblements, les frissons me parcourant l’échine et mes crispations du visage, avant d’avancer l’air décontracté vers le groupe rassurant et protecteur des membres de la famille et de nos visiteurs.
Circulent désormais des récits de terrifiants ogres aux bottes de sept lieues numériques ayant revêtu l’apparence de ce pourtant fort si sympathique et si génial Bill Gates. Propos relayés par des adeptes de plus en plus nombreux. Ça colporte des rumeurs les plus folles, des élucubrations où s’entremêlent malignement des choses vraies pour faire avaler du faux le plus absurde. Certains auront sans doute à rendre compte devant les tribunaux. Ils en seront outrés bien sûr. Mais d’avoir à payer certaines calomnies rend souvent plus intelligent.
Après les élucubrations les plus étranges, il est d’autant plus fascinant d’entendre des médecins, infirmiers, infirmières, aides-soignants et autres techniciens et collaborateurs aux rôles plus modestes narrer leur vécu. Point de trémolos outrés, ni de grandes phrases. Juste des mots simples pour tenter de partager une expérience vécue, leur désarroi devant les premiers cas de Covid-19 qui se sont présentés à eux, mettant à défaut leur science, leur expertise et leur métier.
Ils se sont trouvés devant une maladie inconnue qu’ils ne savaient pas soigner et qu’il fallait quand même soigner. Ils ne se sont pas enfuis en dénonçant les mauvais esprits des temps nouveaux. Tout en appelant au secours pour plus de moyens humains et matériels, ils ont continué à soigner.
C’est que durant des décennies, les gouvernements successifs ont réduit le nombre de professionnels à former, les locaux et moyens matériels. Des administratifs et comptables ont pris le pouvoir là où il était question de vie et de mort, de santé et de souffrance. L’excès de confiance dans les réels progrès de la médecine a fait négliger la menace d’épidémies. D’où la dramatique pénurie vécue dès les premiers flots de malades se déversant dans les hôpitaux submergés.
Humblement, les équipes soignantes et leurs aides ont relevé le défi, tâtonnant, guettant le moindre soulagement, testant à nouveau l’efficacité d’un geste, d’une posture, d’un médicament. Pleurant l’échec, tentant de nouveaux gestes, se réjouissant des guérisons. Exténués, il leur est arrivé de s’effondrer. Puis, une fois reposés, ils sont repartis à l’attaque des rouleaux ininterrompus de la vague charriant des patients, encore des patients, toujours plus de patients. Héros de notre temps, ils ont défié les dragons d’autant plus dangereux qu’ils sont ultramicroscopiques.
Sur les plateaux de télévision, on reconnaissait ces bagnards, ces forçats à ce regard singulier de qui a traversé l’indicible, le cauchemar absolu et en est ressorti autre, humble et marqué à jamais.
Les actuels gouvernants ont fait ce qu’ils ont pu avec l’héritage laissé par leurs prédécesseurs. Ils feront aussi ce qu’ils pourront quand après les maladies des corps, inéluctablement, il s’agira d’affronter les maladies du mental, de l’âme et de la psyché. Souffrances jusque-là inapparentes et libérées par la pandémie, les confinements, couvre-feux et toutes ces ruptures de rythme transformant le familier en étrangeté. Là aussi, il faudra pallier la pénurie de personnels, de moyens, de locaux, de matériels.
Qui sait si la logique essentiellement comptable privilégiée durant des décennies ne serait pas en réalité très déraisonnable ?
Ici, le pire nous fut épargné. Maintenons donc notre raison en éveil. Vigilante, elle nous aidera à éloigner les monstres attirés par des illuminés prêchant par exemple le jeûne indépendantiste associé à l’abandon des pratiques médicales issues de la recherche scientifique et relayées par la multiplication de crucifix exorcistes dans tous les lieux publics.
Ne laissons pas la raison s’ensommeiller.
