Menu

Référendum sur l’indépendance en Nouvelle-Calédonie : plus de 180 000 électeurs appelés aux urnes


Vendredi 2 Octobre 2020 - écrit par Dominique Schmitt


Il y aura près de 6 000 électeurs de plus qu’en 2018, dimanche, qui seront appelés à se prononcer sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Le scrutin se tiendra sous l’œil attentif de l’ONU et d’une cohorte d’experts venus de Métropole. Il est encore temps d’établir une procuration puisque cette année, il est possible de la transmettre par Internet.



Crédit photo : Thierry Perron/LNC
■ 180 340 électeurs
C’était le nombre de personnes inscrites en début de semaine sur la liste électorale spéciale du référendum. Mais ce nombre varie constamment et variera jusqu’à dimanche de quelques unités du fait des décès, des déménagements, mais aussi de la poursuite des inscriptions des jeunes majeurs qui auront 18 ans au plus tard le 3 octobre. Ce sont environ 6 000 électeurs de plus qu’en novembre 2018. Selon le haut-commissariat, 96 % de ces électeurs ont été inscrits d’office.

■ Procurations dématérialisées
C’est une des grandes différences par rapport à la consultation du 6 novembre 2018. Cette année, les procurations effectuées en Métropole ou à l’étranger n’ont pas nécessairement à être envoyées par la poste (il y avait eu de nombreux retards). Décision a donc été prise d’autoriser la transmission par smartphone ou par ordinateur du récépissé de procuration. Il faut toujours aller dans un commissariat de police, dans une gendarmerie ou dans un consulat de France pour remplir sa procuration et la faire valider. Mais ensuite, le document peut être envoyé en deux clics à son destinataire. Conséquence, les personnes résidant à l’extérieur ont jusqu’à la fin de la semaine pour effectuer une procuration. Seul impératif, être inscrit sur la liste électorale spéciale de la consultation, et adresser sa procuration à une personne qui l’est également et qui réside dans la même commune. Il n’empêche qu’il vaut mieux ne pas s’y prendre au dernier moment pour permettre aux mairies d’en vérifier la validité et la bonne destination.

■ Recours de dernière minute
Dimanche, le tribunal de première instance et ses sections détachées de Koné et de Lifou assureront une permanence pour traiter des recours de dernière minute émanant de personnes qui pensaient être inscrites et découvrent qu’elles ne le sont pas. Celles qui pensaient remplir les conditions pour être inscrites d’office (coutumiers et natifs) pourront s’adresser à la commission de contrôle. Les autres auront la faculté de s’adresser au juge de l’élection devant le tribunal.

■ Bureaux de vote, plus et plus petits
Il y a cette année, 304 bureaux de vote, dont dix bureaux délocalisés pour les habitants des îles vivant sur la Grande Terre. Il y avait 3 200 personnes inscrites dans ces bureaux en 2018. Cette année on est à près de 5 900 personnes. Ces bureaux seront à Rivière-Salée, dans le gymnase Ernest-Veyret et dans la salle de boxe Vincent-Kafoa située juste à côté. Plus de 300 bureaux, c’est plus qu’en novembre 2018 où il y en avait eu 284. Ce ne sont pas que les quelque 6 000 électeurs de plus qui justifient pareille augmentation. C’est aussi le constat qu’en 2018, certains bureaux de vote étaient sous-dimensionnés et provoquaient des files d’attente parfois dissuasives. Il y aura donc plus de nouveaux bureaux que de nouveaux lieux de vote. Certaines écoles vont accueillir jusqu’à cinq bureaux, ce qui demande bien sûr un important travail de préparation et de recrutement d’un nombre croissant d’assesseurs.

■ 248 délégués
Arrivés de Métropole, et passés par une quatorzaine à Nouméa, pas moins de 235 délégués de la commission de contrôle vont être répartis sur tout le territoire, en vue de l’organisation du référendum de dimanche. Se joignent à eux treize collègues, venus pour une part de Wallis-et-Futuna, et établis pour une autre part en Nouvelle-Calédonie. Soit en tout 248 délégués pour 241 lieux de vote. “Nous avons un dispositif de même ampleur qu’en 2018”, s’est félicité Francis Lamy, le président de la commission de contrôle et conseiller d’État. Dans l’effectif, cette année, une soixantaine de magistrats, la majorité étant des fonctionnaires de préfecture ou de ministère sélectionnés. Cet organe a pour mission de s’assurer de la sincérité et de la régularité de la consultation.

