Menu

"Les voyageurs du Pacifique" font renaître Melville


Jeudi 25 Juillet 2019 - écrit par Ariitaimai Amary


Riccardo Pineri est le directeur de la collection "Les Voyageurs du Pacifique" de la maison d'édition 'Api Tahiti. Cette série a pour objet de remettre au jour des textes de "grands" auteurs et de les illustrer avec le travail de "grands" dessinateurs. C'est dans le continuum de cette ligne éditoriale que l'œuvre de Herman Melville, Taïpi, a été rééditée, illustrée par les dessins de Jacques Boullaire. L'occasion de mettre en lumière le dialogue entre un texte et un dessin
qui permet de donner un aperçu de ce qu'est la grandeur.



Les symboles graphiques utilisés pour les chapitres sont inspirés du patutiki (tatouage marquisien).
Les symboles graphiques utilisés pour les chapitres sont inspirés du patutiki (tatouage marquisien).
Pour Riccardo Pineri, l'adjectif "grand" n'est pas neutre. Selon lui, l'art a quelque chose à voir avec la grandeur. Est-il le manifeste de la grandeur de l'âme ? de la noblesse des sentiments ? ou de la noble volonté de ne pas tricher avec le réel ? Allez savoir. Pour lui, le paradigme de la grandeur à travers le prisme des voyageurs du Pacifique a des noms : William Somerset Maugham et Herman Melville. Ce sont d'ailleurs les deux auteurs qui illustrent cette thématique avec leurs œuvres Récits des mers du Sud et La lune et cent sous, et Taïpi. Ainsi, la collection associe des écrivains voyageurs et des artistes voyageurs à travers la qualité du verbe et la maîtrise de l'iconographie.
La réédition de Taïpi a donc permis à Riccardo Pineri de mettre en évidence le texte dans sa préface. Il explique que le défi du préfacier est de "jouer avec l'aujourd'hui et le temps du récit pour pouvoir opérer une médiation entre les deux". D'autres marques de fabrique labellisées 'Api Tahiti sont aussi visibles, notamment au niveau de la graphie. Jean-Luc Bodinier, directeur de la maison d'édition, a d'ailleurs attiré l'attention sur les symboles graphiques utilisés pour les chapitres. Il s'agit notamment de rappels de la culture marquisienne via les symboles du patutiki (tatouage marquisien)...

Pour lire l'intégralité de ce Dossier, commandez Tahiti Pacifique n° 412 en cliquant ICI


Dossiers | L'Actu | Culture | Edito | Abonnement | Numéros | Archives | Pacifique | Grandes plumes | La chronique d'Alex Du Prel




Une meilleure éducation pour une plus grande Justice

Une meilleure éducation pour une plus grande Justice
L’arrivée de Nicole Belloubet, la ministre de la Justice du gouvernement central, a marqué l’actualité des derniers jours. On imagine combien la garde des Sceaux a pu être gênée de devoir embrasser un président de la Polynésie tout sourire, mais fraîchement condamné pour “détournements de fonds publics”. Une situation plutôt cocasse, voire burlesque ! Aussi, à peine avait-elle foulé le sol du fenua que la ministre de la Justice assurait qu’elle n’avait pas donné de consigne au parquet pour poursuivre Oscar Temaru dans l’affaire Radio Tefana. Elle a ainsi affirmé, au micro de Radio 1 : “Je n’interviens jamais sur des affaires individuelles, c’est un principe. D’ailleurs, ce ne serait même pas envisageable autrement, ce n’est pas du tout quelque chose qui est imaginable. L’indépendance de la justice est une réalité. J’interviens auprès des procureurs pour donner des directions de politique générale : lutte contre les trafics de stupéfiants, contre les violences faites aux femmes, contre la criminalité organisée… mais jamais, jamais, dans des situations individuelles.” Nous voilà donc rassurés, car si elle avait dû se pencher sur tous les cas particuliers des politiques locaux inquiétés par la justice, il lui en aurait coûté bien plus que cinq jours de présence sur le territoire…
Lors de son passage protocolaire, dont l’objectif était, selon nos confrères de Tahiti Infos, de rencontrer “l’ensemble des magistrats, des personnels pénitentiaires, pour voir comment fonctionne le service public de la justice en Polynésie française”, Nicole Belloubet s’est rendue notamment aux Marquises, où elle a visité la prison de Taiohae et la section détachée de Nuku Hiva, avant d’aller à la rencontre des détenus de Tatutu et Nuutania. Elle a donc pu le constater par elle-même : si le centre pénitentiaire de Papeari est l’un des plus modernes de France, que dire de celui de Faa’a, dont le taux d’occupation dépasse 150 % ? Une telle surpopulation carcérale est indigne sur le plan humain, d’autant que la densité des prisonniers présents dans l’établissement a atteint 327,8 % au quartier maison d’arrêt et 215,3 % au quartier centre de détention en mai 2016 ! Afin de lutter également contre la vétusté des lieux, des travaux de rénovation ont enfin démarré, mais avec une lenteur indécente. Fort heureusement, l’État français a commencé en 2011 à indemniser plusieurs centaines de détenus et anciens détenus pour des conditions de détention “inhumaines ou dégradantes”. En outre, Mme Belloubet s’est engagée à construire, d’ici quatre à cinq ans, la cité judiciaire prévue sur le site de Vaiami et vouée à accueillir le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) et la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), et ce pour “desserrer la cour d’appel”. De son côté, M. Fritch a sauté sur l’occasion pour l’interpeller sur “une certaine urgence” à créer “un centre fermé pour jeunes délinquants”.
On gardera en mémoire cette image insolite des prisonniers de Tatutu offrant une rame sculptée à Madame la ministre. Mais ne l’oublions pas, “les galères font les galériens”, comme l’écrivait Victor Hugo dans Les Misérables. Une phrase à laquelle fait écho ce fait divers : ce père trentenaire avec deux enfants à sa charge, qui a volé l’année dernière 40 kilos de viande et nourri les SDF de Papeete. Ayant grandi auprès de parents alcooliques, cumulant une vingtaine de condamnations et ne sachant ni lire ni écrire, il est pourtant désireux d’une insertion professionnelle. Deux siècles plus tôt, Hugo suggérait déjà l’idée de remplacer la solde des bourreaux et gardiens de prison pour payer plus de maîtres d’école : l’éducation comme véritable remède au vice qui gangrène la société. Une évidence encore peu mise en pratique vu l’état déplorable de nos prisons et de nos écoles. Prévenir plutôt que guérir, éduquer plutôt que châtier. Tahiti Pacifique en est convaincu. C’est pourquoi nous avons à cœur de porter les voix des nouvelles générations avec notre nouvelle rubrique mensuelle “#Parole d’étudiant”. Vous le verrez, dans cette tribune, les jeunes ont, eux aussi, leurs pressions quotidiennes, et de bonnes idées pour agir et faire bouger les lignes !

Bonne lecture, te aroha ia rahi.

Dominique Schmitt