Mais non, mais non ! À tout bourreau de cette envergure, outre la masse indifférenciée des victimes que nous serions, il leur est essentiel d’offrir quelques victimes emblématiques sur le modèle christique : héros incompris, persécutés, preux chevaliers, blanches colombes ou blancs druides à potion magique interdite de prescription, distribution, etc.
Apparaissent ainsi des regroupements du genre sectaire où c’est à qui s’indigne le plus fort, vitupère avec le plus de virulence contre les responsables qui, devant une calamité inédite, improvisent, se trompent, font juste, font faux, redressent et maintiennent tant bien que mal le navire à flot. Qui sait si les plus braillards, s’ils étaient la barre, n’auraient pas sauté dans une chaloupe pour se mettre à l’abri ? Pour l’heure, les actuels nôtres, tout imparfaits qu’ils fussent, ne se sont pas défilé. Ce qui est quand même pas mal.
Parmi les accusateurs, le plus pathétique fut un prix Nobel de médecine, témoignant là que les cerveaux les plus brillants et les plus performants peuvent eux aussi défaillir. C’est dire s’il est essentiel de développer et promouvoir l’esprit critique et la vigilance y compris envers quelqu’un que l’on a admiré ou que l’on admire encore. Il en va de notre survie.
Une quasi-religion semble marquer la culture de bien des sociétés démocratiques de notre temps. L’on n’élit plus des personne pour nous gouverner, mais pour les transformer en punching-balls, en boucs émissaires... C’est comme s’il y avait une aspiration désespérée à vivre en dictature. Pour ne plus penser ni réfléchir. N’avoir qu’à dire : “Amen.” Quel confort ! Ce qui expliquerait cette étrange haine du savoir, de la connaissance, de la science. Autant de disciplines qui contraignent à penser et à ne pas rejeter sur autrui ses propres errements. C’est pourtant ce qui témoigne d’une âme.
Dans ces sectes d’un nouveau genre, les coups et insultes tiennent lieu de prières et d’actions de grâce. Les imprécations virulentes d’une qualité douteuse célèbrent les victimes. Or une victime a besoin d’un bourreau, alors on s’en fabrique dans un cercle vicieux tendance barge.
Le monde dans lequel ces croyants-là pensent vivre est plus effrayant que celui des Européens du Moyen-Âge persuadés que la Terre était plate avec à ses bords des abîmes où des animaux monstrueux les attendaient pour les déchiqueter avant de les dévorer.
Ces récits vociférés ou murmurés me ramènent aux histoires de tūpāpa’u de soirées de mon enfance. À l’avant de la maison, côté route, la famille réunie autour de la lampe à pétrole recevait des voyageurs ramenant de leurs périples des récits de requins gigantesques, dont l’aileron dorsal mesurait 4 brasses (sic). Ils racontaient la rencontre avec des esprits tentateurs aux pieds de bovins ne touchant pas le sol, d’âmes diaboliques guettant les téméraires profanant sciemment ou non des limites aux contours imprécis aux yeux de pauvres mortels y succombant inexorablement. Eux bien sûr y avaient échappé.
Vers la fin de ces angoissantes et passionnantes soirées, il me fallait parfois aller ranger mon vélo à l’arrière de la maison dans un espace non éclairé. Je pestais de ne l’avoir pas fait en plein jour. Mais ça ne servait à rien de regretter ma négligence. De toute manière, il me fallait mettre mon vélo à l’abri d’éventuels regards envieux. Oh ! Il n’avait rien d’extraordinaire ce vélo qui avait appartenu à ma mère, puis fut retapé comme neuf pour me permettre d’aller à l’école plus vite qu’à pied. Tremblante de peur, je n’osais avouer ma frousse ni demander d’être accompagnée. Tendue, j’avançais dans l’obscurité profonde, attentive à la moindre anomalie de ces lieux familiers où j’aurais pu avancer les yeux fermés, mais dont les récits des voyageurs venaient de me révéler leur potentialité à se transformer en théâtres et possessions sataniques. Une fois le vélo posé, je revenais en courant vers le cercle de lumière pour m’arrêter pile à la lisière du halo de clarté. J’y reprenais souffle, calmais mes tremblements, les frissons me parcourant l’échine et mes crispations du visage, avant d’avancer l’air décontracté vers le groupe rassurant et protecteur des membres de la famille et de nos visiteurs.