■ Douze experts de l’Onu sur le pont
À l’image du premier scrutin en 2018, les Nations unies vont déployer un panel d’experts électoraux dimanche. La mission de ces douze spécialistes est de suivre le référendum, puis de présenter, dans un deuxième temps, au secrétaire général des Nations unies un rapport sur le contexte et les aspects techniques de la consultation. “À la différence d’une mission d’observation électorale”, cette équipe d’experts de l’Onu “ne fera aucune déclaration publique, ni sur le processus, ni sur les résultats de cette consultation référendaire”, indique, dans une note, Tadjoudine Ali-Diabacté, chef du groupe, ancien enseignant-chercheur dans son pays d’origine le Togo, qui a participé pour le compte des Nations unies à des déplacements pour des élections en Algérie, aux États-Unis ou encore en Haïti.

Jean Castex veut réunir tous les acteurs au lendemain du scrutin

Arriver à Matignon après Manuel Valls et Édouard Philippe, deux chefs de gouvernement particulièrement impliqués dans le dossier calédonien, relevait forcément du challenge pour Jean Castex.
Et comme, de surcroît, le nouveau Premier ministre doit faire face depuis sa nomination à une crise sanitaire, économique et sociale d’une ampleur jamais vue, la greffe n’a jamais eu le temps de prendre.
L’histoire retiendra que c’est un parlementaire de l’opposition qui lui a donné l’occasion de revenir dans le jeu à l’occasion de la séance des questions au gouvernement qui s’est tenue mardi. Le locataire de Matignon a en effet été interpellé par le député LR de Charente-Maritime Didier Quentin, qui a regretté à l’approche du 4 octobre le fait de “ne pas avoir beaucoup entendu le président de la République et son gouvernement sur ce choix crucial pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie dans la République”.

Entre la rue Oudinot et l’Élysée

Pas sûr que le ton studieux adopté pour lui répondre par un Jean Castex lisant sa fiche ait rassuré ceux qui, à Nouméa comme à Paris, s’inquiètent de ne jamais l’avoir entendu évoquer le sujet calédonien. Après avoir rappelé “l’importance du scrutin” de dimanche, le Premier ministre a tenu à garantir l’impartialité de l’État dans le processus et à rappeler l’objectif à court terme de “permettre aux Calédoniens de voter librement et dans les meilleures conditions”. C’est à peu près tout ce que l’on peut retenir de cette courte intervention, qui a surtout conforté l’idée que le dossier calédonien se balade désormais entre la rue Oudinot et l’Élysée.
En politique ambitieux, le nouveau ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a saisi toute l’importance de la question calédonienne. Une approche déjà initiée à la faveur de ses déplacements en Calédonie avec Emmanuel Macron et Édouard Philippe et confirmée depuis sa prise de fonctions. Au ministère des Outre- mer, on est d’ailleurs parfaitement conscient que c’est “la dernière ligne droite de l’Accord de Nouméa” qui est désormais abordée.
Face à la polarisation des deux camps et à une campagne ressentie comme “plus dure et plus affirmée que la précédente”, on privilégie donc une approche pragmatique de la sortie de l’accord, qui s’appuiera avant tout sur les résultats du scrutin de dimanche.

Quelles conditions matérielles ?

C’est en fait plus sur la période de six mois qui s’ouvrira après la consultation, période pendant laquelle il sera impossible de convoquer un troisième vote, que semblent se focaliser le gouvernement comme le chef de l’État.
Emmanuel Macron, qui n’a pas évoqué la question calédonienne lors de son interview du 14 juillet mais dont la fin de mandat coïncidera avec celle de l’accord de Nouméa, prendra la parole dès dimanche. Jean Castex, lui, a assuré à la tribune de l’Assemblée nationale qu’il réunirait les acteurs politiques calédoniens “au lendemain de la consultation référendaire” pour reprendre un dialogue tripartite quasiment suspendu depuis le dernier Comité des signataires, en octobre 2019.
Reste à savoir dans quelles conditions matérielles, et surtout avec quel poids pour un chef de gouvernement resté jusqu’ici très éloigné du dossier.