Circulent désormais des récits de terrifiants ogres aux bottes de sept lieues numériques ayant revêtu l’apparence de ce pourtant fort si sympathique et si génial Bill Gates. Propos relayés par des adeptes de plus en plus nombreux. Ça colporte des rumeurs les plus folles, des élucubrations où s’entremêlent malignement des choses vraies pour faire avaler du faux le plus absurde. Certains auront sans doute à rendre compte devant les tribunaux. Ils en seront outrés bien sûr. Mais d’avoir à payer certaines calomnies rend souvent plus intelligent.
Après les élucubrations les plus étranges, il est d’autant plus fascinant d’entendre des médecins, infirmiers, infirmières, aides-soignants et autres techniciens et collaborateurs aux rôles plus modestes narrer leur vécu. Point de trémolos outrés, ni de grandes phrases. Juste des mots simples pour tenter de partager une expérience vécue, leur désarroi devant les premiers cas de Covid-19 qui se sont présentés à eux, mettant à défaut leur science, leur expertise et leur métier.
Ils se sont trouvés devant une maladie inconnue qu’ils ne savaient pas soigner et qu’il fallait quand même soigner. Ils ne se sont pas enfuis en dénonçant les mauvais esprits des temps nouveaux. Tout en appelant au secours pour plus de moyens humains et matériels, ils ont continué à soigner.
C’est que durant des décennies, les gouvernements successifs ont réduit le nombre de professionnels à former, les locaux et moyens matériels. Des administratifs et comptables ont pris le pouvoir là où il était question de vie et de mort, de santé et de souffrance. L’excès de confiance dans les réels progrès de la médecine a fait négliger la menace d’épidémies. D’où la dramatique pénurie vécue dès les premiers flots de malades se déversant dans les hôpitaux submergés.
Humblement, les équipes soignantes et leurs aides ont relevé le défi, tâtonnant, guettant le moindre soulagement, testant à nouveau l’efficacité d’un geste, d’une posture, d’un médicament. Pleurant l’échec, tentant de nouveaux gestes, se réjouissant des guérisons. Exténués, il leur est arrivé de s’effondrer. Puis, une fois reposés, ils sont repartis à l’attaque des rouleaux ininterrompus de la vague charriant des patients, encore des patients, toujours plus de patients. Héros de notre temps, ils ont défié les dragons d’autant plus dangereux qu’ils sont ultramicroscopiques.
Sur les plateaux de télévision, on reconnaissait ces bagnards, ces forçats à ce regard singulier de qui a traversé l’indicible, le cauchemar absolu et en est ressorti autre, humble et marqué à jamais.
Les actuels gouvernants ont fait ce qu’ils ont pu avec l’héritage laissé par leurs prédécesseurs. Ils feront aussi ce qu’ils pourront quand après les maladies des corps, inéluctablement, il s’agira d’affronter les maladies du mental, de l’âme et de la psyché. Souffrances jusque-là inapparentes et libérées par la pandémie, les confinements, couvre-feux et toutes ces ruptures de rythme transformant le familier en étrangeté. Là aussi, il faudra pallier la pénurie de personnels, de moyens, de locaux, de matériels.
Qui sait si la logique essentiellement comptable privilégiée durant des décennies ne serait pas en réalité très déraisonnable ?
Ici, le pire nous fut épargné. Maintenons donc notre raison en éveil. Vigilante, elle nous aidera à éloigner les monstres attirés par des illuminés prêchant par exemple le jeûne indépendantiste associé à l’abandon des pratiques médicales issues de la recherche scientifique et relayées par la multiplication de crucifix exorcistes dans tous les lieux publics.
Ne laissons pas la raison s’ensommeiller.