Dossiers | L'Actu | Culture | Edito | Abonnement | Numéros | Archives | Pacifique | Grandes plumes | La chronique d'Alex Du Prel





Fritch fait pschitt

L’horrible réalité sanitaire que nous vivons est devenue insupportable, notre pays enregistrant désormais les pires statistiques à l’échelle mondiale. Les morts (plus d’un demi-millier de décès) se ramassent à la pelle, par dizaine, voire vingtaine, selon les jours. Les familles doivent enterrer elles-mêmes leurs défunts avec leurs propres moyens, le personnel de santé est à bout de souffle, les covidés s’asphyxient et les renforts sanitaires arrivent au compte-gouttes… Chacun d’entre nous retient sa respiration ! Mais nul ne parvient à trouver un ballon d’oxygène dans la gestion de la crise proposée par le président de la Polynésie française. Après “l’affaire du mariage”, ses propos déplacés envers les journalistes locaux (relayés et condamnés par la presse nationale), puis l’enterrement de son directeur de cabinet en grande pompe, voilà que “Doudou” s’en remet maintenant à Dieu en pleine hécatombe. Et de s’énerver de plus en plus ouvertement face à l’insistance des médias, qui exercent pourtant leur métier en demandant simplement des réponses à leurs interrogations. Au lieu de lancer des appels désespérés au jeûne, on aurait pu penser qu’il lancerait plus vite et plus fort des appels du pied pour obtenir de l’aide de l’État pour de nouveaux personnels soignants, et qu’il saisirait le problème de la santé à bras-le-corps en lançant plus tôt de vastes campagnes de lutte contre l’obésité, le diabète, l’alcoolisme et les maladies chroniques dont souffre plus de la moitié de notre population. Que nenni, il allume 500 bougies, saute son petit-déj’ et se tourne vers le Tout-Puissant. Ainsi, au cœur de la tempête, le capitaine Fritch fait… pschitt !

Une autre maladie est aussi à traiter en urgence : celle des fake news autour de la vaccination qui contaminent les réseaux sociaux, avec leur déferlement de violences dans un monde qui ne pourrait être autre que manichéen. Nous sommes tous libres de faire ce qui nous semble le mieux pour nous et ceux que nous aimons. Pour autant, si le sujet est aussi clivant, c’est parce qu’il nous force à positionner un curseur entre notre liberté individuelle et notre responsabilité collective. Nous consacrons une analyse économique de cette thématique intéressante dans un dossier à retrouver en pages intérieures (lire pp. 14-19).
Si la communauté scientifique s’accorde à dire que la vaccination est l’arme la plus efficace pour nous protéger et nous permettre de recouvrer notre liberté, les politiques devraient cependant tout faire pour éviter que la question de la vaccination ne soit discriminante et ne se transforme en ségrégation sociale. Or, l’obligation vaccinale que vient de sortir le Pays aux forceps pour imposer certaines professions à s’injecter les doses anti-Covid pourrait attiser les tensions et nous diviser. Que le gouvernement donne l’exemple ! Tous les élus ne sont pas vaccinés, y compris certains des plus hauts représentants du Pays. Coincé dans les cordes, Fritch s’est engagé à ce que la classe politique montre la voie à suivre ; on voudrait y croire, mais à TPM, on est comme Saint Thomas…

Retrouvons le chemin de la cohésion sociale, menons des actions durables et soyons solidaires. Toute la rédaction de Tahiti Pacifique se joint à moi pour soutenir les foyers endeuillés, fa’aitoito à tous ! Le Covid a touché aussi nos équipes, ce qui nous a contraints à publier votre magazine avec une semaine de retard, mais nous tenons à vous offrir, malgré la crise que traverse également la presse, toujours cette goutte de liberté dans l’océan. Celle-là, vous pouvez en prendre plusieurs doses sans crainte, elle est totalement inoffensive.
Dominique Schmitt

Ensemble, faisons bouger les lignes !

Bonne lecture, te aroha ia rahi.